Intrigué par la couv très glauque, révélée au détour d’une page Web de traverse, peu d’avis sur ce manga, série en cours (9 tomes au Japon), un seinen, première itération du jeune mangaka, Mazaaki Ninomiya, je me lance dans l’achat et la lecture du premier tome... puis 2 et 3, seuls tomes parus à cette heure (les 4 et 5, sortiront respectivement fin février et fin avril). Le pitch : Daigo Agawa, flic de son état, est détaché, avec sa famille, dans une petite ville de montagne reculée, Kuge, en remplacement d’un collègue qui a pété les plombs et a mystérieusement disparu. Ça met déjà l’ambiance. D’abord accueilli chaleureusement par les habitants, il va vite se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond dans ce village, après la mort de la doyenne d’un clan visiblement très influent dans cette communauté. On ne va pas tourner autour du pot, dès le début, on annonce la couleur, le fameux collègue aurait découvert que les villageois s’adonnaient à de vieux rituels de cannibalisme. L’histoire s’annonce donc très prévisible, emprunte de grosse série z qui tache et.... en fait, que nenni !! Ninomiya distille un thriller parfaitement calibré et millimétré, toujours pertinant et délicieusement malsain. On se dit que l’intrigue ne peut pas durer des plombes, les événements , prévisibles, se mettent en place rapidement, on anticipe... pour mieux être baladés ailleurs. Au cours de ces 3 premiers tomes , on rebondit d’intrigues en intrigues, l’ambiance est très pesante, glauque, sans tomber dans les travers du gore facile. Le tout est enrobé d’un graphisme réaliste très maîtrisé, travaillé, tout en détail, avec des personnages très forts visuellement. Ce titre a tout pour tomber sous les coups d’une médiocre facilité, il n’en est rien tant sa narration est habile, subtile et intelligente. Cette série est une très belle surprise qui mérite une attention particulière, à condition que vous ayez les tripes bien accrochées.
