Malika, Valentine, Hugo, Tom et Alex, lycéens en Bretagne, se réveillent un matin avec des têtes d’animaux. Très vite, ils comprennent que cette transformation est un don, et qu’elle fait d’eux les visages de la résistance face à la destruction des écosystèmes naturels, des ambassadeurs.
Benoît Broyart n’est pas novice en matière de récits pour la jeunesse, déjà scénariste de L’encyclopédie des peurs (2 tomes) et La Pension Moreau (3 tomes), il est également auteur de 7 romans jeunesse. Et ça se sent : on a aucun mal à croire à ses personnages, qu’il traite avec beaucoup de respect et de compréhension. Il travaille ici pour la troisième fois avec Laurent Richard, lui aussi connaisseur de récits jeunesse puisqu’il est à l’origine des 8 tomes de Tao, le petit samouraï.
Transidentité, abandon, éco-anxiété, les auteurs abordent avec justesse des sujets sensibles et parfois difficiles à appréhender, à la fois pour les ados qui les vivent et pour les adultes n’y étant pas confrontés. Mais le cœur de l’œuvre est à chercher ailleurs, dans les exemples donnés par la jeunesse qui en a marre de l’inaction climatique des anciens. Une jeunesse bien décidée à agir elle-même pour préserver le climat, la biodiversité, et ses conditions de vie futures.
Un propos extrêmement contemporain, qu’on peut facilement relier aux marches pour le climat réunissant régulièrement étudiants et lycéens séchant les cours pour manifester, mais aussi aux actions de désobéissance civile écologiques de plus en plus régulières dans l’actualité.
Militantisme optimiste
Là ou Unfollow, dont on vous parlait récemment, portait un message assez pessimiste sur le changement climatique et l’éco anxiété, Les Ambassadeurs, au contraire, se veut optimiste. La conclusion pleine d’espoir encourage à se mobiliser, et montre qu’avec de la persévérance, l’engagement peut payer et inspirer d’autres à s’engager à leur tour.
Laurent Richard représente ses personnages avec une grande douceur, qu’ils soient sous forme humaine ou sous forme animale, rappelant alors les animaux anthropomorphes des films d’animation Disney, grands yeux et visages expressifs inclus.
Ses couleurs, soigneusement sélectionnées, permettent de jolis contrastes et retranscrivent superbement l’ambiance pluvieuse de la campagne bretonne, sans jamais que celle-ci ne semble morne ou déprimante. Au contraire, il émane une grande beauté de ses planches de nature humide ou les animaux et végétaux sont finement détaillés. Détails qui contrastent fortement avec sa représentation des bâtiments humains, beaucoup plus froide et simple, comme pour refléter la grossièreté de ces constructions qui viennent empiéter sur les espaces naturels. Le propos est aussi dans le dessin.
On regrettera que la fin du récit ne soit un peu rapide, mais la présence d’un sous-titre “La révélation” laisse entendre que ce premier album aura une suite, et l’épilogue nous laisse imaginer un déplacement du concept dans d’autres régions du monde, où les problématiques écologiques existent sous différentes formes (et avec d’autres animaux !).
On se quitte avec quelques mots de Camille, 11 ans, qui nous a livré son ressenti sur cette lecture jeunesse, et qui espère aussi une suite :
“J’ai adoré ce livre, j’ai beaucoup aimé les couleurs et l’histoire. Par contre j’ai trouvé que ça se finissait bien, mais trop vite ! “ Camille, 11 ans
Les Ambassadeurs est une lecture qui porte des valeurs fondamentales et met en avant une génération qui n’hésite pas à s’engager. Un joli album qui incite à suivre l’exemple de cette jeunesse militante, et redonne foi en l’avenir (au moins le temps d’une lecture).
Les Ambassadeurs, de Benoît Broyart & Laurent Richard, Jungle
Illustrations : © Benoît Broyard / Laurent Richard / Jungle
