Le père de Saria se meurt, accompagnée par son fidèle serviteur Orlando, elle lui rend une dernière visite. Il lui transmet alors une boîte à trois clés : l'une donne accès à la porte du Paradis, l'autre aux Enfers et la troisième au Néant. Au départ de sa fille, il reçoit l'ultime visite de l'ange Galadriel, elle vient récupérer son dû... Alors qu'un vote se prépare dans la ville de Venise pour déterminer la souveraineté religieuse pour les douze ans à venir, c'est à l'arrivée d'un nouveau martyr que les choses se précipitent : le Doge va devoir montrer sa suprématie par tous les moyens et retrouver les clés de feu son frère... Avec deux graphismes bien distincts, l'un classique-gravure et l'autre peinture gothique, cette BD nous entraîne dans un univers renaissance fantastique où les jeux de pouvoirs religieux sont au centre de l'intrigue. Bien que traitant ses personnages de manière assez archétypale, les mécaniques fonctionnent bien surtout dans les deux derniers tomes avec une prise de liberté graphique extrême qui explore le lore de l'univers sans le tartiner. De plus les éléments fantastiques liés aux religions bien que calqués sur les nôtres restent assez différentes et originales pour maintenir un effet de surprise et d'engouement indéniable. Les sous texte de cette BD n'en est au final pas un, c'est une transposition assez claire des enjeux politiques quotidiens, que la foi y soit liée ou non : les jeux de pouvoir, la pression militaire, l'usage de la peur et du sentiment de dépendance auprès du peuple... En parallèle, il s'agit aussi de l'émancipation de Saria, du passage de l'innocence à la clairvoyance ; elle en subira une métamorphose loin d'être anodine, en résonnance avec ce milieu où duperies et trahisons fond loi. Très bonne trilogie dans son ensemble qui prend tout son potentiel à partir du tome deux, un univers graphique très atypique qui mériterait de bien plus amples explorations et spinoffs. Une histoire comme on en a déjà LU mais pas encore VU.
