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par Strafeur - le 3/02/2017
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par Strafeur - le 3/02/2017

Inio Asano (Bonne nuit PunPun, Dead Dead Demon Dedededestruction...), l'interview

Il est de ces auteurs qui vous marquent dès la découverte de l'une de ses oeuvres. Inio Asano, mangaka que vous aviez pu découvrir dans sa routine de travail grâce à Naoki Urasawa, est un artiste de génie ayant été découvert au Japon grâce à un concours de jeunes auteurs. Ses oeuvres sont ancrées dans l'adolescence, qu'il traite sous de très nombreux angles, comme il a pu le faire dans Solanin et Bonne Nuit PunPun, tous deux disponibles - commme la quasi-totalité de ses oeuvres - chez Kana.  

C'est un très grand honneur pour nous d'avoir pu échanger par mail avec lui, et une fierté toute particulière de vous partager le contenu de notre échange :

Inio Asano, l'interview

Bonjour et bienvenue sur 9emeArt, nous sommes très heureux de pouvoir vous poser ces quelques questions. 
Vous avez débuté comme mangaka assez rapidement après vos études, puisque vous avez été publié pour la première fois à 18 ans dans le Big Comic Spirits. Quel regard avez-vous aujourd'hui sur votre début de carrière et sur le temps qui s'est écoulé depuis ?

Lorsque j’ai débuté comme mangaka, je voulais faire du manga humoristique. Je ne pensais donc pas que je deviendrais un auteur dessinant des histoires longues, comme je le fais aujourd’hui. A l’époque, je cherchais surtout la reconnaissance et j’ai créé sans inhibition. J’ai gardé de cette époque l’envie de surprendre le lecteur. Au fil des œuvres, je suis parvenu à un niveau technique qui me satisfait et je commence à ressentir mes limites pour la création du scénario. Je pense que mon challenge à partir de maintenant est d’entretenir ma motivation pour continuer à dessiner.

Vous avez par la suite signé Solanin - qui a notamment eu le droit à une adaptation live - et vous vous êtes lancé dans le culte Bonne Nuit Pun Pun qui s'est achevé en 2013 après pas moins de 13 tomes et 5 années de publications. Comment avez-vous vécu la finalisation de cette série plus longue que d'habitude ? 

« Bonne nuit Punpun » était ma première série au long cours et je l’ai dessinée en y versant tout ce que j’avais acquis dans ma carrière de mangaka jusque-là. En revoyant la série maintenant qu’elle est achevée, je me rends compte qu’elle était loin d’être parfaite. Ce manga était mal dégrossi, comportant beaucoup de « bruits » inutiles. Mais je n’ai pas de regrets car je pense que ce sont ces défauts qui ont rendu ce manga vivant. Il représente clairement un tournant dans ma carrière. Le fait de l’avoir créé et achevé a permis à mon intérêt de partir vers d’autres directions.

En 2014, vous débutez DEAD DEAD DEMON’S DEDEDEDEDESTRUCTION (DDDD). À quel moment vous est venu l'idée de cette nouvelle série ?

Elle m’est venue environ un an avant la fin de « Bonne nuit Punpun ».

D'où vous est venu le titre DDDD ? On imagine que votre éditeur a dû être surpris par un tel nom.

Comme je n’ai jamais arrêté d’ignorer les règles de base du manga, je pense que mon éditeur ne s’est pas laissé surprendre par un titre un peu long. (Commentaire de l’éditeur : « ne vous méprenez pas, j’ai été sacrément surpris… »)

Il s'agit de votre première oeuvre de science-fiction, comment la présenteriez-vous à quelqu'un qui ne l'aurait pas encore débutée ?

Manga tranche-de-vie détendu, moelleux et Moé (voir définition du terme ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Moe_(Japon))

Dans DDDD, un vaisseau spatial a pris place au dessus de Tokyo sans attaquer personne, peut-on y voir un lien avec les incidents de Fukushima et plus largement des menaces nucléaires ? 

Je fais bien sûr référence au séisme de Tohoku et à la centrale nucléaire de Fukushima. Je pense que « DDDD » est une série qui peut exister car il y a eu une prise de conscience des Japonais qu’ils vivaient dos à dos avec un danger instable. Mais de là à dire qu’il y a un message sociétal par rapport à ces incidents, ce n’est pas du tout le cas. Au contraire, le concept de « DDDD » est de ne rien revendiquer dans une société où de nombreux avis se croisent et s’entrechoquent.

L'adolescence fait partie intégrante de vos oeuvres, DDDD n'y échappe pas avec Kadode et Ôran. Quel a été votre approche et votre état d'esprit lors de la création de ces deux personnages ? 

Par rapport aux personnages de mes œuvres précédentes, ceux de « DDDD » ont un côté beaucoup plus fictionnel et leurs apparences sont aussi plus codées en termes de grammaire du manga. Les dialogues regorgent aussi de papotages qui n’ont aucun rapport avec l’intrigue principale. C’est ma façon personnelle de riposter à la tendance actuelle dans le manga qui  « prend à la légère le Manga », en se disant que « si l’apparence est jolie, le contenu n’a pas d’importance ». Pourtant, quel que soit leur degré de superficialité, à force de dessiner pendant une longue période les personnages, ils finissent par acquérir une identité propre et je finis par y être attaché.

On remarque souvent une passion de vos personnages pour le manga ou bien des mises en abîme présentant des mangas à l'intérieur même de vos oeuvres. Ici ce sont les jeux vidéo, quel rapport entretenez-vous avec ces derniers ? 

Je suis moi-même un pur fan de jeux vidéo depuis l'enfance. C’est pour moi le média le plus éloigné de la réalité et je fais apparaître des personnages « gamers » pour représenter des personnes qui évitent de faire face à celle-ci.

DDDD compte à présent 5 tomes au Japon, avez-vous déjà en tête une fin à cette histoire ? 

Les grandes lignes sont déjà définies. Mais, par nature, « DDDD » est une œuvre qui dévie régulièrement de son propos principal. J’ai encore tellement de choses que j’aimerais dessiner au sein de celle-ci. Je n’ai donc aucune idée de la longueur qu’aura finalement la série.

L'an dernier, vous avez été nommé au Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême, quelle a été votre réaction ? Aurons-nous un jour la chance de vous rencontrer en France ? 

Au Japon, je suis rarement sélectionné pour des prix, donc cela m’a fait plaisir d’être reconnu de cette manière. N’hésitez pas à m’inviter en France quand vous le voulez. Si mon emploi du temps le permet, je viendrai avec plaisir.

Merci à vous, on espère en effet pouvoir vous rencontrer un jour en France ! 

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