Les Anglo-saxons au XIXe siècle
L'utilitarisme anglo-saxon du XIXe siècle
Le XIXe siècle, en Angleterre, est surtout marqué par ce qu'on appelle l'utilitarisme. Il s'agit d'une doctrine philosophique qui place l'importance d'un acte, non plus en fonction de la raison de l'exécuter, mais bien en fonction des conséquences qu'il peut avoir. Il s'oppose fermement à la morale rationnelle et notamment à Kant. L'utilitarisme définit classiquement le bien-être par le bonheur. On peut résumer le cœur de la doctrine utilitariste par la phrase : Agis toujours de manière à ce qu'il en résulte la plus grande quantité de bonheur (principe du bonheur maximum). Il s'agit donc d'une morale eudémoniste, mais qui, à l'opposé de l'égoïsme, insiste sur le fait qu'il faut considérer le bien-être de tous et non le bien-être du seul agent acteur. Si l'on devait expliquer très simplement ce qui oppose les anglo-saxons à Kant, nous pourrions dire que les Anglo-saxons jugeraient que « toute vérité n'est pas bonne à dire » (on peut mentir pour préserver quelqu'un, physiquement ou psychologiquement) là où kant fait passer la vérité avant toute chose (on se doit de dire la vérité, même si celle-ci est particulièrement difficile à entendre, et même si cette vérité engendre les pires conséquences).
Bentham / Star-Lord : Il faut rechercher un plaisir et un but qui concordent le plus possible avec ceux des autres
Jeremy Bentham (1748)
Bentham est reconnu pour être l'un des fondateurs de l'utilitarisme. Il destinait cette pensée philosophique à l'organisation juridique et politique de son pays. Sa pensée par du principe suivant : On ne conçoit son intérêt que sous le rapport du plaisir et de la peine, on cherche sans cesse le plaisir, et particulièrement davantage de plaisir que de peine. Il s'agit donc de mener une existence qui vise le plaisir dans toute sa splendeur. Pour ce faire, il mettra en place un « système scientifique » afin de mesurer les « degrés » de plaisir d'une action, reposant sur les critères suivants : Durée (un plaisir durable est plus utile qu'un plaisir passager), Intensité (un plaisir intense vaut mieux qu'un « petit » plaisir), Certitude (il faut être sûr que le plaisir se réalisera), Proximité (un plaisir immédiat vaut mieux qu'un long cheminement), Étendue (il faut vivre un plaisir à plusieurs plutôt que seul), Fécondité (un plaisir se doit d'en entraîner d'autres dans la foulée), et la Pureté (un plaisir qui restera un plaisir, même après l'avoir vécu). L'action la plus morale (car apportant la meilleure qualité de plaisir pour tous) devenant celle qui réunit le plus grand nombre de critères. L'organisation de l'état se doit donc de produire des lois trouvant le juste équilibre entre le plaisir individuel (ou liberté) et le plaisir de la collectivité (ou sécurité). Le philosophe dira d'ailleurs que la nature de cet état ne peut être que démocratique, mais une démocratie élitiste. C'est ancré dans cette pensée positive que nous retrouvons ses plus grands combats, particulièrement modernes pour l'époque, comme la défense des homosexuels par exemple.
