Né le 14 août 1926 à Paris, René Goscinny passe son enfance en Argentine, entre Buenos Aires et la Pampa. Après des débuts prometteurs de sous-aide-comptable d'un aide-comptable dans une usine de récupération de vieux pneus, il entre comme apprenti dessinateur dans une agence de pub. À 19 ans, il part conquérir l'Amérique et, plus précisément, les studios Walt Disney. Très vite promu chômeur, il ne rencontre jamais Walt Disney mais tombe par hasard sur la bande du futur ''Mad - Harvey Kurtzman, Jack Davis, Will Elder - et se sent beaucoup moins seul : l'humour anglo-saxon coïncide parfaitement avec sa propre manière d'envisager les choses. Il rencontre Morris à New York, Charlier à Bruxelles et Uderzo à Paris, à la World Press, petite agence belge dont il dirige le bureau parisien créé en 51. Les auteurs de l'époque étant payés avec un lance-pierres, le stakhanovisme s'impose : Goscinny, qui a compris que son talent s'épanouissait plus efficacement dans le scénario que dans le dessin, met en chantier une foule de bandes dessinées (parmi lesquelles Oumpah-pah, Spaghetti et Luc Junior). Il tape des kilomètres d'articles et de nouvelles (pour ''Pariscope'' et ''L'Os à moëlle'', entre autres) et signe la rubrique savoir-vivre de ''Bonnes Soirées'' sous le pseudonyme de Liliane d'Orsay... En 55, il reprend le scénario de Lucky Luke et, en 56, crée avec Sempé Le Petit Nicolas. C'est aussi en 56 que se produit un crash irréversible avec la World Press : Goscinny, Charlier et Uderzo, désireux de promouvoir ce métier qui n'en est pas un, rédigent une très sulfureuse Charte des Dessinateurs, qui leur vaut de se retrouver sur le pavé du jour au lendemain - et sur la liste noire de tous les éditeurs. Ils tombent par hasard sur un certain Jean Hébrard, qui vient d'hériter d'un énorme café place de la Bourse et leur fournit les fonds nécessaires à la création d'Edifranche, une petite société de presse. C'est sous la double paternité d'Edifrance et Radio-Luxembourg que naît Pilote, […]