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Édito
par Thomas Mourier - le 17/11/2022
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par Thomas Mourier - le 17/11/2022

Rencontre avec Janry pour la sortie du T19 du Petit Spirou : On parle pas la bouche pleine

Ce tome 19, c’est le premier de Janry en solo, depuis la disparition de Philippe Tome en 2019, son complice de toujours, depuis leur éclatante reprise de Spirou —le grand— à l’invention du petit, qu’ils poursuivent depuis qu’ils ont laissé les clefs de la saga Spirou et Fantasio à d’autres en 1998 après Machine qui rêve.

Depuis 30 ans, ce Petit Spirou vit ses propres aventures humoristiques, dévoilant son propre univers et de nouveaux personnages emblématiques, bien loin de Champignac-en-Cambrousse, mais pas dénué de folie, proposant un commentaire décalé de notre époque. Dans cet univers de poche, mais pas hors du temps, les auteurs s’amusent des tabous habituels chez Dupuis et ont ouvert pas mal de portes pour leurs successeurs. 

En octobre 2022, le T19 On parle pas la bouche pleine sort en librairie, un album avec Janry seul aux manettes — avec le studio Cerise aux couleurs. On a posé quelques questions à l’auteur de passage en France.

Dans quel état d’esprit étiez-vous pour écrire cet album sans votre complice ? 

Janry : Il y a eu 1 an de torpeur. L’année 2019 c’était l’année horribilis. Et puis après Noël, boom le COVID. Comme je ne sais rien faire d’autre que de la BD, et dans cette espèce de bulle qu’on a traversée, j’ai commencé à me dire que je vais faire un gag du Petit Spirou, en espérant que Philippe aurait aimé que je le fasse.

Et puis c’est venu comme ça, doucement. À un moment donné, tu te retournes et tu te rends compte que tu en as déjà fait dix. Et tu continues comme ça. 

En même temps, on commençait Groot & Broot (lire l’interview avec Gihef, Morgann Tanco & Janry ici), je leur disais que ce n’était que 44 scénarios différents, qu’on allait en trouver. Je faisais le coach, mais j’en bavais aussi. Trouver un gag, c’est vrai que ce n’est pas facile. La formule qui dit  : « Ah ! C’est le dernier ! Je ne vais pas en trouver d’autre » est vraie. C’est vraiment du vécu.

Et finalement tu te retournes « Ah, bah, ils tombent quand même ! » et à un moment donné, je l’ai terminé. Est-ce qu’il est bon ou pas ? Est-ce que Philippe aurait aimé ou pas ? Je ne sais pas. 

Avant de reprendre Le Petit Spirou, je me suis dit que j’allais essayer sur un truc que je connais, au moins un petit peu. J’ai une petite série plus confidentielle qui s’appelle Passe moi l’ ciel. Là, je faisais les scénarios et je travaillais avec un dessinateur qui me laissait faire tout ce que je voulais, c’était un espace libre pour moi. 

Et me craquer les doigts sur le défi de reprendre le boulot de Philippe Tome, ça ressemble presque à une thérapie (rires).

Côté technique, comment travaillez-vous sur le Petit Spirou ? Avec quels outils ? 

Janry : Je suis de l’ancienne école. Moi c’est le papier. Je peux faire des expos, vendre des originaux. Je ne sais pas si c’est par inertie ou par choix, mais j’aime le papier. Je suis un mec du XXe siècle, j’ai connu l’époque où on avait du beau papier, du Schöller Hammer. Et on en trouve plus, car ceux qui donnaient des sous à Schöller étaient les architectes et les auteurs de BD. Les premiers à passer à l’ordinateur ont été les architectes. Alors, Schöller a arrêté et on a eu du papier de merde. 

Mais l’informatique est venu, avec le scanner et Photoshop. Donc tout ce que tu ne peux plus corriger sur le papier, ce que tu ne peux plus gratter : tu fais le scan et avec la gomme Photoshop, tu corriges. J’ai abordé le 3e millénaire avec sérénité.  

En complément, vous pouvez lire la monographie Tome et Janry — Deux vies en dessins (coup de 💖 ici) et poursuivre avec l’interview de Janry & cie pour son autre nouveauté, Groot & Broot ici.


Toutes les images sont © Janry / Dupuis

© Janry / Dupuis
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