A retenir : Utilitariste, hédoniste, politicien
Star-Lord (Peter Quill)
Ce qui caractérise avant toute autre chose le personnage de Peter Quill (et c'est d'autant plus renforcé dans l'adaptation cinématographique des Gardiens de la galaxie), c'est son envie de faire le bien et d'aider les autres. Il n'est pourtant pas un modèle de vertu, et plusieurs de ses actions peuvent lui être reprochées (il tuera l'assassin de sa mère, un acte, donc, de pure vengeance, ou il « forcera » ses alliés à rejoindre les Gardiens à l'aide de Mantis). Et c'est en cela qu'il s'adapte parfaitement à la philosophie de l'utilitarisme, jugeant d'abord ses actes sur le bien fondé de leur conséquences (il tue dans le but d'honorer la mémoire de sa mère et oblige les gardiens à se constituer afin de préserver l'univers, dans les deux cas, les finalités sont vertueuses) et non plus sur l'aspect purement moraliste ou non de ses exécutions. Car, finalement, si l'on pèse le pour et le contre, Star-Lord a tout compris au système d'analyse du plaisir et de l'utilité d'un acte qu'avait inventé Bentham. Il se posera les bonnes questions et déterminera si un « petit » acte négatif peut se justifier si il engendre un « énorme » acte positif. On peut d'ailleurs voir dans la création des Gardiens de la galaxie une application très concrète du système du philosophe : La Durée dans sa volonté de créer une équipe « durable » (justement) en opposition à son passé de « nomade », l'Intensité dans l'ampleur des missions qu'il destine à son équipe (failles temporelles et guerres intergalactiques), la Certitude dans son choix d'user des pouvoirs de Mantis afin de créer l'équipe, la Proximité dans son choix de travailler avec des personnes qu'il connaît et qu'il a vues évoluer sur un champ de bataille, Étendue dans le simple fait qu'il conçoit parfaitement qu'il ne peut y arriver seul et par la formation même de l'équipe, la Fécondité dans l'intention qu'il a de sauver l'univers mais également de réhabilité des criminels notoires au sein de son équipe, et enfin la Pureté dans la constitution même de l'équipe, qu'il dissocie de toute organisation gouvernementale.
A retenir : Utilitariste, hédoniste, politicien
1 oeuvre significative : Les Gardiens de la galaxie - Héritage (Dan Abnett - Andy Lanning)

Stuart Mill / Sue Storm : Il faut trouver des personnes avec qui partager l'existence de manière épanouie et constructive
John Stuart Mill (1806)
Il sera l'un des penseur libéraux les plus influents de son siècle. Il se présentera en digne héritier de Bentham et poursuivra sa pensée utilitariste, tout en en proposant sa version personnelle. C'est à vingt ans qu'il vit un événement majeur, lorsqu'il tombe en dépression et qu'il commence à reconsidérer son éducation utilitariste. Il en vient à penser que cette éducation, si elle est parvenue à faire de lui une formidable « machine à penser », l'a également coupé de son moi profond et a presque tari en lui toute forme de sensibilité. Il va alors entreprendre une nouvelle philosophie où il désire concilier la rigueur scientifique avec l'expression des émotions, sorte de juste milieu entre la logique et le romantisme. La relation intense et passionnée qu'il vit avec sa femme, Harriet Taylor Mill, tant du point de vue sentimental qu’intellectuel, faisant du couple un représentant émouvant de la complicité entre l'homme et la femme. Il sera d'ailleurs, à posteriori, considéré comme l'un des tout premiers vrais féministes, défendant la femme et la considérant, de très loin, comme l'égale de l'homme, notamment sur le plan intellectuel et spirituel. En témoigne cette magnifique citation de Mill : « « Lorsque deux personnes partagent complètement leurs pensées et leurs spéculations, lorsqu'elles discutent entre elles, dans la vie de tous les jours, de tous les sujets qui ont un intérêt moral ou intellectuel, et qu'elles les explorent à une plus grande profondeur que celle que sondent d'habitude et par facilité les écrits destinés aux lecteurs moyens ; lorsqu'elles partent des mêmes principes, et arrivent à leurs conclusions par des voies suivies en commun, il est de peu d'intérêt, du point de vue de la question de l'originalité, de savoir lequel des deux tient la plume. [...] Ainsi, au sens large, non seulement durant nos années de vie maritale, mais encore durant les nombreuses années de complicité qui les précédèrent, toutes mes publications furent tout autant les œuvres de ma femme que les miennes...».
