Gros gros pavé composé du run de Mark Waid, cet omnibus se compose en gros de 3 parties : la série Captain America d'avant Heroes Reborn, la série juste après, et enfin la série Sentinel of Liberty (un recueil de plusieurs histoires dont certaines se passant pendant la seconde guerre mondiale). C'est massif, donc long à lire et à digérer. Et au final, je suis sorti de la lecture de ce gros pavé avec un sentiment mitigé. D'abord, on ne peut que reconnaître le dynamisme de l'histoire et des dessins : c'est globalement très bien dessiné, avec de belles idées (l'épisode noir et blanc de crâne rouge, par exemple), et les histoires peuvent se montrer surprenantes (l'un des derniers épisodes, centré sur Bucky, est par exemple très touchant). Cependant, reste le personnage du Captain, et le message derrière tout ça. Parce que bon, on est loin d'un personnage nuancé, avec ses doutes et ses faiblesses. Le Captain n'a pas de doute, et ses faiblesses sont, en gros, son amour pour la Liberté et la belle Amérique. C'est un personnage sans défaut, donc foncièrement lisse et prévisible. Rare sont les moment où Steve Rogers remet en question sa morale, ou la justesse de ses actes. Il est le représentant de tout ce qui est bon dans l'humanité, et ses adversaires en deviennent des caricatures extrême de méchanceté (on est vraiment en face de super nazi). Et puis, et c'est martelé à chaque page, l'Amérique est belle, c'est le pays de la liberté, du bonheur, de la justice, de l'égalité... Les méchants y sont punis et les gentils récompensés. Le peuple américain est sage et juste, et même si certains s'égarent, le plus grand nombre guide le pays vers ce qui est juste. Ce pro americanisme sirupeux est vraiment caricatural et fatiguant. L'auteur en fait des caisses, ce qui aurait pu apparaître comme une forme de critique contre les masses aveugles, mais les éléments qui vont dans se sens sont trop peu nombreux. A moins d'adhérer à ce message, c'est assez dur de rester dans le récit sans tiquer à chaque nouvelle envolée lyrique du Captain sur son beau pays, phare de la liberté. Globalement de bons récits, donc (même si certains sont en dessous, merci les années 90), mais un message en peu trop martelé pour être innocent.
Un run solide, résolument ancré dans son époque (surtout graphiquement). Les intrigues sont par moments un peu tirées par les cheveux, mais le tout se laisse lire sans déplaisir. Peut-être pas un indispensable sur le personnage de Captain America, mais une bonne lecture tout de même.
