Un autre pan de la France moderne
Même époque, autres esprits...
Alors que nous avions abordés l'ensemble des philosophes français porteur d'une idéologie davantage « scientifique » et « logique », il était également intéressant de constater qu'il a existé, à la même époque, des penseurs « dissidents » qui portèrent leur réflexion sur des sujets quelques peu différents et variés. Nous retrouverons donc dans cet article des sujets comme la métaphysique, le spiritualisme, la sociologie, ou encore la religion.
Renouvier / Spider-Woman : Il faut accepter que l'on influence le monde et donc tenter de l'influencer au mieux.
Charles Renouvier (1815)
Sa pensée se distingue par une réelle envie de revenir à une étude des phénomènes, prônant que toute autre connaissance que celle observable n'est que chimère. En effet, Renouvier considérait qu'une chose ne pouvant être perçue par nos sens n'existait pas réellement, il plaçait d'ailleurs dans cette catégorie Dieu et l'âme de l'Homme. Il s'opposait ainsi à la métaphysique qui commençait pourtant à regagner du terrain à l'époque. Il s'opposera au positivisme et au matérialisme, arguant que les phénomènes n'existent ni par eux-même, ni en dehors de nos consciences. En effet, pour lui, un phénomène est avant tout quelque chose que l'on observe, et par conséquent l'observateur modifie le phénomène par son interprétation, ce qui revient donc au même pour le phénomène de ne pas exister en dehors de l'observation qu'on en fait. Un autre aspect de sa philosophie est le thème de liberté, qu'il considère comme étant la nature même de l'homme. Sa façon d’expliquer la liberté est assez singulière mais sera déterminante par la suite : Pour Renouvier, il n'existe donc aucun phénomène parfaitement objectif, et il n'existe donc aucune vérité universelle, il n'existe que des prises de position, des choix libres. Il dira d’ailleurs qu'être « certain » revient au même que « croire » et que le fondement de la croyance est le choix libre. Nous ne connaissons jamais quelque chose, nous tentons simplement de l'approuvé comme conforme à notre « destination morale » et cette approbation est acte de liberté. Toute cette démarche philosophique l’amènera à prendre une part importante sur plusieurs sujets de son époque, ainsi, il militera contre la peine de mort, qu'il caractérise de « barbarie », il défendra fortement la laïcité ainsi qu'un compromis intelligent entre la liberté du libéralisme et la sécurité de socialisme.
A retenir : Empiriste, laïque, libéraliste, socialiste, humaniste
Spider-Woman (Jessica Drew)
Il y a un lien évident à faire entre Jessica et Renouvier et ce lien tient en un seul mot : l'influence. Le philosophe nous expliquait que l'homme influence obligatoirement ce qu'il observe, et il influence donc le monde et sa propre existence. En ce qui concerne Spider-Woman, elle exerce bel et bien une influence sur le monde et son existence, et ce, de deux manières différentes. D'une part, son histoire et sa personnalité nous montrent une femme qui exerce une influence majeure sur sa propre existence, cela passe son autonomie, ses choix existentiels, sa capacité à cheminer seule, à prendre ses propres décisions et à faire des choix personnels (Nous pouvons d'ailleurs très souvent retrouver ces traits de caractères chez le personnage, qui constitue l'un des éléments clés de sa caractérisation). En témoignent la manière dont elle « mènera sa barque » lorsqu'elle sera agent double entre l'Hydra et du Shield (dans New Avengers 2005-2008) ou le fait qu'elle rejoignent le SWORD. Dans les deux cas, il s'agit bien d'un choix qu'elle fait, sans y être foncièrement obligée, la plaçant dans la pensée libéraliste du philosophe. D'autre part, et c'est là qu'elle trouve réellement sa place auprès de Renouvier, Spider-Woman possède, parmi ses nombreux pouvoirs, la capacité de produire des phéromones et d'influencer les personnes autour d'elle. Ce pouvoir n'est alors plus seulement un simple exemple de la philosophie libéraliste mentionnée plus haut mais carrément une métaphore de ce principe. Là où Renouvier parlait d'une influence « spirituelle » sur le monde, Spider-Woman possède la capacité d'influencer « chimiquement » le monde, la plaçant dans l'exacte même situation que l'Homme décrit par le philosophe.
A retenir : Empiriste, libéraliste.
1 œuvre significative : Siège (Brian Michael Bendis)

Ribot / Mockingbird : Il faut percer les mystères de la psychologie humaine et accepter l'influence de nos émotions.
Théodule Ribot (1839)
Bien que philosophe à plein temps, il est souvent considéré comme le fondateur de la psychologie en France. Pour ce faire, il s'intéressera fortement à ses homologues anglais et allemands, et prônera une distinction précise entre psychologie et philosophie. D'un point de vue disciplinaire, il apportera un nombre impressionnant de connaissance à la psychologie. Il distinguera ainsi très tôt l'aspect conscient (réflexion, logique...) de l'aspect physiologique (sentiments, émotions...) ou, plus tard, nommé « inconscient » ou « subconscient », ce qui entrera en conflit avec les conceptions intellectualistes de l'époque, replaçant la vie affective comme première ressource de l'Homme. Il expliquera également que l'étude interne du cerveau (psychologie) n'est pas assez complète et qu'il faut lui allier l'étude « externe », comme l'étude des phénomènes nerveux et la psychologie comparée (races, enfants, animaux...). L'autre aspect primordiale de son travail sont les recherches qu'il mènera sur la mémoire, et plus particulièrement sur l'amnésie. Il théorisera, entre autre, que la perte de mémoire s’effectue toujours selon un schéma précis (du plus nouveau au plus ancien, du plus complexe au plus simple, du moins organisé au plus organisé...). Il classera enfin la mémoire selon différents rôles (qu'il compare au différents services d'une administration), leur attribuant à chacune une tâche précise, comme par exemple les savoir-faire, les savoirs, la distinction entre la mémoire épisodique (instable) et la mémoire sémantique, ou encore la distinction de la logique affective et de la logique rationnelle.