A retenir : Féministe, romantique, utilitariste
Sue Storm
Susan est l'archétype de la femme de super-héros dans la capacité qu'elle a à ramener son époux dans la vie réelle lorsqu'il s'en éloigne trop. Mais loin d'être un faire valoir ou une simple épouse au foyer, elle représente indéniablement l'humanité et la spiritualité qu'il manque à un scientifique comme Richards. En ce sens, elle représente très bien l'apport émotionnel qu'a entrepris Stuart Mill face à l'utilitarisme. On peut d'ailleurs y voir une métaphore de l'existence du philosophe en ce sens que Richards représenterait son éducation utilitariste et Sue sa recherche émotionnelle. Car il est certain que Sue Storm est l'archétype émotionnel Marvelien, d'abord par l'amour et la complicité qu'elle vit avec son mari (en effet, les quatre fantastiques seront très tôt considérés et usés comme le symbole de la famille unie) mais également par l'émotion qu'elle peut susciter chez les autres (notamment chez Namor qui tombera très vite amoureux d'elle). De plus, et ce malgré de nombreux conflits au fil des années, le couple tentera constamment de rester uni et fort face à l'adversité, devenant en quelque sorte une représentation parfaite de l'équilibre si particulier que peut apporté le mariage et l'amour de la bonne personne. Ensuite, comment ne pas voir, de manière symbolique, dans le pouvoir de Susan (l'invisibilité) cette capacité qu'à eu le philosophe de s’effacer devant le travail de son épouse lorsque cela était nécessaire afin de mieux en user par la suite, n'oubliant jamais de la mentionner. Enfin, en dehors de toutes ces considérations du couple et de ce qu'elles symbolisent dans le travail du philosophe, avouons que Sue Storm est l'archétype (l'un des premiers, dés les années 60) et la digne représentante de la femme forte et autonome, ce que n'aurait pas renier Stuart Mill en tant que précurseur du féminisme.
A retenir : Féministe, romantique, utilitariste
1 oeuvre significative : Fantastic Four - une solution pour tout (Jonathan Hickman)

Spencer / Iceberg : Il faut évoluer physiquement mais surtout socialement
Herbert Spencer (1820)
Connu comme l'un des principaux défenseurs de la théorie de l'évolution à une époque où elle était largement décriée, il ne sera pourtant jamais réellement estimé par son confrère Darwin. C'est notamment au philosophe que nous devons le terme d' « évolution », ainsi que l'expression « sélection des plus aptes ». Cette « sélection » élitiste, il l'étendra d'ailleurs à d'autres domaines tels la philosophie, la psychologie et la sociologie (dont il est reconnu comme l'un des fondateurs). Les deux notions (naturaliste et sociologique) sont d'ailleurs tellement semblables que sa théorie fût nommée, plus tard, « darwinisme social ». Il s'agit d'une doctrine politique qui postule que la lutte pour la vie entre les hommes est l'état naturel des relations sociales et qu'elle est, par la même, la source de tout progrès pour le genre humain. Pour ce faire, ses partisans optent pour la suppression des carcans sociaux, qui empêchent aux plus aptes de s'épanouir et aux plus faibles de leur laisser la place. Cette théorie évoluera très mal dans les esprit et se verra par la suite être la base de l'eugénisme. Afin de réhabilité Spencer, plusieurs spécialistes penchent aujourd'hui vers une réinterprétation plus « vertueuse » de sa pensée, notamment en interprétant le mot « aptes » plutôt par « moraux » ou « philanthropes » que par « puissant ».
