Vous savez a quel point j’ai pu apprécier la saga du Garçon sorcière. Alors tout naturellement, quand Kinaye nous a proposé ce nouveau titre de Molly Knox Ostertag, j’étais très enthousiaste à l’idée de le découvrir. D’emblée, pas de doute, on reconnaît l’attachement de l’auteur à parler de sujets engagés. Après le Garçon sorcière où il était question d’héritage transgénérationnel et du poids de la tradition, nous plongeons ici avec Morgan dans les remous de l’adolescence, période propice à l’émergence d’une affirmation de soi et d’une divulgation de l’identité sexuelle. Morgan est une jeune fille discrète, introvertie. Elle vit avec sa mère et son frère sur une île où elle se sent terriblement à l’étroit. Tout le monde se connaissant, dur de se fondre dans la masse, de pouvoir agir librement sans que tout soit rapporté dans la seconde. Et Morgan, elle en a des choses à cacher. Car si Morgan fait partie d’un groupe d’amis toujours près à se retrouver pour de nouvelles virées, elle semble douter de leur compréhension et de leur amitié : comment réagirait ses amies si elle apprenait son homosexualité ? C’est une jeune selkie, qui va permettre à Morgan de franchir cette étape. Les selkies sont des créatures issues du folklore des Shetland. Elles prennent l’apparence de phoques la plupart du temps mais on le pouvoir de se transformer occasionnellement en jeunes filles. Keltie fait partie de ce peuple marin mais à toujours nourrit un attrait pour la terre, et notamment pour Morgan qu’elle a eu loisir d’observer en de maintes occasions. Alors quand son océan est menacé, elle n’hésite pas une seconde à s’ouvrir à Morgan espérant trouver en elle une alliée de taille. Cet intérêt pour l’écologie et plus particulièrement sur la relation entre l’homme et la nature était déjà un sujet abordé dans le garçon sorcière, les jeunes filles de la tribu étant invitées à observer la nature et sa magie pour en saisir l’essence et concocter sorts et potions. Ici le lien est plus terre à terre : la pollution de l’eau, les virées touristiques au bords de récifs quitte à troubler la quiétude d’une faune toujours plus menacées. Ainsi sur le papier, La fille de la mer avait tout pour me plaire. Mais. Car il y a un mais. Je regrette que ces thèmes pourtant si importants n’est pas été plus approfondis. Tout au long de ma lecture j’ai été surprise de constater à quelle rapidité ces thèmes avait été évoqués, nommés, sans jamais rentrer un peu plus dans le détail. De même, je trouve que les événements se sont enchaînés bien trop vites. Peut-être que ce scénario aurait mérité de prendre la forme d’une nouvelle trilogie afin d’avoir le temps de bien déployer l’histoire, les enjeux, les personnages. Conclusion : Vous l’aurez compris, je suis donc assez déçue par ce titre qui pourtant me paraissait tellement prometteur. Par contre, côté dessin et colorisation, c’est un véritable bonheur. C’est frais, coloré, aquatique, cartoon à souhait. On retrouve vraiment le trait de l’auteur et la colorisation de Maartha Laiho le sublime magnifiquement.
