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par Elsa - le 8/03/2017
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par Elsa - le 8/03/2017

Parasites - tome 1, la critique

Jusque là, pour poser des mots sur le travail de Stan Silas, on aurait pu parler de l'énergie qui se dégageait de ses bandes dessinées, ce trait mignon et attachant, ces histoires touchantes et drôles... Et voilà qu'il revient avec Parasites, où l'auteur nous présente une toute autre facette de son travail....

Discrète invasion.

Duke est le genre de type qu'on aurait aucune envie de fréquenter. Lâche, flemmard, vulgaire et alcoolique, tout le contraire de son frère jumeau, Jésus, à qui tout semble réussir. Nous sommes le jour de Noël et Jésus frappe, la mort dans l'âme, à la porte de son frère. Il faut dire que sa femme refuse catégoriquement qu'ils continuent de se fréquenter.

C'est bien simple : rien ne se passe bien quand on passe du temps avec Duke. Quelques heures et autant de bières plus tard, Jésus rentre chez lui et son frère va noyer sa déprime dans un club de strip-tease un peu minable. Et c'est là que tout bascule vraiment. Et son niveau d'alcoolémie ne l'empêchera pas de réaliser que le monde qu'il croyait connaitre n'était qu'une illusion.

Parce qu'il a le chic pour être au mauvais endroit au mauvais moment, Duke devient l'homme à abattre. Mais comme son père l'affirmait "C'est toujours les connards qui s'en sortent." Une chance pour lui, c'est un rôle qui lui colle à la peau.

Chasse à l'homme.

Parasites est un titre surprenant, surtout si l'on est déjà lecteur de Stan Silas, tant il est éloigné des histoires qu'il nous avait jusque là raconté. Mais même sans cela, son dessin rond et amusant se prend de plein fouet la violence qui explose presque à chaque page. Voilà une bande dessinée très glauque, sombre, parsemée pourtant de moments tellement absurdes qu'ils ajoutent à l'ensemble une légèreté parfaitement décalée. 

Parasites va à cent à l'heure. Duke parvient à chaque fois à nous surprendre tant son comportement est amoral. S'il doit choisir entre sa petite personne et bien agir, il prendra toujours la première option, même à des degrés qui semblent incompréhensibles. En fait, c'est comme si Stan Silas prenait le côté parfaitement imprévisible des récits jeunesse pour l'inclure dans le genre horrifique. Et le cocktail, pourtant improbable, fonctionne très bien. Même si tout ce qui tourne autour des parasites est un peu attendu et qu'on peut regretter pour l'instant que le rythme du récit empêche de mieux comprendre leurs intentions, le comportement du héros promet un voyage riche en rebondissements.

C'est une lecture déstabilisante mais vraiment plaisante aussi. Stan Silas livre un titre drôle, très rythmé, violent aussi. Ils nous amènent à nous interroger, car l'auteur met en scène un anti-héros plus subtile qu'il n'y parait. Duke est vraiment détestable, méchant, égoïste, calculateur, mais est-ce qu'être doux et gentil permettrait de s'en sortir dans une situation pareille ? Et peut-on s'attacher à un tel personnage ?

Le dessin et l'atmosphère semblent presque contradictoires, le trait apporte une sorte de rondeur et d'énergie qui bousculent les codes du genre. Les planches sont très efficaces, les couleurs joyeuses tranchent avec le côté très sombre du propos. Et l'auteur parvient à dessiner des scènes très dures que le dessin rend plus supportable. 

Parasites est une bande dessinée horrifique surprenante, un peu dérangeante, mais aussi parfois drôle et très efficace. Une expérience de lecture qui donne particulièrement hâte de découvrir la suite.

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