A retenir : Evolutioniste, darwiniste, politicien, sociologue
Iceberg
Afin de vous parler de l'évolution Darwinienne, j'aurais pu choisir le mutant du même nom. Mais cela serra pour plus tard. De plus, je trouve qu'Iceberg sied davantage à la méthode « agressive » théorisée par Spencer. Non pas que Bobby soit agressif quant à l'utilisation de ses pouvoirs (ce serrait même plutôt l'inverse, nous y reviendrons) mais essentiellement par sa capacité à « muter » vers une forme mieux adaptée de manière ponctuelle dans sa vie. Ainsi, il commencera sa carrière comme un mutant ayant l’apparence d'un bonhomme de neige, et pour cause, il était effectivement recouvert de neige. C'est Cyclop qui l’incitera à passer au stade supérieur en lui faisant produire une glace plus solide, modifiant par la même son apparence physique. Ce qui est particulièrement intéressant chez Iceberg, c'est qu'on peut distinguer deux « interprétations » de l'évolution chez la même personne. Une interprétation très darwinienne tout d'abord, dans ses modifications physiques, adaptation pure à son milieu naturel, comme le voulait la théorie du biologiste, mais également un interprétation davantage psychologique et sociale, que l'on peut évidement liées au darwinisme social de Spencer. Dans cette deuxième catégorie, nous pouvons voir que Iceberg devient un contre-exemple des idées de Spencer. En effet, là où le philosophe poursuivait sa théorie sociale dans un rapport de force et d'aptitudes entre les hommes, désirant un retour à des lois davantage naturelles, Bobby possède une psychologie et un caractère sacrément opposé au darwinisme, préférant « fuir » ses problèmes plutôt que de les affronter (il souffre très tôt d'un complexe d'infériorité et ne parviendra que très tardivement à user de ses pleines capacités), refusant d'admettre ce qui semble pourtant certain : il peut devenir l'un des mutants les plus puissants au monde. Mais peut-être que ce n'est pas « l'aptitude » qui intéresse Bobby, mais simplement une adaptation plus seine pour lui-même et son entourage, retrouvant par la même la théorie originelle du scientifique et relativisant la théorie davantage agressive du philosophe. On peut donc non seulement voir en Iceberg un digne héritier du darwinisme traditionnel (dans ses pouvoirs) mais également une interprétation du darwinisme social de Spencer bien plus philosophique que ce qu'en faisait ce dernier.
A retenir : Evolutioniste, darwiniste, sociologue
1 oeuvre significative : Battle of the Atom (Brian Michael Bendis)

Sidgwick / She-Hulk : Il faut pratiquer l'universalisabilité de ses actions
Henry Sidgwick (1838)
Sidgwick adhère à l'utilitarisme de Stuart Mill mais y mettra quelques bémols, notamment en critiquant son penchant trop « égoïste » et « empiriste ». Il refondera l'utilitarisme sur trois grands principes : un principe d'universalisabilité (ce qui est bon pour soi doit l'être également pour quiconque se trouve dans la même situation), un principe de prudence rationnelle (on doit accorder la même importance au futur et au présent), et le principe de bienveillance rationnelle : le principe de base est bien celui de l'utilité pour le plus grand nombre. Sa carrière est particulièrement marquée par son ouverture d'esprit quant aux différentes disciplines existantes ainsi que par sa capacité à « expérimenter » toutes les pistes possibles. Parmi ses faits d'arme les plus nobles, nous pouvons citer la création de l'une des premières universités pour femmes d'Angleterre, institution dans laquelle il s'investit énormément, tant psychologiquement qu'économiquement. Mais son ouverture d'esprit fera aussi de lui un savant décrié, notamment lorsqu'il fondera la « Society for Psychical Research », une institution spécialisée dans la parapsychologie (étude de la clairvoyance, de la télépathie, etc.), discipline qu'il défendra en ces termes : « la preuve directe du prolongement de l'existence individuelle après la mort ne peut être dépourvue d'intérêt, ni d'un point de vue théologique, ni d'un point de vue éthique ».
