Le grand Jim Starlin s'attaque au mythe de Batman et nous livre le Culte : un récit violent, tant psychologiquement que graphiquement. Il s'agit d'un récit horrifique très sanglant. Tortures, exécutions, meurtres, drogues, manipulation psychologique... Rien ou presque ne nous est épargné si bien qu'on est à la fois dégouté et fasciné par ce déluge croissant d'hémoglobine. Batman est particulièrement mis à mal, trahissant plusieurs fois son héroïsme habituel. On sent que Starlin souhaite développer une critique sur l'aveuglement religieux, les prophètes manipulant les démunis et laissés pour compte, sur une société du rejet de la pauvreté, des institutions face à la violence, et de l'approbation du vigilantisme comme alternative ultime et finalement délétère. Beaucoup de sujets qui passent en fait au second plan et sont à peine développés, tant on se retrouve accaparés par la violence exacerbée du dessin. Sur des thèmes assez similaires, le Dark Knight de Franck Miller avait plus intelligemment exposé son propos. Bernie Wrighton assure la partie graphique d'une manière tout à fait dans le ton. C'est torturé et sans concessions. La colorisation ajoute beaucoup. Un récit agréable mais pas toujours très subtil à ne pas mettre entre toutes les mains.
