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Édito
par Thomas Mourier - le 22/10/2021
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par Thomas Mourier - le 22/10/2021

Astérix et le Griffon, Astérix au cirque, Le Trésor du Petit Nicolas… Esprit de René Goscinny es-tu là ?

Triple actualité autour du scénariste de bande dessinée préféré des Français disparu en novembre 1977, mais dont l’héritage reste immense. D’Astérix au Petit Nicolas en passant par Iznogoud, des livres au film sans oublier par une exposition dédiée, et un texte inédit mystérieusement retrouvé : l’esprit de René Goscinny est partout (mais est-il content ?)

Astérix et le Griffon

Impossible que cette information ne soit pas arrivée jusqu’à vous : hier jeudi 21 octobre, est sorti le dernier album d’Astérix, Astérix et le Griffon, un album sans ses créateurs, mais qui rappelle que la plus célèbre création de Goscinny reste, avec son tirage de 2 millions d’exemplaires uniquement pour la France, la sortie la plus médiatisée de la bande dessinée. Jean-Yves Ferri & Didier Conrad embarquent les Gaulois dans un voyage inédit, loin des sentiers battus, sur la terre des esprits du nord de l’Europe. 

L’esprit de Goscinny y est aussi ? Peut-être pas dans ce bestiaire fantastique récurrent, installé par le nouveau duo, après quelques tentatives d’Albert Uderzo (pas de spoils en com’ svp). Sûrement pas non plus dans l’apparition comme personnage principal de Terinconus, inspiré par Michel Houellebecq avec ses prises de position si loin de l’humanisme de Goscinny… 

Je critique ces points assez éloignés de l’esprit original, mais il y a de bonnes idées et c’est réussi graphiquement, mais à chaque nouvel album on se demande pourquoi l’éditeur ne laisse pas plutôt la main aux auteurs pour des « Astérix vu par » qui ne seraient pas alourdis par le cahier des charges implicite ou non.

Céleste Surugue, qui gère les droits d’Astérix à déclaré au début du mois, qu’il n’y aura pas de « Astérix vu par… » lors de la conférence de presse d’Astérix et le Griffon : « C’est le signe de séries qui s’essoufflent ».

Et la salle qui s’enflamme en brandissant les Spirou d’Émile Bravo, celui de Christian Durieux ou les Lucky Luke de Bouzard et Matthieu Bonhomme et criant à la parodie de conférence de presse (bon OK, c’est faux, c’est moi qui m’enflamme, mais vous me suivez). Bref, on vous laisse le découvrir et dites-nous ce que vous en pensez en commentaire. 

Au milieu de la campagne de promotion pour Astérix et le Griffon, coup de théâtre : Anne Goscinny dévoile une ébauche de scénario d’Astérix inconnue jusque-là. Ce texte de travail intitulé Astérix au cirque compte une vingtaine de pages et ne sortira pas tout de suite — que ce soit sous forme d’archives ou d’album « finalisé ».  « De très nombreuses personnes devraient s’asseoir autour de la table, se plonger dans l’histoire et retrouver sa voix », a précisé Anne Goscinny à l’AFP.

Le Petit Nicolas, l’autre trésor 

Le Trésor du Petit Nicolas de Julien Rappeneau

Côté ciné, Le Trésor du Petit Nicolas de Julien Rappeneau est arrivé sur les écrans le 20 octobre, accompagné de la novélisation du scénario du film par Emmanuelle Petit. Le film est une nouvelle adaptation des nouvelles de René Goscinny, illustrée par Jean-Jacques Sempé, après Le Petit Nicolas puis Les Vacances du Petit Nicolas de Laurent Tirard en 2009 et 2014. 

Bon je n’accroche pas du tout avec les films, du jeu d’acteur des enfants à cette atmosphère de comédie sirupeuse ancrée dans le passé avec un humour du présent et qui n’appartient qu’à la France. Pas que ce soit mal fait, mais seulement l’écriture de Goscinny et les dessins de Sempé emportaient dans une ambiance tout autre. 

Après lecture de la novélisation du scénario de Julien Rappeneau par Emmanuelle Lepetit, je trouve que ça à plus d’intérêt que le film, qui ne garde rien ou presque de l’esprit des livres, et ce livre se rapproche un peu plus du matériau de base, avec cette histoire originale. Bon même si l’écriture de Goscinny relevait plus du sketch avec ses saynètes décalées, ses critiques discrètes et son regard sur le monde. De la nouvelle humoristique avec ses effets de répétition indissociables des personnages, ses figures de style ou ses indépassables phrases à rallonge. De la chronique par son aspect morcelé, prise sur le vif et son côté intemporel. Cette lecture m’a fait relire les premiers livres de Goscinny — Sempé avec mes enfants et rien que ça, ça vaut le coup. 

« René Goscinny, scénariste, quel métier ! » 

Le festival international de la bande dessinée d’Angoulême annonce une grande exposition dédiée à son œuvre de scénariste pour janvier 2022 : « De ses aventures américaines, qui lui font découvrir les premières facettes du métier, à ses étroites collaborations avec les plus grands artistes du 9e Art que sont Albert Uderzo ou Morris, en passant par les luttes pour les droits d’une profession qui était encore à inventer, cette rétrospective exceptionnelle lève le voile sur les mystères de la poétique goscinnienne, qui changea à jamais le visage de la bande dessinée. »

Une excellente nouvelle même si on se rappelle que l’homme & son œuvre ont déjà été présentés & analysés dans l’exposition René Goscinny. Au-delà du rire au Musée d’art et d’histoire du judaïsme en 2017/2018.

Puis dans la grande exposition Goscinny et le cinéma à La Cinémathèque française en 2017 également qui a voyagé depuis en passant par Angoulême bien sûr et qui était encore visible à Cannes cet été.

Mais ce ne sera jamais trop pour comprendre l’esprit de l’un des plus grands auteurs de bande dessinée. 

Et je n’ai pas eu le temps de parler d’Iznogoud avec un nouvel album à paraître, mais ce sera pour une prochaine car avec la série Netflix d’Alain Chabat ou le film de Guillaume Canet les œuvres de René Goscinny (et de ses incroyables collaborateurs) vont continuer à occuper notre actualité.


Image principale : ©2021 les éditions Albert René / Goscinny – Uderzo /Jean-Yves Ferri – Didier Conrad

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