A retenir : Féministe, humaniste, altruiste, universaliste
She-Hulk
Ce que j'aime chez She-Hulk, c'est qu'elle représente la femme forte dans toute sa splendeur ! Non contente d'être l'une des femmes les plus puissante physiquement du monde de Marvel, elle est parvenue à faire ce qu'aucun homme n'avait jamais réussi, à savoir posséder les capacités de Hulk tout en conservant ses facultés intellectuelles. Ajoutons à cela qu'elle mène une brillante carrière d'avocate en plus de sauver le monde et nous avons un personnage incarnant un certain idéal féministe. C'est d'ailleurs le premier rapprochement que nous pouvons faire entre l'héroïne et le philosophe, cette envie de défendre la femme et ses capacités intellectuelles, ce besoin de laisser les personnes, quel que soit leur genre, s'épanouir intellectuellement et existentiellement. Second rapprochement que l'on peut effectuer, c'est le pouvoir (si particulier) mais aussi l'existence que possède Jennifer Walters. En effet, il est très simple d'associer l'héroïne à la théorie utilitariste du philosophe, faisant de cette première une digne représentante de ce dernier dans le monde du comics. Premièrement, le principe d'universalisabilité du philosophe se retrouve dans la capacité qu'à la jeune femme de conserver ses capacités intellectuelles malgré les rayons gamma. En effet, elle use de son pouvoir de manière réfléchie et altruiste (En prenant garde que ses actions n'affecte pas négativement autrui), s'éloignant en cela de son cousin Banner et se rapprochant de Sidgwick. Deuxièmement, le principe de prudence rationnelle dans ses choix de mener des actions sur le long terme, pensant au présent, mais également à l'avenir (en témoigne la solidarité qu'elle aura envers son cousin, même lors des événements de World War Hulk). Enfin, le principe de bienveillance rationnelle dans son choix d'être avocate, qui, non seulement lui permet d'aider le plus grand nombre, mais également d'aider « tout le monde » si elle le désire (la justice est aveugle).
A retenir : Féministe, humaniste, altruiste, universaliste
1 oeuvre significative : Miss Hulk - A armes inégales (Dan Slott)

Russel / Câble : Il faut être logique face au monde et porter les valeurs morales de toutes ses forces
Bertrand Russel (1872)
Russel est considéré comme l'un des plus importants philosophes du XXe siècle. Sa pensée peut être appréhendée par trois axes distincts : La logique, La morale et La Science. Il abordera la logique sous sa discipline de prédilection, à savoir les mathématiques. Il tentera toute sa vie d'allier le fondement des mathématiques et l'arithmétique à la logique philosophique. Il abordera la morale à travers l'engagement social, notamment en écrivant des ouvrages qu'il voulait simples et accessibles, partageant ainsi sa conception rationaliste et œuvrant dans une optique de paix et d'amour, dans la plus pure tradition éthique. Enfin, il défendra l'idée d'une philosophie scientifique, et proposera d'appliquer l'analyse scientifique à des problèmes traditionnels de l'Homme comme l'analyse de l'esprit et la matière (problématique du corps-esprit), le principe de la connaissance (le monde des idées et de l'esprit) ou l'existence du monde extérieur (matérialisme, cartésianisme...). Il est connu, reconnu et soutenu par le monde contemporain pour s'être engagé courageusement dans de nombreuses polémiques (on le qualifiera de Voltaire anglais). Il défendra ainsi des idées socialistes et libertaires dans la politique, et sera extrêmement hostile à toute forme de religions, les considérant comme « des systèmes de cruauté inspirés par la peur et l'ignorance ».
