Aux manettes de Retour à la Case Mémoire, Hugo Mathias & Adrien Bouquier, deux assistants-réalisateurs de métier, ont décidé de regrouper leurs forces pour produire et réaliser eux-mêmes leur histoire de Picsou après s’être rencontrés sur un tournage. Ils décident d’adapter une courte histoire de Don Rosa « oublie ça » publiée en 2002, une nouvelle qu’ils vont librement adapter, mais surtout transposer dans un univers d’humains. Du coup forcement, on se pose des questions !
D’où vient cette idée un peu loufoque de proposer une histoire de Picsou avec des acteurs humains ?
Hugo & Adrien : À la base c’est un constat qu’on partage — on pense — avec beaucoup de fans : les aventures de Picsou, et notamment celles de Barks et de Don Rosa, ont un côté très cinématographique (et ce n’est pas George Lucas et Indiana Jones qui diront le contraire !)
Ensuite, l’idée de les transposer en humain, c’est notamment suite au discours que peut tenir Don Rosa dans différentes interviews : pour lui, il n’a jamais considéré ces personnages comme de simples « talking ducks » : s’ils ont effectivement une apparence animale (comme les protagonistes des fables de La Fontaine), leur palette d’émotions est terriblement humaine.
Et en faire des humains rend du même coup l’adaptation bien plus exigeante – et donc intéressante – puisqu’il y a des changements à effectuer, des choix à faire, et tout un tas de questions à se poser sur comment on retranscrit cet univers dans un monde « réaliste »
Le scénario est inspiré d’une histoire de Don Rosa, mais vous avez pris des libertés ?
Adrien & Hugo : Oui tout à fait. En fait on a surtout repris le principe de base de l’histoire et cette amnésie sélective pour tous les gags visuels que ça peut apporter. Mais on a par exemple changé l’antagoniste : Miss Tick est remplacée par Gripsou, afin d’avoir une confrontation plus idéologique.
Et on a surtout essayé de proposer quelque chose qui soit plus qu’une simple transposition d’une histoire existante : l’idée était de créer une aventure qui capture l’essence des aventures de Picsou. Pour ça on est donc allé chercher des inspirations dans diverses histoires, de Don Rosa, de Carl Barks… et des éléments totalement inventés aussi.
On tient d’ailleurs à souligner le travail remarquable de Jean Chaffard-Luçon, le co-scénariste qui a rejoint le projet en fin d’année dernière et a vraiment amené le scénario et les dialogues à un niveau dont on est très fiers !
Les noms changent également, c’est pour des histoires de droits, j’imagine même si c’est une fanfiction ?
Hugo & Adrien : Oui, mais pas que : à partir du moment où on en a fait des humains, ça paraissait un peu étrange de les appeler pareils : ce ne sont malgré tout pas les mêmes personnages. Changer les noms permet de bien marquer cet aspect important du film : les personnages existent en tant que tels, pas en simples décalques (même si, bien sûr, on y retrouve beaucoup de leurs homologues de papier)
Avez-vous contacté Don Rosa pour lui présenter le projet ?
Adrien & Hugo : Oui.. et il y a un moment déjà. La première fois que je (Hugo) lui en a parlé, c’était en 2018 aux USA dans une convention. Il était intrigué, avait lu la première mouture du script (pour le coup, très proche de l’histoire).
On lui a évidemment demandé son accord, mais il a toujours répondu qu’il n’avait aucun accord à nous donner : ni les personnages, ni même l’histoire ne lui appartiennent !
Mais savoir qu’il suit le projet de loin (il a vu notre teaser,) est déjà génial ! On espère vraiment pouvoir lui montrer quand ça sera fini, et avoir son avis dessus !
Au niveau de la réalisation, est-ce que vous pouvez nous donner quelques pistes ou références pour comprendre comment vous allez transposer cet univers ?
Hugo & Adrien : On a 2 références principales : les films de Wes Anderson, pour le côté coloré et carton-pâte (idéalement, on aimerait pouvoir réaliser des maquettes pour le film… mais ça dépendra des fonds récoltés !). Et la série Netflix « Les Orphelins Baudelaire ».
Je (Hugo) suis un grand fan de cette série et de sa DA : ils ont réussi à créer un monde à la fois proche du nôtre, mais avec toujours ce petit pas de côté, cette petite excentricité qui nous rappelle que ce n’est pas vraiment notre réalité et nous permet d’accepter certaines situations qu’on trouverait autrement totalement invraisemblables. Et il y a également cette temporalité/spatialité non définie, où de vieux téléphones ou voitures côtoient d’étranges gadgets futuristes : c’est exactement ce qu’on compte faire dans notre film !
