Batman on l'adore ! Mais quand un auteur comme Cliff Chiang décide de le mettre hors cadre et de jouer avec le reste de Gotham, c'est toujours rafraichissant. On aime l'homme chauve-souris, vraiment, mais il prend toute la place alors qu'il a la plus belle galerie de personnages au monde. Dès le prologue de ce "Lonely City", le ton est donné : Batman, le Joker, Robin et Gordon sont morts depuis 10 ans. Terminé, rideau et donc focus sur une survivante tout juste libérée : la féline cambrioleuse Catwoman. A la fois scénariste et dessinateur de ce récit complet, Cliff Chiang déjoue habilement nos attentes. Le fantasme d'un "Dark Knight Returns" consacré à Catwoman s'estompe très vite pour un objet plus pop, assez proche du récent "Rogues" mais plus dense notamment sur la psychologie de ses héros. "Lonely City" construit d'ailleurs, comme "Rogues" un récit de braquage(s) enlevé et traversé par de nombreuses figures de l'univers DC. Des figures plus âgées, désenchantées et amères mais que Chiang traitent avec humour et empathie. La prise de poids, la marchandisation des masqués, les genoux en vrac de Sélina, tous ces éléments crédibles et terre à terre rendent prégnant et amusant le point de vue offert sur nos héros. Dense en péripéties, très bien rythmé entre son action et les différentes interactions, l'histoire proposée s'avère aussi plus légère que son contexte gentiment dystopique. Attention, les atermoiements de Sélina restent profonds et touchants et certains passages sont vraiment dramatiques. Mais dans un Black Label souvent prompt à la violence et la noirceur, avoir une proposition optimiste et colorée (Chiang oblige 😉) n'est pas pour déplaire. "Lonely City" trouve donc, tel un chat, un joli point d'équilibre entre ses différentes facettes tel un petit rubis que Catwoman n'aurait pas manqué de dérober. A vous de ronronner de plaisir !
