L'avis de: LeCoqBZH
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13 mars 2021

Comme les adaptations de classiques, les BD documentaires ont le vent en poupe ces dernières années, avec parfois d’excellentes surprises, il est vrai. Mais, entre le vrai travail d’investigation et l’opportunisme, il n’y a parfois qu’un pas. Ici donc, ne cherchez pas le travail journalistique, il ne tient qu’en la déposition du directeur de la centrale, la majorité de la Bd se déroulant dans son bureau autour de ses déclarations, ce que le scénariste reconnaît lui-même, déclarant s’être appuyé « sur de nombreuses lectures (mouais 😏) et sur (surtout) les auditions rendues publiques de Masao Yoshida dans le cadre de commissions d’enquête ». Il ajoute, ce qui termine de nous convaincre sur l’idée poursuivie : « Le flou (pour ne pas dire l’opacité) de certaines informations données par TEPCO m’ont parfois forcé à poser des hypothèses et à faire des choix dans la mise en situation des personnages” ( Source : natura-science.com). De quoi s’agit-il alors ? Il semble que « Fukushima » ne soit ici qu’un prétexte à exercer un regard critique, partial et condescendant sur un sytème (celui de l’administration japonaise) dont l’auteur se voudrait soudain le juge alors même qu’il ne dispose d’aucune légitimité à le faire. Il ajoute : « En vérité, il y a beaucoup à redire sur la communication officielle concernant les différents incidents qui se sont succédés dans la centrale, sur les dommages réels qui ont pu être causés sur les bâtiments, les outils de production, les employés... Et puisqu’il y a beaucoup à redire, je ne me suis pas privé ».(source : Glénat). Nous y voilà donc ! L’auteur vient nous livrer ici sa vision suprême, éminemment politique, flattant au passage un ego qu’on devine insatisfait, et nous rappelant que la France garde dans son héritage ce sentiment de supériorité et ce lourd passé d’ingérence dans les affaires extérieures. On imagine qu’il est plus facile de critiquer un système hors-sol, qui ne nous lira pas, et que cela autorise de se placer opportunément en donneur de leçons, de façon somme toute partiale par ailleurs et bien incomplète. Évidemment, cet exercice vient convoquer ce qu’il y a de plus mesquin en nous, à la manière des pseudo experts qui fleurissent sur les réseaux sociaux et dont, vérification faite, l’auteur semble d’ailleurs un partisan, ses avis tranchés sur notre actualité nationale (partiaux là encore et sans légitimité toujours) n’étant plus à démontrer. Se pourrait-il alors que cet album ne soit que l’expression d’une frustration toute personnelle ? Car s’il aime à dénoncer, à tort ou à raison, sans doute faut-il avoir le courage alors de le faire publiquement chez soi d’abord avant de s’intéresser à nos lointains voisins dans une forme de frustration expiatoire ! Toujours est-il que cet album s’avère décevant et sinon les dessins, vous lui préférerez de loin le manga « Au cœur de Fukushima ». - Le 15 mars 2021 - PS : J’avais noté 2 au départ, pour les dessins (Ce jeune espagnol n’y est pour rien), mais puisqu’après ma note (la première ici pour cet album), certains se sont permis de mettre 5 sans se justifier, je descend ma note à 1.

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