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Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 19/06/2015
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par Republ33k - le 19/06/2015

Fiction Squad, la critique

Seconde série à prendre racine dans le génial univers de Bois-des-Contes, Fiction Squad voit Paul Jenkins explorer avec beaucoup d'humour méta le monde qu'il a créé avec Fairy Quest. Et c'est réussi.

Pour peu que vous soyez un junkie de l'imaginaire comme nous, vous prendrez immédiatement en main cet album, premier tome d'une série à paraître chez Glénat. Que vous ayez lu ou non Fairy Quest, d'ailleurs, car si ce n'était pas mon cas, je n'ai eu aucun mal à me plonger dans cet univers. Qui est tout de même très particulier, précisons-le.

Bois-des-Contes, c'est en effet une sorte de continent dont les pays ne sont autres que des genres ou des types d'histoires. On y trouve donc bien des royaumes, comme celui du Fantastique, un autre pour les Poèmes,  un petite contrée pour les Plaisanteries, et un beau pays pour les Histoires pour Enfants, où se déroulera notre action.

Vous aurez donc compris le titre de Fiction Squad, qui met en scène une équipe de policiers chargés d'enquêter sur de drôles d'affaires impliquant des personnages de fiction divers et variés, comme Alice (celle du Pays des Merveilles) par exemple. Mais dans cette histoire, nous suivrons surtout Franckie Mack, muté du Royaume des Polars à la ville de Rimes, petite bourgade où les habitants vivent a priori en paix. A priori seulement, car dans l'ombre, les Sorcières et les Reines se livrent une guerre de gangs sans pitié.

Une guerre qui vous permet instinctivement de mettre le doigt sur ce qui fera le sel de Fiction Squad : un décalage permanent entre ce qui est dit, et ce qui est montré. D'un côté, nous avons un scénario de Paul Jenkins qui met en scène un détective pris dans une violence urbaine sans pitié, et de l'autre, les dessins et les personnages de Ramon Bachs,  tout droit sortis d'œuvres tout à fait innocentes.

Et si de prime abord, ce mélange pourrait nous sortir de la lecture, il nous entraîne au contraire dans les rues de Rimes et leurs mystères, notamment grâce aux excellentes trouvailles de Paul Jenkins. Pinocchio - pas nommé come tel, mais peu importe - devient ainsi un indic' de la police, ne pouvant pas mentir sans être repéré, par exemple. Un cocktail explosif qui fait donc mouche à tous les coups ou presque, puisque que quelques bémols subsistent, notamment l'hypersexualisation des personnages féminins au beau milieu d'un monde de conte de fées classique. Un poil étrange.

Les dessins de Ramon Bachs ne valent d'ailleurs pas ceux de Humberto Ramos sur la série principale Fairy Quest. Certes, les deux auteurs partagent le même style qu'on aime appeler "american manga", mais Bachs livre globalement des personnages moins attachants que son collègue. Les planches restent très jolies et fourmillent d'ailleurs souvent de détails - à quelques effets de flous malvenus près - mais l'approche graphique est un petit peu décevante si on la compare à la promesse de cet album : mettre en scène tous les personnages de fiction dans un seul univers.

Seulement, on se rattrape à merveille avec les nombreux niveaux de lecture du scénario. Car en détaillant ce monde fait de plusieurs couches de fictions, Paul Jenkins s'approprie le style de tous les genres convoqués, et notamment le polar - étant donné le personnage principal - dont il comprend tous les méchanismes. Monologue intérieur et punchlines inspirées sont donc au programme, pour notre plus grand plaisir.

Un peu décevant visuellement, tout en restant agréable à l'œil pour les amateurs du manga à l'américaine, Fiction Squad est avant tout une lecture dopée à l'humour et la réflexion métas, qui cache une enquête plutôt intriguante. On a hâte d'en voir plus.

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