Ce mois-ci, les éditions Delcourt vous proposent de replonger dans les aventures du célèbre Ulysse, mais sous une forme un peu spéciale. Cette relecture signée Xavier Dorison se déroule en effet en pleine Guerre d'Indépendance, qui voit les colons américains affronter leurs aînés anglais. Et c'est dans ce contexte que nous découvrons Ulysse McHendricks, qui s'apprète à rentrer chez lui, dans la ville de New Itakee, en proie aux Britanniques.
De ce pitch découle un scénario plutôt fade, sans surprises, qui se contente d'aligner les différents rebondissements sans grand intérêt. Xavier Dorison ne semble guère inspiré par son histoire, et se concentre surtout sur le transport de son personnage principal d'un point A à un point B. Quelques références à L'Odyssée agrémentent alors notre chemin : pas toujours subtiles, elles ont au moins le mérite d'être fidèles à l'idée créative de base, celle de réinventer le mythe d'Ulysse à la lumière des événements de la Guerre d'Indépendance.
De ce point de vue, c'est plutôt réussi, bien qu'on aurait aimé quelques liens supplémentaires ou moins tape-à-l'oeil, notre Ulysse McHendricks se déplaçant sur un bateau tracté par une douzaine de chevaux, pour ne citer qu'un exemple. A défaut, on plonge dans un mélange de mythologie grecque et de l'esprit pionnier américain, avec ses contrées, ses mythes et ses légendes.

Côté dessin, Eric Hérenguel souffle le chaud et le froid avec des pages globalement soignées et dynamiques mais qui pêchent dans le détail. L'utilisation des fonds et les enchaînenement entre les cases étant souvent sabotés par de mauvaises décisions, comme des filtres "de flou" qui ne sont pas du plus bel effet une fois l'album imprimé. Heureusement, les combats, assez récurrents dans l'album, sont de bonne facture.
"L'impossible est le refuge des vaincus"
Et puisque nous parlons de combats, il faudra revenir sur la réinterprétation faite d'Ulysse dans les pages de cet album. Au delà de l'époque, nous avons ici un héros grec, symbole de malice et de génie tactique, transformé dès l'ouverture en une montagne de muscles badass et peu subtile. Un changement de taille, qui à mon sens n'est pas pertinent, et devrait logiquement surprendre tous les lecteurs prêts à banquer sur le titre de l'album d'après leurs souvenirs de la mythologie grecque.

En somme, ce premier tome d'Ulysse 1781 est loin d'être inspiré, et n'aspire guère à être inspirant. Le pari de base manqué d'emblée par une réinterprétation peu subtile, on a du mal à se plonger dans cette aventure globalement quelconque et pas toujours bien dessinée. Dommage pour les fans d'uchronies et de jeux avec l'Histoire en tous genres.