A retenir : mathématicien, moraliste, pacifiste, altruiste, vertueux
Cable
Il y a deux choses qui m'ont particulièrement interpellées chez Câble lorsque j'ai lu sa biographie, et ses deux choses peuvent être mises en lien direct avec la pensée de Russel. Tout d'abord, c'est l'aspect « technologique » du héros qui fait de lui ce qu'il est (Il sera infecté par un technovirus dés sa plus tendre enfance, événement qui le définira tout au long de son existence), ce qui peut être rattaché à l'approche très mathématique du monde que fera Russel tout au long de sa carrière. Avouons qu'entre les mathématiques et les ordinateurs, il n'y a qu'un pas. Câble étant un mutant usant de capacités cyborg afin d'évoluer dans la vie là où le philosophe usait de ses prédispositions en mathématique afin d'avancer dans l'existence. Mais ce qui ressort finalement dans l’œuvre du philosophe aujourd'hui, ce sont ses engagements éthiques, qui furent le cœur même de son existence. Et c'est également là que le héros cybernétique trouve un échos dans la capacité qu'il possède à sans cesse vouloir le bien d'autrui sans forcément avoir eu d'exemple concret (en effet, Câble sera très tôt confronté à la guerre, la trahison, la manipulation et la violence). Son existence était déjà toute tracées lorsque Rachel Summers eu la bonne idée de lui accorder douze années d'éducations auprès de ses parents dans un futur alternatif, redéfinissant complètement le destin de Câble. On peut évidemment y voir de visu toute l'importance qu'accordait Russel à l'amour et la paix (une optique qui peut paraître banale et facile mais qui prend tout son sens lorsque l'on jette un œil sur l'existence d'un mutant comme Câble). Il sera dés lors un mutant usant intelligemment de ses pouvoirs « technologiques » (en témoigne l'île de Providence), s’efforçant d'être vertueux (pour preuve ses choix lors de Civil War ou la protection qu'il offre à Hope), faisant de lui l'un des plus nobles et des plus forts représentant des valeurs portées par Russel.
A retenir : mathématicien, moraliste, pacifiste, altruiste, vertueux
1 oeuvre significative : Le complexe du Messie (Ed Brubaker)

Popper / Red Robin : Il faut parvenir à distinguer les choses primordiales des choses secondaires
Karl Popper (1902)
Popper est surtout connu comme l'un des grands philosophes des sciences. Il sera le premier à remettre en doute le principe de l'induction, jugeant qu'il ne sert à rien si ce n'est à user du principe à l'infini (il n y aura jamais assez d'exemples pour induire une théorie au point d'en faire une théorie prouvée). Il dira d'ailleurs que l'induction est « un mythe » dans l'élaboration de toute connaissance objective, et que le passage à un autre mode d'évaluation des théories s'avère nécessaire. C'est dés lors que le problème de la « démarcation » se pose, car il faut distinguer précisément ce qui est de l'ordre de la science et ce qui est de l'ordre de la métaphysique. Cette théorie le distingue de nombre de ses contemporains car ces derniers voulaient supprimer complètement la métaphysique alors que Popper défendait l'idée que toute science nécessite, à ses débuts, dans ses engagements ontologiques, des énoncés métaphysiques, lesquels doivent être, soit éliminés « progressivement », soit transformés en énoncés testables. C'est de cette réflexion que naîtra la méthode scientifiques la plus prisées aujourd'hui, à savoir qu'il ne faut pas tenter de prouver une théorie pour la vérifier (car un exemple ne pourra jamais être une preuve), mais bien tenter sans relâche de réfuter cette théorie jusqu'à élimination totale de doutes. Concrètement, un homme qui voit passer dix cygnes blancs ne doit pas en conclure que tous les cygnes sont blancs ni même rechercher tous les cygnes de la terre pour vérifier s'ils sont blanc, mais bien rechercher sans relâche un cygne noir jusqu'à ne pas en trouver du tout. C'est dés lors cette démarche de réfutation qui permet de distinguer la science de la métaphysique. Cette méthode est évidemment applicable à nos questionnements existentiels et éthiques, et le philosophe n'y manquera pas aux détours de nombreux écrits.
