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par Lise Famelart - le 3/01/2022
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par Lise Famelart - le 3/01/2022

Daruchan, ou comment se fondre dans la masse bon gré mal gré

Daruchan, publié chez le Lézard Noir, nous raconte le quotidien épuisant d’une personne épuisée.

Daruchan de Lemon Haruna,  Le Lézard Noir

Narumi Maruyama a une vie normale. Enfin, en apparence… car en réalité, elle n’est pas comme tout le monde : elle vient de la planète Daru-Daru, et peine à se fondre dans la masse.

Si elle vient d’ailleurs, Narumi a pourtant eu une enfance comme les autres. Elle est née de parents normaux, a eu un frère et une sœur normaux aussi. Au début, elle supportait sa différence. Mais plus les années passaient et plus on lui faisait bien sentir qu’elle était bizarre. Alors, elle a appris à être comme les autres. Parler comme les autres, s’habiller comme elles, s’intéresser aux mêmes choses qu’elles, rire aux bons moments, se taire pour plaire à tout le monde. Au fil des années, Narumi s’est façonné un personnage qui n’était pas elle, mais qui rentrait dans le moule. C’est en rencontrant mademoiselle Satô, une collègue de son entreprise, qu’elle va peu à peu apprendre à s’ouvrir aux autres.

On le comprend très vite, notre jeune héroïne ne vient pas vraiment d’une autre planète. Sa différence, représentée lorsqu’elle se transforme en une sorte de blob informe, est surtout le reflet d’un malaise qui la travaille depuis toute petite. Autisme ? Phobie sociale ? Au lecteur d’essayer de deviner ce que Lemon Haruna a voulu représenter.

Mais en passant ainsi par la métaphore, l’autrice arrive à nous faire ressentir avec brio ce que ressent son personnage. En plus de la difficulté à rentrer dans le moule, elle parle aussi des difficultés des femmes au Japon : comment vivre heureuse dans une société où il est encore important de se trouver un homme, de se marier et de fonder une famille ? Est-ce ce dont elle a envie, ou ce qu’elle doit faire pour être bien perçue ?

Ce sujet, il a longuement été traité par une autre autrice, dont Lemon Haruna a été l’assistante : Akiko Higashimura. Elle aussi publiée chez le Lézard Noir avec Le Tigre des neiges et Tokyo Tarareba Girls, Akiko Higashimura parle des femmes au Japon avec un ton bien plus acerbe, mais d’une façon toute aussi honnête. Lemon Haruna de son côté parvient à nous toucher, sans aucune naïveté.

Daruchan se déroule sur une temporalité assez longue, et c’est un plaisir de voir le personnage de Narumi évoluer et apprendre. Une belle tranche de vie, présente cette année dans la sélection officielle au festival d’Angoulême.

Daruchan de Lemon Haruna, Le Lézard Noir

Traduit du japonais par Miyako Slocombe


Illustrations : © Lemon Haruna / Le Lézard Noir / SHOGAKUKAN

Daruchan de Lemon Haruna,  Le Lézard Noir
© Lemon Haruna / Le Lézard Noir / SHOGAKUKAN
Daruchan de Lemon Haruna,  Le Lézard Noir
© Lemon Haruna / Le Lézard Noir / SHOGAKUKAN
Daruchan de Lemon Haruna,  Le Lézard Noir
© Lemon Haruna / Le Lézard Noir / SHOGAKUKAN
Daruchan de Lemon Haruna,  Le Lézard Noir
© Lemon Haruna / Le Lézard Noir / SHOGAKUKAN
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