Enfin, on pense aussi aux films d’Emir Kusturica, parce que la légèreté du ton ne se fait jamais au détriment de la mise en scène, que la charte graphique de ses films est toujours mûrement réfléchie et que nous cherchons à donner aux spectateurs autant de plaisir qu’un bon « Chat Noir Chat Blanc » peut nous en procurer.
Le casting est complet ? Qui sont vos comédiens ?
Adrien & Hugo : Il est en cours de finition : de totalement validés on a 3 comédiens sur 6
- Jimmy Conchou qui joue Damien/Donald. Acteur/scénariste/réalisateur, que l’on a tous les 2 rencontré sur un tournage et qui nous est apparu comme une évidence pour le rôle : expressivité, regard…
- Aurélien Cavagna qui joue Grégoire/Géo. Acteur, auteur d’un one man show, réal aussi. Un côté totalement barré parfait pour le rôle, une remarquable capacité d’impro
- Damien Jouillerot en Lucien/Rapetou. Là encore une rencontre de tournage. Comédien de ciné et de théâtre, révélé au ciné à 16 ans par Jugnot. Actuellement dans Visitors. Côté imposant et effrayant, et en même temps quelque chose de candide, presque enfantin.
- Pour Edgar, Archibald et Émilie, on est actuellement en discussion.
Il y a des concepts arts de Alice Roval, des costumes originaux, des maquettes, des objets… comment vous bosser la préproduction ?
Hugo & Adrien : On y a mis beaucoup de cœur et d’énergie, car il y a ce vrai défi, d’adapter, de s’inspirer, de proposer quelque chose qui rappelle sans être de la recopie. Et on s’est pour ça entourés d’une troupe de fans et professionnels du ciné et des arts graphiques, qui font un travail merveilleux et nous aident à mettre en image, costumes, accessoires cet univers sauce humaine !
Alice oui, la première à rejoindre le projet, Marie-Lou Monnot aux costumes, Andréa Herreman aux accessoires… Et différents graphistes/illustrateurs pour avoir un contenu graphique varié à proposer à ceux qui suivent déjà le projet : on pense notamment à Maxime Gérome à l’origine des 2 affiches, et Timothée Rouxel qui nous a fait les logos des personnages
Il y aura une partie effets spéciaux, en post-prod ?
Adrien & Hugo : On veut la réduire un maximum, car on sait que, quelle que soit la somme qu’on récolte, on n’aura pas de quoi faire énormément d’effets numériques. C’est aussi pour ça qu’on veut jouer sur le côté bric et broc, carton-pâte, un peu vintage : on a peu de moyens, mais on l’assume et on essaye d’en tirer le meilleur ! (typiquement, on a à un moment une course poursuite en voiture : pas question de la jouer avec un décor réaliste derrière, on assume le film qui défile, les coups de volant totalement exagérés… et on en fait une force !)
Donc oui, quelques tournages en fond vert (pour Grégoire et son vélo volant par exemple), mais réduite au max.
Vous parlez d’easter egg en présentation, à quoi peut-on s’attendre ?
Hugo & Adrien : Beaucoup de choses dans les arrières plans (un peu à la manière de Don Rosa), que ce soit les tableaux dans le manoir d’Edgar, les inventions dans l’atelier de Grégoire, les noms des rues ou plaques d’immatriculation… il faudra avoir l’œil ! D’ailleurs, l’heure sur la montre du teaser n’a pas été choisie au hasard… Et puis bien sûr, une scène post générique qui devrait faire plaisir aux fans !
Ce sera un film de combien de temps ?
Adrien & Hugo : Le scénario fait 40 pages, on part sur un film d’une bonne trentaine de minutes… c’est un long-court !
Le film est prévu pour quelle date ?
Hugo & Adrien : Idéalement on aimerait tourner en fin d’été pour avoir quelque chose à montrer (si ce n’est le film, au moins un premier extrait/une vraie bande annonce) en novembre décembre, pour les 75 ans du personnage. Mais tout ça reste très dépendant de la somme que l’on va pouvoir récolter !
Un dernier mot sur le crowdfunding et comment les fans & les curieux peuvent vous aider ?
Adrien & Hugo : Ce genre de film, même bénévole, coûte cher pour produire quelque chose de qualité. Et comme c’est un fan film, compliqué de s’entourer d’une boite de prod.
Ou alors, en devant faire de grosses concessions, supprimer un certain nombre de scènes voir de personnages pour « rentrer dans les cases »
Voilà pourquoi on a opté pour un système de crowdfunding : pour faire exactement le film dont on rêve, et offrir aux fans le cadeau tel qu’on l’a imaginé. Et c’est donc pour ça qu’on s’en remet à eux.
SI vous souhaitez donner un coup de pouce au projet, découvrir d’autres visuels et infos : Retour à la Case Mémoire
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