A retenir : Scientifique, empiriste, théoricien
Red Robin
Pour aborder la méthode scientifique, nous avions le mentor, Batman, maître de la logique (lui même associé à Parménide, mentor de tous les logiciens), et afin d'aborder Popper, digne héritier du philosophe antique, il nous fallait le Robin qui fut le meilleur héritier de Batman en terme de logique et de déduction. Tim Drake, alias Red Robin, fût avant tout simple Robin, prenant la suite de Jason Todd. Comme Popper poussera la méthode scientifique dans ses derniers retranchement (la distinguant de la métaphysique comme jamais auparavant), Tim poussera le rôle de Robin au plus loin. Ne serait-ce que par la justification de son rôle en tant que Robin, Tim possède certaines forces que les autres n'avaient pas. Ainsi, il est important de rappeler que Dick deviendra Robin par désir de vengeance, que Jason le deviendra pour ne pas devenir quelque chose de pire, mais c'est bel et bien Tim qui comprendra très vite l'importance de Robin dans la vie du détective et qui parviendra à « induire » cette théorie du Side-Kick à travers différents exemples (Il comprendra très vite que Robin est avant tout un compagnon qui empêche Batman de sombrer dans ses tourments, théorie qu'il exposera d'ailleurs à Grayson). C'est cette capacité incomparable de compréhension, proche de la méthode scientifique théorisée par Popper, qui rapproche le jeune héros du philosophe. En conclusion, nous pouvons voir chez Tim Drake un certain principe de « réfutation » du rôle de Robin, à savoir qu'il éliminera les raisons « superficielles » (être un justicier, se venger, faire le bien...) afin de percer pour la première fois la vraie raison d'être le Side-Kick de Batman (la préservation même du mentor). On peut dés lors voir Red Robin comme le premier Robin ayant su user de la « démarcation » entre la vraie raison d'être Robin et les raisons secondaires (on peut y voir une métaphore de la démarcation entre « vraie » science et métaphysique chère au philosophe), conservant, comme Popper, les raisons secondaires comme base et moteur de la discipline.
A retenir : Scientifique, empiriste, théoricien
1 oeuvre significative : Batman - Un deuil dans la famille (New Titans #60-61) (Jim Starlin - Marv Wolfman)

Bentham / Star-Lord
Ma liberté s'arrête-t-elle là où comence celle d'autrui ?
Un plaisir non partagé est-il un plaisir ?
Peut-on parler de plaisir si ce dernier apporte le malheur à autrui ?
Vaut-il mieux empiéter sur la liberté pour davantage de sécurité ou l'inverse ?
Stuart Mill / Sue Storm
Y'a-t-il plus d'idées dans deux tête que dans une ?
L'homme et la femme sont-ils unis par leurs différences ou leurs similitudes ?
L'existence peut-elle être vécue sans émotions ?
Chaque aspect de l'existence doit-il être util ?
Spencer / Iceberg
L'évolution signifie-t-elle l'amélioration ?
Les rapports sociaux sont-ils en réalité une lutte pour l'existence ?
L'évolution de la société définit-elle l'évolution de l'homme ?
L'évolution de l'homme influence-t-elle l'évolution des sociétés ?
Sidgwick / She-Hulk
L'existence d'un Homme s'arrête-t-elle après sa mort ?
Faut-il d'abord penser au bien d'autrui ou au sien propre ?
Serait-il possible de faire le bien pour l'ensemble des Hommes ?
Un bonheur total est-il possible ?
Russel / Câble
Les mathématiques sont-elle une réponse à l'existence ?
La science est-elle dénuée d'émotion ?
Notre éducation définit-elle notre existence ?
A quel moment de notre existece définissons-nous nos valeurs ?
Popper / Red Robin
Comment peut-on distinguer les certitudes des hypothèses ?
Toute théorie peut-elle être prouvée ? Comment prouver quelque chose ?
La science peut-elle prouver ses théorie ? Est-elle irréfutable ?
Faut-il rechercher la vérité pour réfuter le mensonge ou rechercher le mensonge afin de prouver la vérité ?






