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par Elsa - le 15/03/2016
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par Elsa - le 15/03/2016

Yin et le Dragon tome 1, la critique

Les légendes chinoises s'invitent chez Rue de Sèvres avec une nouvelle série : Yin et le Dragon.

Quand les légendes prennent vie.

Une nuit de 1937, en Chine. Yin s'est cachée dans l'embarcation de son grand-père et l'accompagne pêcher malgré lui. Quand une étrange et gigantesque créature sort de l'eau, et est blessée sous leurs yeux par l'armée japonaise, la petite fille convainc le vieux Li de ramener la bête avec eux, pour la soigner. 

Mais Li préssent le danger. Croiser la route d'un dragon, ce n'est jamais bon signe, alors l'héberger... Et entre la pauvreté dans laquelle ils vivent, et les pressions des soldats japonais qui occupent Shanghai, les choses ne sont pas prêtes de s'arranger.

Le début des ennuis.

Yin et le Dragon mêle l'Histoire et le folklore chinois. À travers ce mystérieux dragon d'or, les vieilles légendes prennent vie dans le quotidien déjà tourmenté de Yin et son grand-père. Ces deux personnages, qui proposent deux points de vue différents sur la situation, créent un récit dont on ne saurait vraiment dire s'il est destiné à un lectorat jeunesse, ou adulte. En effet le personnage de Yin, sa relation avec le dragon semblent plutôt à destination du jeune public. Même si la créature et ses intentions sont encore mystérieuses, il y a dans le lien qu'ils créent une naïveté et une douceur touchante. Mais dans le regard de Li, ce dragon est effrayant. Et plus encore que cet encombrant invité, le quotidien est difficile. L'occupation japonaise contraint le peuple chinois à agir sous sa pression, et les temps sont durs. Ce contexte, traité de manière documentée et minutieuse, destine plutôt Yin et le Dragon à un lectorat adulte. L'équilibre entre le côté naïf et le côté sérieux est fragile.

Pour autant, on apprécie ce regard original sur l'Histoire, et sur une période assez récente de l'Histoire de la Chine. Dans les discussions entre les soldats, mais aussi dans leurs interactions avec les chinois, on comprend un peu mieux, avec nuance, les enjeux de cette guerre. Ce premier volume est assez introductif, le dragon, bien que très présent dans les pages, se remet très doucement de ses blessures, et dort une grande partie du temps. Le récit est prévu en trois volumes, et ce tome un se propose surtout de nous laisser prendre nos marques dans son univers, de comprendre les enjeux auxquels doivent faire face les héros, d'une manière plus réaliste et sombre que ne pourrait le laisser croire la couverture. On peut donc imaginer que la suite nous réservera d'intéressantes surprises.

Mis à part quelques perspectives un peu maladroites, le dessin est très plaisant. Rond et doux, il évoque à la fois l'animation, et le manhua (Xu Yao est chinois, et travaille dans l'animation et le jeu vidéo. C'est sa première bd franco-belge.). La mise en couleur joue beaucoup sur l'ombre et la lumière. Le résultat est d'ailleurs parfois surprenant, tant certaines cases semblent plongées dans la pénombre. Mais le résultat est intéressant, et appuie bien la sensation d'une vie pauvre et difficile, parfois baignée de lumière, comme teintée de magie. Les planches sont assez chargées, mais fluides. Elles se font même contemplatives, nous immergeant dans Shanghai au temps de l'occupation. Les personnages ne sont pas en reste avec beaucoup de focus sur les visages, leurs expressions, pour transmettre au lecteur les émotions. On s'attache rapidement à eux, même au dragon endormi.

Sous ses airs de bande dessinée jeunesse, Yin et le Dragon s'adressera peut-être plutôt à un lectorat adolescent et adulte. C'est un récit historique où s'invite les légendes anciennes. Une jolie surprise.

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