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Critiques
par Thierry Soulard - le 25/10/2021
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par Thierry Soulard - le 25/10/2021

La part merveilleuse, T1 Les mains d’Orsay

Avec La part merveilleuse, Ruppert et Mulot commencent une série de bande dessinée difficilement classable, mais hautement fascinante.

Les toutes sont là, partout. Au début, ils ont interloqué tout le monde. Et puis tout le monde s’est habitué.

Que sont les « toutes » ? Des sortes de grandes structures organiques colorées, multiformes, changeantes, qui évoluent au milieu des humains sans que l’on ne sache trop ce qu’elles sont. Elles sont inoffensives et splendides, alors on les laisse faire.

Mais un jour, le jeune Orsay, dix-neuf ans, a un accident avec l’un d’eux, et ses mains… Changent. Deviennent des toutes.

Le voilà parti pour un hôpital parisien, pour trouver des réponses. Mais ce qu’il trouve à la capitale, c’est d’autres gens. Des gens comme lui, ou des gens qu’il attire. Parfois les deux en même temps.

Des gens, et encore plus de questions.

Violence guignolesque et rare poésie

Étrange album que ce premier tome de « La part merveilleuse », qui raconte on ne sait trop quoi mais fascine en même temps. S’alternent des scènes d’une violence quasi guignolesque, qui arrivent sans prévenir, et des moments d’une rare poésie. On y croise des jeunes gens perdus, en colère, voulant changer le monde et ne maîtrisant pas leur force. On y suit un héros gentil qui ne sait pas ce qu’il veut. On y retrouve les Rupert et Mullot de La technique du périnée – dans ce dernier album, le sexe était raconté par métaphore onirique, ici, les scènes sont similairement belles, grandiloquentes et fantastiques, mais réelles également. On découvre, peu à peu, des organismes fascinants et incompréhensibles – ou tout du moins, toujours aussi peu compréhensibles à la fin de ce premier tome de 155 pages.

Mais si les questions n’ont fait qu’amener de nouvelles questions, les personnages, eux, ont évolué, et l’on s’est attaché à eux, à leurs révoltes, à leur façon d’habiter le monde. Et on a envie d’en savoir plus.

Neuf et troublant

Rendez-vous au prochain album, donc, pour découvrir la suite de cette aventure dont on ne sait pas trop si elle relève du fantastique, de la science-fiction, ou d’un art qui n’a que faire des cases et qui cherche surtout à voir ce qu’il a dans le ventre. Car si Les mains d’Orsay est un album difficilement classable, difficilement racontable, la série La part merveilleuse s’annonce aussi et surtout une bande dessinée qui cherche à s’explorer elle-même, à raconter quelque chose de neuf, d’inédit – et de profondément troublant. Le duo Ruppert et Mulot est clairement, à beaucoup de niveaux, à l’avant-garde de la bande dessinée contemporaine, et le prouve encore une fois ici.


La part merveilleuse, tome 1: Les mains d’Orsay, de Florent Ruppert
et Jérôme Mulot, éditions Dargaud


Images © Ruppert et Mulot / éditions Dargaud

© Ruppert et Mulot / éditions Dargaud
© Ruppert et Mulot / éditions Dargaud
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