Benjamin, jeune sculpteur et sa compagne Romy, institutrice, rentrent de Cadaqués où ils ont passé quelques jours de vacances. A la recherche d’idées pour sa première exposition, Benjamin tombe sur une banale photo de paysage dont un détail le trouble : le corps d’une jeune femme allongée sur une plage. Fasciné par la pose de cette inconnue dont il essaie d’imaginer l’histoire, Benjamin ne voit pas arriver l’accident. Il s’en sortira physiquement indemne, mais Romy, dont le pronostic vital semble engagé, est plongée dans un coma artificiel. Benjamin partage alors sa vie entre une chambre d’hôpital et la recherche quasi obsessionnelle de la femme de la photo. L’Etreinte est le récit de ces deux histoires parallèles qui s’entrelacent au fil du temps pour n’en faire plus qu’une. L’histoire de cet homme accablé par la douleur de voir sa femme partir, la culpabilité qui ronge le survivant poussé malgré lui et à son coeur défendant par la vie qui doit malgré tout continuer, la tentation du déni de cette insupportable réalité. La prouesse de ce roman fleuve tient autant au scénario de Jim, tout en pudeur et sans pathos, qu’au dessin de Laurent Bonneau, son traitement des visages, les couleurs, tantôt sépia, tantôt vives, de l’ombre de l’atelier du sculpteur aux lumières quasiment saturées des rues de Cadaqués, du deuil à la renaissance. Partis d’une simple photo, les deux auteurs réussissent une oeuvre magistrale, sans scénario prédéfini, l’histoire se nourrissant des planches et réciproquement. Un numéro d’équilibriste parfaitement maîtrisé. Un vrai petit miracle.
