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par Elsa - le 22/07/2014
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par Elsa - le 22/07/2014

Japan Expo 2014 : l'interview de Kamui Fujiwara

Plus de vingt ans après, alors même que Fly (première adaptation manga d'un jeu Dragon Quest) avait été un véritable succès en France, on découvre enfin Dragon Quest : Emblem of Roto grâce à Ki-oon. Ceux-ci avaient en plus eu la bonne idée d'inviter son auteur, Kamui Fujiwara, à la Japan Expo 2014, une bonne occasion pour l'interviewer.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Dès le lycée, je faisais des études de design, dans une école spécialisée. Et j'ai continué là-dedans, mais ça n'a pas vraiment porté ses fruits. Je n'ai pas trouvé de travail dans cette branche-là. Je me suis tourné vers l'édition, avec un groupe d'amis. J'ai fait ça deux ans mais ça n'a pas fonctionné non plus.
Je suis donc devenu employé dans une société d'imprimerie, et en parallèle j'ai commencé à toucher au monde du manga en essayant de faire éditer des petites publications, des mini mangas.

Et au final je me suis rendu compte que j'étais contacté par différents magazines, différentes publications au Japon, et que je n'avais plus le moyen de prendre des vacances.

C'est le moment où je me suis dit que j'étais devenu mangaka professionnel.

Dragon Quest Emblem of Roto a maintenant une vingtaine d'années, est-ce que cela vous fait une sensation étrange d'en parler à un public qui le découvre aujourd'hui en France ?

C'était peut-être il y a vingt ans, mais l'histoire, le scénario, restent classiques et le manga peut-être lu par les lecteurs aujourd'hui. Donc il n'y a aucun problème.

Est-ce qu'adapter un jeu vidéo en manga, d'autant plus puisque vous êtes amateur de jeux vidéos, a été un challenge intéressant ?

Plus qu'un challenge, ça a vraiment été une expérience. Par le passé je voulais faire du shônen. J'ai fait plusieurs titres qui n'ont pas vraiment été publiés, et c'était l'occasion avec Dragon Quest de me lancer dans un véritable shônen. Il y a eu plusieurs essais de faire des mangas à partir de jeux vidéos, mais c'était assez parodique, pas vraiment à la hauteur du medium original. Et moi je voulais vraiment rendre hommage au jeu, retranscrire son univers dans un manga, qu'on ressente les mêmes émotions que dans le jeu.

Et étiez-vous vous-même joueur de Dragon Quest ?

Evidemment, je les ai tous fait.

Akira Toriyama a travaillé sur le chara design du jeu video. On sent dans votre manga cette influence, l'hommage que vous lui avez rendu. Avez-vous travaillé directement avec Akira Toriyama, ou vous êtes-vous juste basé sur son travail sur le jeu ?

Non je ne l'ai jamais rencontré. pourtant il y a peut-être eu des occasions mais c'est quelqu'un qui se montre très peu en public, ni même dans les fêtes et repas d'entreprises. Par contre le producteur de la série Yuji Horii, je l'ai rencontré à plusieurs reprises, et c'est comme ça qu'on a travaillé dessus.

Au niveau de l'adaptation, est-ce que vous êtes resté libre, ou l'éditeur de jeu vous a-t-il imposé des choses précises ?

Pour cette oeuvre-là, je n'ai vraiment pas eu de contraintes de l'éditeur, j'étais très libre dans mes choix.

Vous travaillez aussi dans le chara design pour le jeu vidéo. Est-ce que pour vous il a une réelle complémentarité à développer ces deux mediums pour un même univers ?

Pour le cas Dragon Quest en tout cas, les deux étaient vraiment complémentaires. Avant la publication du manga, il y avait eu déjà des petites bd en quatre cases publiées dans des magazines et qui avaient une popularité énorme. Et les gens attendaient une vraie bande dessinée qui soit développée dans l'univers du jeu. Pour ça, je pense qu'on a vraiment apporté ce que les gens attendaient, leur donner quelque chose en plus que la seule expérience du jeu vidéo, qui était à l'époque extrêmement populaire.

Et est-ce qu'en tant que joueur, ça a été un plaisir particulier qu'on vous propose ce type de projet ?

Evidemment, un très grand plaisir, j'étais vraiment content.

Vous travaillez actuellement sur la suite de Dragon Quest, les Héritiers de l'Emblème. Vous a-t-il fallu un temps d'adaptation pour vous replonger dans cet univers des années plus tard, ou au contraire n'attendiez vous que ça ?

Je ne me suis pas préparé pour commencer cette nouvelle série. Ce qui a déclenché cette suite, c'est qu'avant de publier la Perfect Edition de la série originale, Emblem of Roto, j'étais tellement motivé que j'avais presque envie de tout redessiner. il s'était passé plusieurs années, j'avais affiné mon trait, je n'étais plus trop satisfait de ce que j'avais fait à l'époque. Donc il y a eu beaucoup de travail de redécoupage, de modifications, de dessins refaits. Il y a eu des ajouts après la fin aussi. Et tout ce travail-là a servi, indirectement, de révision pour la nouvelle série, puisque j'avais passé plusieurs mois à retravailler la version originelle.

La version de Ki-oon est-elle cette version retravaillée ?

C'est un peu entre les deux. Le découpage est pour l'instant celui de la version originelle japonaise mais les dessins sont tirés de la Perfect Edition. De plus, les avatars de l'auteur ainsi que ses commentaires ont été refaits exprès pour l'édition française, donc ça mélange plein de choses.

Et pouvez-vous nous parler un peu de cette nouvelle série ?

L'histoire se passe environ dix ans après la chute du Roi des Démons, la fin de la première série. Et le pitch c'est qu'un jour, la magie arrête de fonctionner, il n'y a plus de magie. Imaginez un monde de Dragon Quest sans magie, qu'est-ce qu'il reste ? C'est ce qu'on raconte dans ce manga. Et les héros de cette série sont les descendants de ceux de la série originale.

La fantasy est encore aujourd'hui un genre très populaire en manga. Y'a-t-il eu à vos yeux une grosse évolution entre la fantasy à l'époque de vos débuts sur Dragon Quest et ce qu'on trouve dans le manga aujourd'hui ?

Je pense qu'avant d'être considéré comme de la fantasy, le manga originel était avant tout Dragon Quest. Les gens qui le lisaient étaient des gens qui aimaient le jeu. Le public a changé, entre ça et maintenant parce qu'à l'époque on avait vraiment une envie de la part des joueurs de découvrir une autre facette de Dragon Quest.

Pour ce qui est de la fantasy, je pense que c'est un genre qui n'était pas si représenté que ça à l'époque, et qui a vraiment pris son envol, en tout cas moi je l'ai ressenti avec la sortie du Seigneur des Anneaux au cinéma.

Y'a-t-il un autre jeu vidéo que vous auriez aimé adapter en manga ?

En rêve ça serait Zelda.

© 1991-1997, 2006 Kamui Fujiwara / SQUARE ENIX © 1991-1997 Junji Koyanagi / SQUARE ENIX © 1991-1997, 2006 SQUARE ENIX CO., LTD. All Rights Reserved.

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