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par Thomas Mourier - le 29/09/2021
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par Thomas Mourier - le 29/09/2021

Disparition de Takao Saitō, le créateur de Golgo 13 l’une des plus longue série en activité

Très très triste nouvelle, l’un des fondateurs du courant Gekiga, l’immense Takao Saitō est décédé le 24 septembre 2021 à l’âge de 84 ans.

Si vous ne connaissez pas Golgo 13 sachez que James Bond a un équivalent japonais, encore plus efficace et mystérieux à la différence près, qu’il est tueur à gages. Golgo 13 est l’une des séries les plus anciennes encore en cours de publication, et son créateur, Takao Saitō, a très vite instauré le travail en studio pour produire ses œuvres qui ont un statut un peu à part dans l’industrie du manga. 

L’auteur était, avec Yoshihiro Tatsumi, l’un des fondateurs du courant Gekiga, qui ont voulu s’éloigner du manga d’aventure « à la Tezuka » en proposant des histoires plus réalistes et liées à des thèmes de société. Et tout l’univers de Golgo 13 s’efforce d’être le plus crédible possible et le plus documenté sur les pays, événements ou personnalités mis en scène. Tous les milieux sont évoqués, des yakuzas aux familles princières, des milieux populaires aux multinationales, des paysans aux espions, des prostituées aux terroristes… Bien sûr, l’habileté et les exploits de Togo sont irréalistes, mais tout le cadre autour a fait l’objet d’une grande attention et d’une documentation détaillée. 

Autre particularité, il travaillait en studio et embauche des confrères mangakas ou des écrivains chez Saito Production pour l’aider à réaliser ses histoires. Une méthode qui lui permet d’aborder des sujets très complexes ou référencés en cumulant les records : elle sera bientôt la plus longue série publiée, fait partie du top 5 des mangas les plus vendus au monde (la 1ère dans la catégorie seinen) et est la plus vieille série encore en cours de publication, depuis 1968.

Le style graphique de Takao Saitō a évolué depuis ses débuts où il adaptait les romans de Ian Fleming avant de créer son James Bond inversé. Le trait est anguleux et oscille en permanence entre l’ultra-réalisme des objets & des décors et le semi-réalisme (voir la caricature) des personnages. Le manga a gardé son style années 70 qui aujourd’hui lui donne un vernis vintage, dans la veine des grandes séries de son époque comme Lone wolf and cub, Gen d’Hiroshima ou Ashita no Joe. Malgré le genre polar, espionnage et hard boiled auquel appartient le manga, il y a peu de scène d’action. Le découpage et la mise en scène nous tiennent en haleine sur les mystères de la nouvelle cible et la préparation de Togo pour l’éliminer en un coup. Le seinen penche plus vers le genre contemplatif en soignant ses ambiances que l’action spectaculaire. 

Un “héros” international 

Toutes les histoires mettant en scène Duke Togo alias Golgo 13 sont racontées du point de vue de ses commanditaires ou de ses victimes, jamais du sien. Non seulement Togo n’arrive qu’en cours d’histoire, mais en plus il est peu loquace : autant dire qu’on ne sait rien de lui et ce sera uniquement à travers le regard et la peur des autres protagonistes que l’on commence à cerner cet anti-héros. Il opère sur tous les continents sous diverses identités, est souvent mêlé à des affaires célèbres qu’on découvre sous un genre nouveau, et s’annonce toujours sous « son nom » comme si de rien n’était. Tueur implacable qui n’a (presque) jamais connu d’échec, il obéit à un code d’honneur et à des règles qu’on découvre en filigrane des épisodes. Difficile d’échapper à son regard froid et inflexible.

Une série ambitieuse et complexe que les éditeurs français ont eu du mal à proposer tant le nombre de volumes disponibles était grand au moment de l’arrivée du manga en France. Heureusement les éditeurs japonais ont publié plusieurs recueils façon best of qui ont été repris chez nous, avec des compilations de plus de 1000 pages à partir des histoires préférées de l’auteur et des lecteurs. On se rassure, chaque histoire est faite pour être comprise indépendamment des autres bien que certains liens se tissent au fil du temps. Véritable série culte au Japon, on aimerait en découvrir un peu plus en France, avec par exemple le 3e best of qui existe déjà et qui a été compilé à partir d’une sélection des personnalités présentes dans la série.  

Dans un communiqué de son éditeur, Big Comic,  la série devrait continuer selon les volontés de son créateur. Salut Mr Takao Saitō.

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