Professeur des écoles dans le public et en banlieue quand il ne dessine pas des bandes dessinées, Remedium avait publié Cas d’école – Histoires d’enseignants ordinaires en 2020 : un ouvrage saisissant et effroyable sur les conditions de travail des professeurs (voir notre critique). Employant le même procédé dans ce livre, l’auteur met principalement en scène les victimes de violences policières, ceux qu’on oublie trop souvent, qu’on invisibilise… et qui sont généralement plus condamnés que les agents contrevenants de l’État !
Développant méthodiquement leur histoire grâce à des narratifs assertifs, cette bande dessinée est sidérante tant les situations sont dans le même temps différentes et totalement identiques. Les victimes sont souvent interpellées par délits de faciès et subissent violences verbales et physiques de policiers fréquemment zélés… qui sont généralement innocentés par de fausses déclarations et des soutiens internes, même si de nombreuses preuves vidéo confirment leur mensonge !
Complémentaire au plus journalistique ouvrage Ne parlez pas de violences policières (voir notre critique), ce Cas de force majeure pointe du doigt un problème systémique ancré qui touche toutes les couches décisionnelles. L’auteur rappelle à plusieurs reprises qu’il ne faut pas faire d’amalgame en mettant tous les policiers dans le même panier, mais ses 20 histoires, de femmes, d’hommes, d’enfants, et même d’une mamie agressée à domicile, sont ahurissantes et montrent à quel point le système est vérolé à de multiples niveaux. En bonus, un chapitre à charge sur le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et un autre présentant un policier qui a eu le courage de dénoncer les exactions de ses camarades.
Cas de force majeure – Histoires de violences policières ordinaires de Remedium, Stock
Sortie janvier 2022
Illustration principale : © Remedium / Stock