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Critiques
par Jaime Bonkowski De Passos - le 15/03/2021
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par Jaime Bonkowski De Passos - le 15/03/2021

L’Entaille : jusqu’ici, tout baigne…?

Avec son dernier album L’Entaille, Antoine Maillard nous propose un récit unique et surpuissant, entre le slasher et le teen-movie. Une vraie claque !

© L'Entaille / Antoine Maillard / Cornélius

« On ne peut plus rien pour lui… Il faut partir, viens« . Dans une petite ville sans nom et sans histoire, la vie monotone des habitants est bouleversée par une série de meurtres qui frappe le lycée local.

Entre traumatisme et espoir de reprendre une vie normale, les jeunes de la ville tentent tant bien que mal de résoudre leurs propres conflits dans un climat tendu, avec la menace du « batteur fou » qui plane à tous les instants. Mais il est bien le cadet des soucis de certains…

Récit hors du temps sur la jeunesse et l’adolescence, hommage au slasher-movie, ode à l’émancipation : L’Entaille est bien des choses. C’est avant tout une esthétique exceptionnelle. Dans un gris et blanc au fusain qui dépose un voile ténébreux sur tout le récit, Antoine Maillard accorde une attention toute particulière aux jeux de lumière pour masquer ou révéler un visage, un détail, une main, un élément de décors.

Le récit tient ainsi autant dans les dialogues, fins et naturels, légers et discrets, quand dans les graphismes. La mise en scène, quasi-cinématographique, impose un rythme qui alterne précipitation et moments suspendus, dans un jeu de contraste faisant écho aux états d’âmes des personnages. L’auteur distille en outre tout au long du récit des indices, détails et pistes qui préfigurent le dénouement final, et qu’on redécouvre à la deuxième, troisième, quatrième lecture, tissant ainsi ainsi une grande toile qui n’en finit jamais de se dévoiler.

Les personnages, enfin, sont le plus gros point fort du titre. Ils sont des représentations parfaitement réussies et crédibles de l’adolescence dans toute sa diversité et sa complexité. Les relations amicales, amoureuses, la violence dirigée contre les plus faibles, la vengeance contre les bourreaux : les lecteurs reconnaitront forcément des situations et des personnages tant ils semblent réalistes.

Mystérieux, suspendu, violent et poétique : L’Entaille est un album assez unique en son genre qui ne laisse pas indifférent. Antoine Maillard y déploie des trésors de mise en scène et une maîtrise graphique épatante, mais il brille surtout par la caractérisation de ses personnages, qui tous sans exception apparaissent terriblement réalistes. Une superbe lecture.

L’Entaille par Antoine Maillard, Cornélius


Illustration principale : © L’Entaille / Antoine Maillard / Cornélius

© L'Entaille / Antoine Maillard / Cornélius
© L'Entaille / Antoine Maillard / Cornélius
© L'Entaille / Antoine Maillard / Cornélius
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