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par Elsa - le 28/10/2014
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par Elsa - le 28/10/2014

Le vieil homme et la mer, la critique

Il y a cette couverture d'abord, pleine de pénombre et de silence. Alors on ouvre cette bande dessinée déjà apaisé par ce tête à tête qui nous attend, sur la petite barque du vieil homme.

Combat à mort

84 jours que Santiago ne rapporte plus rien de la pêche. Pour tous, la chance l'a abandonné, et les parents du gamin qui l'accompagnait ont placé le petit sur un autre bateau. Pourtant, chaque matin et chaque soir, le gamin vient voir le vieux, qu'il aime comme son propre grand-père. Santiago lui parle de pêche, de baseball et de l'Afrique.

Le matin du quatre-vingt cinquième jour, le vieil homme part avant le lever du jour. Il veut partir loin au large, avec l'idée d'y retrouver sa bonne fortune. Et après des heures d'attente, il vient à lui. Un espadon gigantesque, puissant et malin. C'est le début pour l'un et l'autre d'une lutte intense qui durera trois jours et trois nuits.

L'élégance brute de la simplicité.

Libre adaptation de l'oeuvre d'Ernest Hemingway par Thierry Murat, cette bande dessinée nous narre cette histoire telle que Santiago l'a racontée au gamin. Vue à travers les yeux de l'enfant, on rentre dans les pensées de l'homme une fois qu'il est seul sur sa petite barque. 

Les planches sont formées d'une à trois grandes cases où le décor se suffit de quelques traits, concentrant le regard sur le héros, seul au milieu de l'immensité de la mer. Le choix des mots comme le dessin vont à l'essentiel, lui conférant à la fois un côté brut et serein. Les rides qui émaillent le visage du vieil homme racontent les épreuves par lesquelles il est déjà passé, le relief de l'eau suffit à nous faire entendre son léger clapotis. La mer est d'ailleurs comme un personnage silencieux, observant le combat sans jamais prendre parti.

Les couleurs sont très simples aussi. Couleur terre pour les scènes sur la terre ferme et la peau du vieil homme, bleu pour la mer et la nuit, beige pour le bois de la barque. Il n'y a pas de bulles, les dialogues comme la voix off sont posés sur les pages comme un texte tapé à la machine à écrire.

Cette épure brute et élégante donne une puissance toute particulière au récit. On est suspendu au fil de l'histoire, qui de partie de pêche déjà extraordinaire rend toute sa noblesse à la puissance de la nature, et au courage d'un homme. Thierry Murat fait honneur au texte d'Ernest Hermingway en lui laissant toute la place qu'il mérite, tout en le sublimant pas un dessin vibrant.

Cette bande dessinée, adaptation librement adaptée du roman d'Hemingway, surprend d'abord par ses choix minimalistes, qui se révèlent finalement puissants et chargés en émotion. Mise en image intense d'un combat à mort tragique et superbe.

 

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