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Critiques
par Thomas Mourier - le 20/01/2023
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par Thomas Mourier - le 20/01/2023

Lost Lad London : un polar très carré, du moins graphiquement…

Un polar qui casse les codes, à la fois dans le dessin mais aussi dans le rythme ou même l’action attendue dans ce genre très codifié, voilà la proposition étonnante de la mangaka Shima Shinya.

Premier volume d’une trilogie (terminée en VO), ce volume 1 de Lost Lad London intrigue par ses partis-pris. La jeune mangaka Shima Shinya s’affirme avec un style et un ton bien à elle. Il faut dire que la dessinatrice a étudié l’animation en Angleterre et à travaillé sur la licence Star Wars en manga sur deux volumes de Star Wars – La Haute République, un parcours anglo-saxon qui a marqué l’autrice et qui est au cœur de sa trilogie. 

À Londres, Al Adley un étudiant d’origine asiatique partage une rame de métro avec le maire de la ville sans le reconnaître. Mais quand ce dernier est retrouvé mort le lendemain, Al fait le lien en découvrant un couteau ensanglanté dans la poche de sa veste. Tandis qu’il essaie de comprendre et que le meurtre du maire fait la Une des journaux, un inspecteur bien amoché par une autre enquête tombe sur lui. Se noue alors un improbable tandem entre l’étudiant asocial & l’inspecteur solitaire pour découvrir ce qui se cache derrière ce meurtre atypique. 

Un polar à contretemps 

En plus de ces personnages solitaires qui ont du mal à communiquer, rendant le duo complexe pour venir à bout d’un mystère élaboré, la mangaka soigne son tempo en faisant la part belle aux silences. Peu de personnages, des scènes d’action rares, et des échanges difficiles où l’autrice s’amuse de petites touches d’humour pour souligner ces interactions complexes dans un genre où l’efficacité est habituellement le maître mot.

Grâce à cette mise en scène, Shima Shinya donne dans le réalisme autour de ses personnages et explore son environnement sans être didactique. Petite réserve en ce qui concerne l’inspecteur Ellis sur la partie franc-tireur qui peut se passer de toute sa hiérarchie, vis-à-vis du réalisme, mais passé cette facilité scénaristique pour mettre en place son histoire, l’autrice trouve le ton juste. 

Si l’intrigue et sa manière de raconter séduisent, c’est surtout son approche graphique qui retient l’attention. La dessinatrice explore les possibilités du numérique avec un rendu assez singulier. Les personnages ont des traits anguleux assez fins qui mettent en exergues leurs émotions tandis que la mangaka alterne l’épaisseur de son trait en dessinant les corps soulignant certains gestes ou membres.

Couvertures japonaises

Ce jeu de fini-non fini qui donne du volume et une présence aux protagonistes, se retrouve aussi sur les décors mettant en avant certains éléments, tandis que d’autres sont traités sous forme géométrique. Un jeu de formes et de trames en niveau de gris qui crée un effet de focus parfait pour orienter le lecteur vers des indices visuels, des moments clefs, mais aussi de fausses pistes.

Ce dépouillement permet à Shima Shinya de travailler les émotions et expressions de ses personnages dans une dynamique qui se rapproche d’une esthétique de films d’animation. Avec leurs yeux très ronds dans un visage anguleux, ou leurs mains allongées, les designs de Lost Lad London nous intriguent. 

Dès la couverture, travaillée de la même manière avec des aplats très géométriques et utilisant des couleurs inattendues en arrière-plan du duo. On vous conseille de jeter un œil sur ce manga atypique, en attendant de voir comment vont évoluer les volumes suivants, après cette introduction alléchante.

Lost Lad London de Shima Shinya, Ki-oon (3 volumes prévus, le 1er déjà dispo) 

Traduction de Sébastien Ludmann


Illustrations : © Shima Shinya / KADOKAWA CORPORATION

© Shima Shinya / KADOKAWA CORPORATION
© Shima Shinya / KADOKAWA CORPORATION
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