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par Alfro - le 2/07/2015
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par Alfro - le 2/07/2015

One Piece - Tome 75, la critique

Soixante-quinze tomes, cela compte comme une sorte d'anniversaire non ? La moitié de l'histoire de One Piece si l'on en croit les déclarations d'Eiichirô Oda qui avait annoncé qu'il pensait faire durer son œuvre d'une vie aux alentours des 150 volumes reliés. Un tome charnière donc, et qui tient ses promesses en ce sens-là.

"Ces gens que tu entends hurler, ce n'est pas de la douleur qu'ils éprouvent, c'est de la colère !"

Cela fait un bon moment que l'arc de Dressrosa est entamé. Faut dire que comme à son habitude, Oda a laissé une multitudes d'intrigues se développer et a éparpillé tous ses personnages (qui deviennent de plus en plus nombreux au fil des tomes), partis vivre leur aventure sur cette île d'inspiration espagnole. Il a même dû envoyer Nami, Sanji et quelques autres directement à la prochaine étape du voyage pour alléger un peu son récit et se concentrer sur les forces en présences, déjà nombreuses. Seulement, l'exploit d'Usopp à la fin du volume précédent annonçait la fin de cette narration éclatée et il était évident que les événements allaient se mettre à converger à partir de là.

La grande offensive contre Doflamingo est lancée et avec elle les révélations ne cessent de s'enchaîner pour conduire tout droit vers un final qui s'annonce déjà dantesque. Il est marrant de voir comment il gère d'ailleurs ce combat. Puisque le grand vilain particulièrement contrarié de voir ses plans s'écrouler sur eux-même organise un jeu de massacre à l'échelle de son royaume. Au passage, Oda donne une petite leçon à tous ces mangas de survival en installant un climat oppressant avec une facilité déconcertante. Amateur de schéma, il organise donc une grande battue dont la cible principale n'est autre qu'Usopp (touche d'humour, cela ne plait pas du tout à Luffy de ne pas être celui qui a la plus grosse prime sur sa tête).

"Des griffes dont la vocation est de réduire en miettes l'ambition des puissants !"

Si l'on ne pensait pas que c'était possible, le récit accélère encore. La lecture de ce tome revient à monter dans une montagne russe lancée à pleine vitesse au milieu de combats complétement déments, surtout maintenant qu'Oda ne semble plus avoir aucun soucis à faire grimper exponentiellement le niveau de puissance de ses personnages. De toute façon, avec l'Amiral Fujitora qui envoie carrément des météorites, on se doutait bien qu'il n'y avait désormais plus de limites. Si l'histoire est enfin partie tambour battant vers l'ultime confrontation contre Doflamingo et sa suite, dans un mélange explosif de combats grandioses, de courses-poursuites effrénées et d'humour toujours aussi potache, le mangaka trouve quand même le temps de développer l'aspect métatextuel de son manga.

En effet, alors que le personnage qui avait pris la place de Luffy dans le Colisée dévoile son identité, que vous deviez avoir deviné depuis longtemps (mais la révélation n'en est pas moins l'un des moments les plus jouissifs de ce tome), c'est tout un pan de la réflexion d'Oda qui émerge à nouveau, et plus clairement. En effet, il n'ose plus cacher le fait que c'est contre le Gouvernement Mondial qu'il a tout ses griefs, ceux qu'il appelle les "puissants". La métaphore envers les politiques et autres membres de la soi-disant "élite" mondiale est évidente, mais marque surtout par sa véhémence. Oda fait plusieurs fois le parallèle entre un peuple manipulé dont les seules options qu'on lui laisse se retourneront de toute façon contre eux, et ces personnages, Fujitora ou le nouveau venu particulièrement, qui interroge la légitimité de pontes que l'on ne voit jamais mais qui imposent tout de même leur volonté. C'est presque un récit révolutionnaire (dans le sens politique) qu'Oda est en train d'écrire, avec un message humaniste toujours aussi présent.

Eiichirô Oda appuie un grand coup sur l'accélérateur dans ce tome et fait converger tous les récits qu'il a développé pendant de longs mois dans un feu d'artifice aussi chaotique que grandiose. Il en profite pour aller encore plus loin dans son idée de combattre pour la liberté en montrant qui sont ceux qui la ternissent. Anarchiste, Oda ?

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