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Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 18/11/2015
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par Republ33k - le 18/11/2015

Sex & Violence - tome 1, la critique

Tout est dans le titre. Nouveau recueil centré sur les auteurs Jimmy Palmiotti et Justin Gray proposé par Glénat Comics, Sex & Violence n'y va pas par quatre chemins et vous propose, en cinq histoires, d'explorer toute la noirceur de l'humain.

Car ne vous faites pas avoir par le titre et la couverture un tantinet racoleurs, l'idée derrière cet album - anthologie financée par Kickstarter, à l'origine - est bien de susciter le dégoût chez le lecteur. Violence et luxure ont leurs bienfaits cathartiques, c'est certain, mais les auteurs chercheront ici à choquer, avant toute chose. Les histoires que renferme ce recueil sont donc à réserver à un public averti certes, mais aussi au cœur bien accroché.

Ceci étant rappelé : il y a dans les histoires les plus dégoûtantes, au sens propre, une forme de richesse. On peut le voir du côté du cinéma coréen et de son classique Old Boy, par exemple. Mais revenons à nos moutons, et à nos cinq histoires, que je dois, recueil oblige, traiter une à une.

On commence avec Portland Oregon. Une histoire co-signée par Palmiotti et Gray, qui sera dessinée par Jimmy Broxton. Un choix inspiré tant le trait de l'artiste  - qui rappelle celui d'un certain Francesco Francavilla - colle à l'ambiance développée par les deux scénaristes. En l'occurrence, nous avons ici affaire à un Rape & Revenge pur et dur. Crade, presque sordide, et tout à fait bourrine dans son approche, l'intrigue est exercice de style qui ne s'écarte jamais de la recette du genre. Les puristes et ceux qui aiment plonger dans de pareilles histoires apprécieront, les autres ne seront qu'au début de leur calvaire. Pas original pour un sou, mais très maîtrisé, dans son style, Portland Oregon vous prépare tranquillement au contenu de l'album.

On enchaîne avec Girl in a Storm, toujours signé par le duo d'auteurs, ici accompagnés de Juan Santacruz au dessin. Sans doute l'histoire la moins inspirée de cet album. Jouant sur le voyeurisme et la fascination presque morbide d'une femme-flic pour ses voisines lesbiennes, l'intrigue sent bon les fantasmes vulgaires tout droit venus des Etats-Unis d'amérique. Rien de très subtil et hélas, et encore moins d'original, puisque le happy-end assez forcé de cette histoire courte donne une vrai superficialité à l'ensemble. Une formule très industrielle, tant dans les dessins que la narration, qui finit par nuire à l'aspect irrévérencieux de cette histoire. Dommage.

En guise de nuance, on découvre Daddy Issues. Là aussi, tout est dans le titre, et cette histoire, plus courte encore, peut compter sur plus de punch et un mélange de sexe et de violence pour une fois presque amusant. Une plongée, par Palmiotti en solo, accompagné de Romina Moranelli au dessin, dans l'amérique bien crasse, si crasse qu'on en rit, jaune certes, mais l'histoire prend bel et bien la forme d'une respiration au sein de cet album assez lourd à digérer.

On poursuit avec Red Dog Army, qui donne plus dans la violence que dans le sexe, qu'il remplace par un contexte historique. On suivra ici un dresseur de chiens en pleine seconde guerre mondiale, lorsque les russes tentent de transformer les canidés en armes anti-char. Sordide, comme toujours, l'histoire est signée par Justin Gray, et s'impose comme un spin-off assez bienvenu pour l'ensemble. Il faut dire que l'histoire peut compter sur le trait hyper fouillé et très organique de Rafa Garres, qui nous offre une histoire plutôt touchante, quoi qu'un peu gâchée par une fin abrupte.

La conclusion est donnée par Filter, de Palimotti et Vanesa R.Del Rey (dessinatrice qui commence à se tailler un très joli nom dans le monde du comics), qui sera sans doute la plus accomplie des histoires du recueil. Parfaite synthèse de la promesse "Sex & Violence"  l'intrigue retrace le parcours d'un psychopathe, dans une introspection qui fait un usage particulièrement incisif du monologue intérieur. Un scénario qui mettra vos nerfs à l'épreuve, et qui est sublimé par le trait de Del Rey, qui parvient à synthétiser des années de fascination pour le crime à l'américaine. On retrouvera cet aspect de son art dans Hit très bientôt.

C'est un album très inégal que nous propose à nouveau Glénat. Après Denver & Other Stories, on comprend l'idée de rendre hommage aux scénaristes Justin Gray et Jimmy Palmiotti, mais force est de constater que tout n'est pas à garder dans leurs prolofiques carrières. Et malgré sa proposition plutôt explicite, le recueil n'arrive pas à faire tenir correctement ces cinq histoires entre-elles. Reste deux ou trois récits marquants et une maîtrise du genre incontestable, qui devrait satisfaire les initiés.

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