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Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 30/04/2015
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par Republ33k - le 30/04/2015

Les Promeneurs Sous la Lune, la critique

Le 18 mars dernier, Rue de Sèvres accueillait la dernière aventure de Benoît Drousie, alias Zidrou dans son beau catalogue. Une histoire métaphorique portée par le doux trait de Mai Egurza, qui cache bien des secrets. Et certains méritaient d'être partagés avec vous.

Découpée en quatre parties aux titres plutôt évocateurs, l'histoire nous emmène dans le petit monde d'un certain Napoléon, qui se découvre somnambule du jour au lendemain, lorsqu'il se réveille dans le lit d'une illustre inconnue. S'en suit alors une petite enquête pour savoir ce qui est à l'origine de cette crise aigüe. Et en partant de cette anecdote pour le moins improbable, Zidrou et Mai Egurza vont inventer une épidémie de somnanbulisme qui touchera tout une ville fantasmée.

Une intrigue loufoque qui cache bien son jeu, mais nous y reviendrons. Pour le moment, concentrons-nous sur le niveau premier de l'analayse : pour faire simple, Les Promeneurs Sous la Lune est une histoire plutôt légère, dans le bon sens du terme. Les dialogues s'enchaînent parfaitement, paraissent crédibles, et sont portés par un humour bien senti. Le scénario avance vite, et préfère se concentrer sur trois ou quatre personnages plus que sur l'épidémie en elle-même. Aussurément, vous avez là une lecture plus qu'agréable.

Mais si on restait à la surface, l'histoire manquerait cruellement d'enjeux. Il faut donc, à mon sens, prendre l'histoire comme une métaphore d'une soixantaine de pages, sur notre rythme de vie moderne. Cela ajoute de la profondeur à une histoire drôle et légère, qu'on peut alors interpréter de plusieurs manières : appel à la rêverie, retour à un modèle plus sain, gigantesque parabole sur l'amour filtré par le quotidien des grandes villes... Les Promeneurs Sous la Lune ne se limite pas à une seule signification, et c'est assurément ce qui fait son charme. La lecture nous fait travailler donc, mais le petit nuage sur lequel nous placent Zidrou et Mai Egurza est si confortable qu'on ne rechigne pas à chercher un sens à cette histoire.

Pour revenir sur les dessins, on notera l'approche de Mai Egurza, qui tout en douceur, offre au scénario de Zidrou un découpage rond et dynamique, entrecoupé de superbes aquarelles en guise de pages de garde pour les différents chapitres. Une narration séquentielle classique mais adoucie pour l'occasion, puisqu'elle fait un usage assez habile des thèmes abordés, comme celui du rêve. Une bande-dessinée idéale pour se reposer les yeux, en somme, ce qui est plutôt raccord avec le sujet de cet album.

Vous l'aurez compris, Les Promeneurs Sous la Lune est, globalement, une très bonne bande-dessinée. Mais on émettra tout de même quelques réserves. Si les dessins sont impeccables, le scénario manque parfois de liant, notamment lorsqu'il s'essaie à la satire sociale. Non pas que le propos défendu ne soit pas pertinent, il a simplement du mal à s'articuler avec l'intrigue principale, et aura pour effet de nous sortir des aventures de Napoléon. Ensuite, si l'absence de développement autour de l'épidiémie de somnambulisme permet à l'histoire d'acquérir une agréable naïveté, on regrette que l'idée ne soit pas plus développée, car Zidrou tenait ici un concept incroyable. Mais rien de grave à l'échelle de ce chouette récit.

Léger, drôle et plus intelligent qu'il n'y paraît, Les Promeneurs Sous la Lune est un superbe album qui ne manque pas de charme. Portée par des dialogues aussi vraisemblables qu'amusants et un dessin très doux, l'histoire de Zidrou vaut vraiment le détour.

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