Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Elsa - le 14/04/2014
Partager :
par Elsa - le 14/04/2014

Les Vieux Fourneaux tome 1, la critique

Après des titres comme Le Singe de Hartlepool ou Ma révérence, on commence forcément une nouvelle bd de Wilfrid Lupano en sachant qu'on va se régaler. À chaque fois, le scénariste s'associe à un dessinateur de talent, avec lequel il signe un récit tout en justesse.

Ce premier tome de Les Vieux Fourneaux commence avec un décès... Mais pour 'ceux qui restent', les surprises sont loin d'être terminées.

Survivre à ceux qui s'en vont...

Pierre et Émile quittent Paris pour les obsèques de Lucette. Ils ratent la cérémonie, mais ils viennent surtout pour Antoine, son mari. Pierre, Émile et Antoine se connaissent depuis toujours, ont fait les quatre cents coups ensemble, et le duo compte bien rester avec le veuf jusqu'à ce que ce dernier ne veuille plus d'eux. Tout se déroule plutôt pas mal, entre apéros qui s'éternisent, vieux souvenirs et éclats de rire.

Oui mais voilà, une lettre de Lucette attend son époux chez le notaire. De celles qui secouent les murs et le cœur. Et c'est ainsi que démarre un road-trip un peu particulier...

...et profiter du temps qu'il reste.

Le thème de la vieillesse est souvent abordé avec maladresse. Trop de violons, de pincettes et/ou de condescendance. Ici, c'est tout le contraire. Les Vieux Fourneaux racontent les vieux avec beaucoup de simplicité, et de malice. Il faut dire que le trio imaginé par Lupano, et à qui Cauuet donne vie, frôle la perfection. Avec chacun une personnalité forte, un passé riche en anecdotes savoureuses et encore pas mal de surprises à dévoiler, ce sont les trois grands-pères qu'on rêverait tous d'avoir, dès lors qu'on les a rencontrés. Et ils ne sont pas seuls, les personnages que l'on croise au fil des pages sont tous plus géniaux les uns que les autres. À commencer par Sophie, la petite-fille d'Antoine, qui n'aura aucun mal à s'imposer face aux trois anciens. Leurs échanges offrent de jolies confrontations entre ancienne et jeune génération.

Une fois les héros en place, c'est ensuite la manière dont les auteurs les font vivre, bouger, parler, agir, rire qui fait les grandes histoires. Ici on est servi. Tout est drôle, touchant, émouvant, et la construction est un vrai délice, entre rebondissements à la chaine et flashback savamment dosés. On ne s'ennuie jamais, chaque séquence apporte une densité supplémentaire à l'ensemble. Et les dialogues sont tout bonnement incroyables. Intelligentes et drôles, on ne se lasse jamais des piques que s'envoient les trois amis. On sent là tout le talent de Wilfrid Lupano pour saisir les gens, les écouter, et se nourrir de cette humanité pour créer ses personnages.

Et si le scénariste signe ici une histoire parfaitement construite, riche et maitrisée, il fallait un dessinateur qui saurait mettre en scène un tel récit. Cauuet s'en sort à merveille, et ses héros sont aussi attachants et pleins d'expressivité que réalistes. Sa mise en scène est particulièrement efficace, pétillante et pleine de petits détails en plus qui démontrent également un vrai talent d'observateur. Les couleurs sont un peu simples, mais suffisent pour apporter de l'énergie, et surtout beaucoup de luminosité à l'ensemble. Car le soleil est omniprésent dans cette histoire, où les héros sont censés être 'au crépuscule de leur vie'.

Difficile d'en dire trop, en réalité, tant la saveur de Les Vieux Fourneaux se découvre en le lisant, dans tous ses détails, ses petits et grands rebondissements, dans la finesse de son propos et la malice avec laquelle l'histoire est racontée. Cette bande dessinée est vraiment un petit bonheur, drôle, enjouée, intelligente. Une bande dessinée parfaitement dosée, maitrisée, qui nous laisse tout sourire, impatient, déjà, de lire la suite.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail