Pour ouvrir le bal de ce qui devrait être une collaboration sur le long terme, rien de mieux qu’Irène, son premier chef-d’œuvre publié juste avant l’inoubliable The World is mine. Pour les lecteurs qui ne connaissent pas encore ce mangaka, sachez que vous vous trouvez là face à un auteur totalement atypique, qui ne fait jamais dans la demi-mesure et qui s’adresse aux adultes qui n’ont pas peur d’être bousculés. Cette série, qui ne fait pas exception, est un nouvel uppercut de vérité que nous assène Hideki Arai.
À défaut d’être dans la finesse, le propos de l’auteur n’est jamais vain. Comme toujours, le fond est social, critique, ancré dans les basses couches de la société et accompagné d’un langage fleuri et de comportements exacerbés. Ici, Iwao est un quarantenaire vivotant chez papa maman à qui l’on martèle tous les jours de trouver une femme. À bout, il tente le tout pour le tout en s’engageant dans un mariage avec une Philippine qu’il ne connaît pas… et qu’il aura bien du mal à contrôler !
Caricaturiste au grand cœur, Hideki Arai livre sa vision de la mondialisation de l’amour dans une série expansive et granguignolesque. Son traitement plein de rage, d’abord contenue, puis explosive, est frappant, déstabilisant, et pointe du doigt les attentes sociales, les préjugés, le racisme, le commerce des corps, la pauvreté… et tant d’autres facettes sombres qui constituent la nature humaine.
Irène de Hideki Arai, Black Box
Sortie décembre 2021
Traduction : Alexandre Goy
Illustration principale : IRÈNE © 1995 HIDEKI ARAI