Hirayasumi, c’est l’histoire d’Hiroto, un freeter (terme utilisé au Japon pour désigner les employés à temps partiel), célibataire et satisfait de sa vie. Ce dernier vient d’emménager dans une maison qu’il a reçu en héritage, où le rejoint sa cousine venue à Tokyo pour des études d’art.
Dans cette nouvelle œuvre de Keigo Shinzō (auteur notamment de Tokyo Alien Bros. et Mauvaise herbe), il ne se passe rien, ou presque. Pas d’enjeux majeurs, pas de gros rebondissements, juste la vie quotidienne de deux personnes un peu à la marge à Tokyo. Et c’est ça qu’on adore ! Il se dégage de l’œuvre une sérénité et un bien être absolument délicieux. Même lorsque les personnages ne se sentent pas bien ou sont confrontés à des dilemmes, le récit ne transmet aucun stress ou inquiétude. Peu importe, ça s’arrangera.
Il en faut peu pour être heureux
Cela a pour beaucoup à voir avec le personnage principal, Hiroto, qui prend la vie au jour le jour, comme elle vient. Un exemple de personnage serein et bienveillant, qui fait face à ses problèmes ou à ceux des autres en restant toujours optimiste. Sans pour autant être unidimensionnel ! Il n’hésite pas à donner ses points de vue, et se questionne sur son avenir, dans une société japonaise où le travail est érigé en valeur suprême et où la pression est forte pour les trentenaires qui n’ont ni famille ni emploi stable. Hiroto est donc un peu à la marge, mais il ne s’inquiète pas outre mesure, il profite des bons moments et prend son temps. Un vrai vent d’air frais à une époque où tout doit toujours aller plus vite.
Et l’auteur lui aussi prend son temps : la mise en scène et le découpage de Keigo Shinzō sont empreints de calme, avec des grandes cases, des pleines pages et quelques planches muettes ou quasi muettes. Des choix de mise en page qui viennent souligner la beauté ou la mélancolie de petits moments de vie anodins, un réveil ou un repas, une pose pour une photo, un au revoir ou une retrouvaille.
Son trait tout en rondeurs nous fait instantanément nous attacher à ses personnages, et ses pages en couleur (plus d’une quinzaine), à l’aquarelle, subliment son dessin et renforcent encore l’ambiance douce et sereine du récit.
Hirayasumi est un exemple de récit feel good, une pépite de douceur, qui fait l’éloge de la lenteur et de l’oisiveté. Un vrai parti pris dans une société et à une époque où ces dernières ne sont pas à la mode. On vous conseille de vous jeter sur cette œuvre, si vous en avez envie bien sûr … Et sinon, pas de stress, la vie est trop courte pour s’inquiéter !
Hirayasumi, Keigo Shinzō, Le Lézard Noir
Illustrations : © Keigo Shinzō / Le Lézard Noir / Shôgakukan
