"On est si petits" L'humanité a ravagé la planète Terre, elle est devenue inhabitable. Pollution ou guerre nucléaire nous ne savons pas. Tout ce que nous pouvons faire c'est observer la planète bleue à bord de l'USS TIANZHU, gigantesque station spatiale surpeuplée, l'admirer dans toute sa splendeur et regretter avec amertume. Plusieurs protagonistes se dégagent mais nous suivons principalement Scott, une employé chargé d'enquêter dans plusieurs stations annexes: elles ont été détruites et leurs occupants tués. Il décrit les dégâts, ne pose pas de questions, il consomme les produits Tianzhu, bref c'est le citoyen modèle. Mais tout son quotidien monotone sera perturbé. Alors que la multinationale révèle son futur grand projet pour l'humanité, se prépare dans l'ombre une révolte, une guérilla formée de gens laissés pour compte, des opprimés, de ceux qui refusent la consommation à outrance, qui rêvent de liberté plutôt que du travail acharné, et de nouveaux horizons... "On est si petits" C'est difficile d'être concis sans spoiler. Cette BD aborde avec justesse énormément de sujets comme l'intégration, la différence, le racisme, les problèmes éthiques de clonage ou de manipulations génétiques, la lutte des classes sociales, le consumérisme, la politique totalitaire... et je dois certainement en oublier. Ces thèmes sont brillamment développés au travers de dialogues, de mises en scènes, d'axes narratifs ou de scènes d'actions, le tout dans le cadre ultra claustrophobique de cette station corporate qui ne fait que vendre du rêve... mais en produit elle seulement? Tout du long de l'histoire, comme la révolution en marche, la tension monte, heureusement cette sensation étouffante est soulagée par les moments ultra poétiques et contemplatifs des sorties spaciales. "Nous sommes tout petits" Une merveille de la SF qui dépeint une société calquée sur la nôtre et qui dénonce bon nombre de nos travers et des craintes pour l'avenir. Le tout avec un graphisme et une palette de couleurs somptueux. On notera un énorme travail architectural tout au long de cette BD qui n'est pas sans rappeler certaines ambiances à la BLAME! de Tsutomu Nihei... Certains reprocheront une mise en place un peu longue, pour moi c'est plutôt les bulles de Champagne qui montent et se condensent avant d'exploser. Quand à l'épilogue de cette BD que certains ont trouvé déroutant, je dirai juste: "On est si petits".
