Album après album Teresa Radice et Stefano Turconi enfilent les chefs d’œuvres comme les perles sur un collier. Avec la même aisance mais sans jamais tomber dans la facilité, la redite ou la formule. Après la trilogie Violette autour du monde qui les a révélé en France et un passage par la jeunesse entre deux albums de leur univers de l’encensé Port des marins perdus, ils proposaient ce monstrueux Amour minuscule. Un projet gargantuesque dont le seul défaut sera la taille et la structure qui se rapproche plus d’un roman illustré que d’une BD. Entendons-nous bien: Amour minuscule est bien une BD, brillamment montée et mise en scène, magnifiquement illustrée par la technique impériale de Stefano Turconi. Seulement la verve de Teresa Radice, l’intimité du propos, la quantité de textes, rendent la lecture exigeante, demandant plusieurs sessions de lecture concentrée. Construit en dix Livres illustrés par une calligraphie arabe et une citation, l’album pourrait presque faire penser par son ampleur et sa profondeur au monument Habibi. Débutant par la découverte de la grossesse et par l’enlèvement d’Ismaïl, le récit est ensuite agencé en une structure complexe passant par la jeunesse d’une mère terriblement absente, la rencontre entre les deux amants mais surtout celle du lieu central qui donna naissance à ce projet, le monastère Deir Mar Moussa al-Habachi qui vit à l’orée des années 2000 une communauté œcuménique y recréer un lieu de vie spirituelle sous la houlette du père Dall’Oglio. Comme le dit Teresa Radice en post-face, les histoires sont toujours un mélange de réalité et d’imaginaire qu’il n’est pas nécessaire de vouloir détricoter. La trame double enchevêtre l’odyssée d’Ismaïl, qui permet d’aborder le drame des migrations et du cimetière méditerranéen depuis le Printemps arabe de 2011, avec l’itinéraire plus personnel d’Iris, entre sa grossesse seule, sa mère absente, son absence de racines et son amour disparu. La quantité de réflexions, tantôt pleinement philosophiques, tantôt humanistes sidère et demande une digestion lente. L’intelligence des propos, la finesse des textes répondent aux superbes pastelles d’un Stefano Turconi qui transpire le calme et la beauté intérieure. Sur des sujets foncièrement durs on ne tombe jamais dans le pathos, même lors des passages les plus crus avec les migrants clandestins et une vraie émotion nous presse concernant ce destin tragique tant l’immersion émotionnelle est tissée. En parvenant à allier les drames géopolitiques, les questionnements philosophiques sur la relation entre homme et divin et l’itinéraire psychologique d’une jeune femme enceinte à la recherche de ses racines familiales, le couple d’auteurs réussit un sacré tour de force qui semble réalisé avec une spontanéité déconcertante. Pas le plus facile de leurs albums mais peut-être le plus profond, Amour minuscule est un nouvelle illustration que Radice et Turconi sont le couple artistique le plus constant et le plus intéressant du moment. Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/01/12/amour-minuscule/
Extraordinaire à mes yeux. Des aventures humaines hors normes, racontées avec brio. En effet quelques longueurs sur les lettres écrites, j'en ai parcouru certaines plus rapidement que d'autres. Un récit plein de vie, d'espoir, d'amour, de réalité.
Dur d'accrocher car beaucoup de détails qui nous font perdre le rythme de l'histoire. Les lettres un peu "gnan gnan". J'ai même pas pu finir..... Et vraiment écrit trop petit. Dommage car l'histoire est sympa..... Peut être lu au mauvais moment
Je partage l'avis de gaoulagourme sur le manque de rebondissement et la longueur du récit bien que cela reste une belle bd qui saura trouver son public et qui transcrit une réalité.
Autant j'ai adoré le port des marins perdus qui m'avait littéralement envoûté, autant je ne sais trop quoi penser d'un amour minuscule . Je pense que le nombre de pages conséquent que d'habitude j'apprécie, pèse ici sur le récit. L'atmosphère, le rendu graphique, la prose sont bonnes mais j'attendais trop je pense de cet album, je redemandais, plus de rebondissements, d'aventure. Hors nous se sommes pas dans le genre picaresque, mais bien dans une aventure humaine fidèle à la réalité, dénonçant la bêtise humaine et rendant en quelques sortes un hommage aux personnes o combien inspirantes qui oeuvrent au quotidien pour la paix. C'est rempli de bon sentiments, probablement trop pour moi.
Un petit bijou ! Tout est beau l'histoire, le graphisme. C'est un océan de douceur et de tendresse. Un vrai coup de coeur
De l’amour de l’amour et encore de l’amour... un souffle d’air frais, des émotions enivrantes, un chef d’œuvre à mon avis. Je crois que depuis le port des marins perdus je n’avais pas lu avec autant de plaisir.