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par DoctorVin's - le 19/02/2018
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par DoctorVin's - le 19/02/2018

Contes Ordinaires d'une société résignée, ou les conséquences de l'inaction

L'artiste Turc Ersin Karabulut, co-fondateur de Uykusuz, un des derniers journaux satiriques de son pays, arrive en France avec ses Contes Ordinaires d'une société résignée. Dans cet album publié chez Fluide Glacial il s'attaque à certains travers de notre société au travers de 15 contes satiriques, à la fois drôles, glauques, horrifiques, mais toujours teintés de vérité. Certaines de ces histoires ont été crée spécialement pour Fluide Glacial, mais la plupart avaient déjà été publiés dans des magasines turques, puis ont ensuite été redessinés pour l'occasion. 

Que dire de ces contes ordinaires ?

Une chose est sûre, ils portent bien leur nom. En effet, on suit à chaque histoire des personnes ordinaires, dans une société proche de la nôtre (identique parfois), mais où se trouve toujours un décalage, lié à un élément fantastique ou de SF. On finit toujours par se rendre compte que les gens se sont résignés à l'accepter, sans chercher à le comprendre où à le combattre si il le fallait. L'auteur s'attaque donc non seulement aux maux de notre société, mais aussi (et surtout) à l'apathie dont peuvent faire preuve les gens, de cette tendance à baisser les bras face à une société qui déraille. C'est notamment en cela que cette oeuvre est dérangeante : elle nous montre que l'origine de tous ces maux n'est pas nécessairement notre faute, mais que c'est à cause de nous qu'ils perdurent, qu'il nous faut prendre les choses en mains.

Les thèmes abordés par l'oeuvre sont très variés, que ce soit le déterminisme, la famille, la vie de couple, le showbusiness, les phénomènes de société, le conformisme, la politique et bien d'autres encore. À noter tout de même que les histoires ne sont pas toutes d'une qualité égale, certaines sont plus finement écrite que d'autres. Mais c'est quelque chose que l'on peut facilement ignorer, car il s'agit d'histoire très courte : elles durent environ 3 à 6 pages, ce qui d'ailleurs sert à renforcer leur aspect percutant.

Chaque histoire adopte un ton différent allant du drame social à la satire. On peut rire devant une histoire tandis que la suivante nous mettera profondément mal à l'aise. Ce changement de tonalité se ressent aussi dans les dessins : l'artiste adapte son style à l'histoire qu'il raconte, et on peut donc passer d'un trait réaliste à un trait caricatural d'une histoire à l'autre. Il en va bien évidemment de même pour la colorisation. Les couleurs sont tantôt vives, tantôt fades, parfois il n'y en a même pas du tout, l'auteur utilise tous les outils dont il dispose pour servir son (ses) propos. 

Des contes ordinaires certes, mais qui nous incitent à réfléchir sur notre place dans la société. Car ce sont en effet tous nos gestes quotidiens, ces petites actions ordinaires qui vont définir qui nous sommes, et la société dans laquelle on choisit de vivre. Cette bande dessinée n'est pas une grande oeuvre ou une claque artistique, mais c'est une plutôt bonne surprise, qui se lit bien et assez rapidement. Contes Ordinaire d'une société résignée, à retrouver le 21 février chez Fluide Glacial.

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