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Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 21/09/2015
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par Republ33k - le 21/09/2015

Chicagoland, la critique

Nouvel ajout à la collection Mirages de Delcourt, Chicagoland se présente comme une adaptation du romancier britannique R.J. Ellory, sous la plume de Fabrice Colin et le crayon de Sacha Goerg. Un sombre histoire de meurtre qui se voit traitée du point de vue de trois personnages.

On commence avec la sœur de la victime, on poursuit avec le flic chargé d'enquêter, et on termine logiquement par le tueur en question. Un tryptique qui nous plonge donc petit à petit dans la noirceur du propos d'Ellory, que reprennent Fabrice Colin et Sacha Goerg.

Chicagoland pourra donc compter sur une construction intéressante, qui prend le lecteur par la main pour l'emmener dans des recoins de plus en plus sombres. Au fil des pages, le récit mené par Ellory et Colin devient donc viscéral, un adjectif qui devrait rassurer tous les fans du genre policier, ou celui du polar. Sans être insoutenable, l'intrigue de cet album prend véritablement en noirceur chapitre après chapitre, transformant Chicagoland en une vraie expérience de lecture.

Pour peu qu'on soit habitué au genre et à ses canons, on retrouve très vite ses marques dans cet univers pourtant bien glauque du Chicago des années 50'. C'est le personnage de Robert, le flic chargé de l'enquête, qui donnera d'ailleurs à l'histoire toute sa saveur, quelque part entre la clope froide et le café d'un diner vide. Un goût qui deviendra, de manière assez habile, totalement amer dans les dernières pages de l'album.

Si du point de vue du scénario, l'approche est solide - même s'il est difficille de déterminer qui de Colin ou Ellory doit recevoir les honneurs - elle l'est beaucoup moins du côté des dessins. Le trait de Fabrice Colin, qui a tout de même l'avantage d'être changeant et donc de traiter les points de vues et autres flashbacks de manière subtilement différente, ne correspond pas tellement à l'atmosphère de cette histoire.

Et si le décallage entre le trait et le propos pourrait être intéressant, le travail de dessin et de composition de Goerg, à de rares mais belles exceptions près, reste trop sage pour marquer. Dans le même ordre d'idée, on peut remettre en question le projet original, qui vise à adapter le texte de R.J.Ellory en bande-dessinée. Assurément, le style de l'auteur est assez puissant pour toucher le lecteur. Mais on peut, légitimement, se demander si le format BD ajoute quoi que ce soit à l'œuvre originale. Car en dehors de quelques effets assez réussis - la planche précédant l'épilogue notamment - la transition de la prose à la bande-dessinée fait surtout office de confort de lecture et de repère visuel pour les amateurs du genre, soucieux de retrouver une ville ténébreuse aux dangereux recoins, on l'imagine.

Par conséquent, sans un amour pur pour le genre, il sera difficile de plonger dans Chicagoland. Même si, il faut le reconnaître, l'édition proposée par Delcourt est assez jolie pour séduire d'autres amoureux, en l'occurrence ceux de la BD bien faite, sans aucun problème.

Récit poignant ponctué par quelques twists efficaces, Chicagoland est une histoire policière solide qui ne gagne que peu de choses à être traduite au format BD. Reste un très bel ouvrage et une intrigue viscérale, qui séduira sans aucun mal les amoureux du genre policier.

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