
Avec ce documentaire de 53 minutes, les co-réalisateurs Xavier Fournier(au scénario) & Frédéric Ralière (au montage) proposent à la fois une rétrospective des comics nés en Afrique —par des artistes locaux ou européens— jusqu’à nos jours pour en explorer toute la diversité et la richesse selon les pays.
Ce tour d’horizon montre du Nigéria à l’Afrique du Sud —deux pays où se sont développés une culture comics très forte, on vous en parlait ici— en passant par le Zimbabwe des interviews de créateurices et de responsables éditoriaux qui reviennent sur l’histoire du super-héros en Afrique et donne des clefs pour mesurer l’importance de cette industrie aujourd’hui sur ce continent.
Le documentaire part d’un constat fait par Xavier Fournier à la sortie du premier film Black Panther où il souligne que « plusieurs reportages occidentaux m’ont fait un peu tiquer puisqu’on y expliquait que l’Afrique avait “enfin” son super-héros et ça me semblait passer totalement sous silence la production locale. »

L’une des intervenantes, Mohale Mashigo, rappelle aussi que « le Wankanda ce n’est pas l’Afrique » et que le film de Ryan Coogler aurait pu se dérouler n’importe où. Cette scénariste qui travaille actuellement sur le titre sud-africain Kwezi revient sur cette vision américaine en rappelant qu’il a existé d’autres héros africains.
L’écrivain Suyi Davies Okungbowa, souligne dans un article de 2020 qu’il y a « 3 types de production pour les histoires de (super)héros africains : par des non-Africains sur l’Afrique pour des lecteurs non africains (par exemple, Tarzan), par des non-Africains pour des Africains (par exemple, Powerman, Mighty Man), et par des Africains pour des Africains. »
Captain Africa, l’éphémère précurseur
Suyi Davies Okungbowa revient en détail dans son article sur l’importance de Captain Africa pour la production actuelle et en titrant le documentaire Les héritiers de Captain Africa, Xavier Fournier & Frédéric Ralière font ce lien en mettant en avant les artistes et les créations contemporaines en regard de cet héritage.

Captain Africa, du Ghanéen Andy Akman fait figure de marqueur et malgré une publication brève (autour de 15 numéros) à partir de 1987. Publié au Nigéria par l’éditeur African Comics Ltd., ce titre a ouvert la voie aux artistes africains, mais surtout une porte à l’international.
Aujourd’hui, les éditeurs nigérians Comic Republic Studio ou Epoch Comics Studios préparent des longs-métrages capables d’aller chercher un nouveau public à l’international et dans plusieurs pays des héros.ïnes ou équipes sont assez ancrées pour dépasser leurs pays de publication.
Le documentaire laisse aussi une grande place à Michel Bampély, sociologue de l’art, pour analyser et remettre en contexte les différentes prises de paroles et on a à l’écran des images tournées sur place ainsi que des extraits de comics ou de films pour venir illustrer les interviews.
En allant sur place et en interrogeant les éditeurices et artistes contemporains, Xavier Fournier & Frédéric Ralière nous proposent un aperçu de ces créations en regard d’une analyse sur leur portée et du volet historique. Je vous conseille vivement de jeter un oeil sur ce documentaire et après cet avant-goût de créativité, on ne peut qu’espérer y avoir accès en librairie ici aussi, dans les années à venir.
📺 À voir à partir du 26 mai 2025 sur Warner TV Next
💡 À lire aussi, l’interview de Xavier Fournier pour Super-héros et Cie, l’art des comics Marvel
Image principale ©comme une idée production