Bienvenue dans votre nouveau rendez-vous de 9emeArt.fr qui, je l'espère, sera le plus régulier possible ! Au sein de cette rubrique, je vous invite à la découverte d’un tome ou d’une série qui sont de véritables immanquables de la Bande Dessinée mais qui malheureusement, ne sont pas forcément connus des jeunes lecteurs actuels. Aussi, je vous parlerais très régulièrement de BD Franco-belge, car il faut bien avouer qu’il s’agit de ma principale lecture, mais j’essayerai au maximum d’intégrer également des comics et des manga qui ont véritablement marqués le 9eme Art.
Pour ce premier numéro, je vais m’attarder sur un titre franco-belge, La Fièvre d’Urbicande, écrit par Benoît Peeters et dessiné par François Schuiten.
Les Auteurs
Avant de s’attarder sur le titre en lui même, je vous propose de revenir sur les auteurs de cet album, qui sont, pour le coup, deux véritables génies du 9eme Art. Tout d’abord, commençons par son auteur : Benoît Peeters est né en 1956 à Paris, et possède une formation universitaire tout ce qu’il y a de plus classique. Après avoir commencé ses études par une licence de Philosophie à Paris I Panthéon-Sorbonne, il prépare le diplôme de l’EHESS et est aujourd’hui titulaire d’une Habilitation à Diriger les Recherches (« Écrire l’image, un itinéraire »). Grand spécialiste d’Hergé (auteur de « Le monde d’Hergé », « Hergé fils de Tintin » et « Lire Tintin, les bijoux ravis »), Benoît Peeters se lance dans les années 80 dans l’écriture de Bande Dessinée, support qu’il affectionne tout particulièrement. Il est aujourd’hui encore très impliqué dans le milieu puisqu’il est conseiller éditorial chez Casterman et directeur de la maison d’édition indépendante, Les Impressions Nouvelles.
François Schuiten quant à lui, est un dessinateur né à Bruxelles en 1956. Il est depuis tout jeune intéressé par la Bande Dessinée, en témoigne sa première histoire, Mutation, qu’il publie au sein du magazine Pilote alors qu’il n’a que 16 ans ! Il poursuit ses études au sein du célèbre institut Saint-Luc et publie ses premiers récits, écrits par son frère Luc, dans Métal Hurlant à partir de 1977.
C’est à partir de 1983, avec l’album Les Murailles de Samaris, que nos deux auteurs commencent à travailler ensemble. Cette relation sera particulièrement fructueuse puisqu’elle accouchera de 25 albums, récompensés par de nombreux prix dont l’équivalent du Fauve d’Or d’Angoulême en 1985 (qui se prénommait alors Alfred du meilleur album) ainsi que du prestigieux Grand Prix Manga au Japan Media Arts Festival (une première pour des occidentaux).
La Fièvre d'Urbicande
Il s’agit du deuxième album de la série mais rassurez vous, il n’est pas nécessaire d’avoir lu le précédent pour comprendre parfaitement l’histoire ! Pour faire simple, chaque tome de la série Les Cités Obscures s’attarde sur une ville dont les particularités architecturales sont représentatives de sa politique interne. L’ensemble de ces cités évolue dans un monde parallèle au nôtre qui se trouve à l’exact opposé de la Terre par rapport au Soleil. Les cités sont donc à la fois un modèle politique, à la manière des cités grecques antiques, et un modèle esthétique en totale opposition les unes des autres.
Le scénario de La Fièvre d’Urbicande est assez simple : Eugen Robick, est l’Urbatecte de la cité d’Urbicande et notre personnage principal. La cité d’Urbicande prospère dans l’ordre et la symétrie. Toutefois, au retour d’une expédition, un ami rapporte à Eugen un petit cube métallique évidé d’une quinzaine de centimètres de côté. Dès le lendemain et sans raison apparente, le cube va se mettre à croître de manière continue, en ignorant totalement ce qui l’entoure, ses arrêtes passant au travers de n’importe quelle matières. Il se créé alors dans toute la ville un gigantesque réseau cubique qui perturbe l’équilibre esthétique et politique d’Urbicande. Indestructible même pour les plus puissants canons de la ville, le cube entraîne de très lourdes modifications sociales dans la ville. Le lecteur suit alors les péripéties d’Eugen, d’abord considéré comme coupable de l’extension du cube puis qui, grâce au cube et à une histoire d’amour, vivra un véritable chemin initiatique.

La Fièvre d’Urbicande fait donc typiquement partie de ces petits monuments de la Science Fiction en bande dessinée, qui ne sont ni spectaculaires et ni excessifs dans leur univers, mais qui arrivent tout de même à créer un monde propice à la réflexion sur la condition de l’homme. Servi par un François Schuiten au meilleur de sa forme, dont le style en noir et blanc coïncide parfaitement avec l’univers de la série, Benoît Peeters nous livre une fresque scientifique qui parlera à bon nombre d’entre vous. Auréolé du prix du meilleur album de l’année en 1985 à Angoulême, La Fièvre d’Urbicande est définitivement un must-have pour les amateurs de Bande Dessinée (franco-belge ou non).
Je vous dit à très bientôt pour un nouveau Retour Sur… d’ici là portez vous bien et n’hésitez pas à me faire vos remarques sur mon Twitter ou dans les commentaires !









