Age of Ultron, la critique

Avec la sortie dans les salles obscures d'Avengers : Age of Ultron, c'est tout logiquement que Panini Comics ressort en Marvel Deluxe (nouvelle formule, toujours très chiche en bonus) l'event de 2013 qui porte le même nom. Même si l'histoire est totalement différente, on y retrouve l'intelligence artificielle psychopathe dans son médium d'origine.

"Ultron est de retour."

Age of Ultron aura été semblable à un development hell pour Brian M. Bendis. Alors qu'il l'annonce en filigrane dans les pages d'Avengers dès 2010, pensant pouvoir le sortir dans le courant de l'année, il va lui falloir trois années d'attente pour voir débarquer le premier numéro dans les comics shops. Bryan Hitch prend beaucoup trop de temps sur ses planches, il est absorbé par ses projets parallèles, que ce soit les comics qu'il réalise avec Jonathan Ross ou son travail sur la série Doctor Who. Si bien qu'il faut progressivement refaire le scénario pour coller à la nouvelle continuité, réviser ce qui ne marche plus. Finalement Marvel perd patience, en fait un event secondaire et confie la seconde moitié de l'histoire à deux nouveaux dessinateurs (qui ont au moins le mérite d'être de très bons artistes), Carlos Pacheco et Brandon Peterson.

S'il l'on présente les conditions d'élaboration de cette série, c'est qu'elles auront un impact significatif sur sa qualité. Bendis nous présente le retour d'Ultron qui a remporté la bataille contre le genre humain en seulement quelques jours (du moins, c'est ce que l'on devine, la temporalité de ce titre étant très fluctuante). C'est un univers post-apocalyptique que le scénariste sert comme décor à cette histoire dans laquelle figurent un grand nombre d'Avengers mais aussi quelques mutants et autres personnages de l'univers Marvel. Un parti-pris angoissant et sombre qui fonctionne à plein régime durant la première moitié de l'histoire où l'on voit les héros complétement dépassés et qui laissent sortir leur côté sombre. Bendis saisit bien la personnalité de ses personnages et s'amuse à imaginer comment ils réagiraient dans une situation à première vue désespérée.

"Honte sur vous pour avoir abandonné."

Le problème de cette série ce situe bien une fois que l'on passe la seconde partie. Là où Bendis s'attachait à développait les relations entre ses personnages, présentait un monde nouveau et cohérent, s'attachant fortement à la dimension intimiste de celui-ci, il va accélérer le propos de façon critique. Ainsi, comme s'il bâclait son récit, il ne se soucie plus des problèmes de cohérence, arrête sans aucune raison de développer des intrigues secondaires, remise au second plan des personnages jusque-là importanst dans le scénario et ressert de plus en plus son casting, se facilitant grandement la tâche. Même dans le récit, alors qu'il s'était ouvert deux portes à explorer avec ses histoires de voyages dans le temps, il en délaisse une sciemment pour développer la moins exigeante et peut-être même la moins passionnante.

En forme d'aveu, il laisse Marvel se servir de son event pour introduire un nouveau personnage de façon tout à fait factice, alors qu'elle n'a aucun rapport avec le reste de l'histoire et qu'elle débarque comme un cheveu sur le scénario en toute fin de série. D'ailleurs, le scénariste lui-même ne défendra pas énormément cet event à l'époque, préférant mettre en avant l'excellent Daredevil : End of Days. On aurait pu se rattraper avec les dessins, mais Bryan Hitch n'a pas du tout mis à contribution le temps qu'il a mis à faire ses planches, nous l'avons connu beaucoup (vraiment beaucoup) plus en forme, sur Ultimates par exemple.

Age of Ultron est un récit frustrant, qui contient beaucoup de bonnes idées avec une première moitié qui se tient. Pourtant, il se saborde lui-même en cédant à une facilité déconcertante et en laissant Marvel s'introduire dans le récit pour des ajouts qui auraient sans doute eu plus de sens s'ils avaient été faits ailleurs.