A retenir : Psychologue, sentimentaliste, chercheur
Mockingbird
De son vrai nom Barbara Morse, elle sera très vite rebaptisée en « oiseau moqueur » pour sa tendance à provoquer ses ennemis pendant les combats. Elle ne sera jamais une « héroïne » au sens noble du terme mais sera toujours un agent secret de grand talent. Le premier lien que nous pouvont faire avec Ribot, c'est l'aspect « moqueur » de Barbara. Ainsi, nous pouvons très bien retrouvé en elle une personne intelligente et disciplinée (que l'on peut apparenté au « conscient » de l'esprit analysé par le philosophe) mais également une jeune fille enjouée qui n'hésite pas à « rire » de ses ennemis (on peut alors y voir « l'inconscient » de l'esprit). Pire, elle, n'est pas tant l'aspect émotionnel décrit par le philosophe, mais par ses « moqueries », elle éveille littéralement cette partie de l'esprit chez les ennemis, qu'elle se traduise en colère ou agacement. Mockingbird n'est plus alors une simple représentation des idées de Ribot, mais elle en use ! Faisant des émotions humaines une arme, et opposant son « intelligence » consciente à l’inconscient « émotionnel » de ses ennemis. Là où la comparaison des deux personnes (Ribot et Barbara) devient encore plus intéressante, c'est quand on observe l'arc de « Secret Avengers » concernant l'héroïne. En effet, dans cette histoire, Barbara est envoyé en mission sur le terrain équipée d'un dispositif qui permet au Shield de lui efface la mémoire quand bon lui semble. Nous retrouvons alors tous le travail du philosophe sur la perte de mémoire et les mécanismes que cela met en place dans l'esprit humain, mécanismes que l'arc narratif susmentionné abordera de manière très intelligente, avec, comme personnage principal, une Mockingbird revivant littéralement les études de Ribot.
A retenir : Psychologue, sentimentaliste
1 oeuvre significative : Secret Avengers - Qui veut la peau de Mockingbird (Nick Spencer)

Sertillanges / Power Girl : Il faut se construire une vraie connaissance du monde afin de pouvoir mieux y vivre.
Antonin-Gilbert Sertillanges (1863)
Philosophe moraliste français, il est surtout connu pour ses études sur Thomas d'Aquin et pour être l'un des rares philosophes religieux de son époque. Il sera également connu pour ses différentes « méthodes » (entendons plutôt des conseils et des démarches) afin de devenir un intellectuel accompli. Il commencera par expliquer qu'il ne faut pas trop lire, conseil certes étrange, mais qu'il défendra en expliquant que celui qui lit se repose trop sur ses acquis et ne parvient plus à produire lui-même un travail intellectuel conséquent. Il vaut mieux poser une réflexion sur le monde qui nous entoure que de s'aveugler par des écrits. Il dira d'ailleurs cette belle phrase dans son ouvrage « La vie intellectuelle » : « Beaucoup lisent comme on tricote. Livré à une sorte d'indolence, leur esprit assiste au défilé des idées et se tient là inerte ». Il distinguera quatre sortes de lectures : Les lectures pour se former de manière générale, les lectures en vue d'une tâche précise, les lectures qui entraînent au travail, et les lectures qui distraient. Sertillanges dira qu'il ne faut pas accumuler trop de lecture, mais simplement connaître par cœur quelques penseurs fondamentaux, ceux qui nous « accoutument à l'air des sommets ». Le véritable penseur sait quitter son bureau afin de se redonner des forces, le principe de base étant qu'il faut tenter de faire à fond chaque chose que l'on fait. Enfin, deux dernières recommandations que ce grand penseur nous livrera pour devenir un intellectuel : Il ne faut pas devenir un spécialiste cloisonné mais bien aborder la connaissance comme un ensemble de disciplines qui s’entre-mêlent sans cesse, il faut donc s'intéresser à tout. Ensuite, il ne faut pas être réfractaire aux idées qui nous sont étrangères et ne pas les critiquer de manière innée, car certaines pensées sont vraies, certaines sont fausse, mais toutes nous mettent dans la perspective de la vérité.
A retenir : Religieux, thomiste, intellectuel, mesuré
Power Girl
Il est toujours difficile de trouver des corrélations super-héroïques avec des philosophes religieux. Néanmoins, je pense que Power Girl est un bon choix dans la capacité qu'elle a à faire « le bien » en suivant des modèles précis. Beaucoup de Super-héros ont une approche assez complexe de leur discipline, Batman relève d'un traumatisme, Superman d'une éducation, Wonder Woman d'une « mission », mais Power Girl choisira sa vocation très simplement, en suivant les pas de son cousin Superman. Et cette simplicité n'est pas une mauvaise chose, comme nous l'explique Sertillanges, il vaut mieux avoir quelques influences honorables qu'un nombre important d'influences moins nettes. Ainsi, Power Girl décidera de suivre une influence majeure, son cousin, mais quel influence ! Comme nous l'explique, encore une fois, le philosophe, il ne s'agit pas de regarder partout, mais bien de savoir où regarder, ainsi nous pouvons distinguer le cheminement d'un Clark Kent, parsemé d'une jeunesse empreinte de doute, jalonnée d'influences diverses parmi lesquelles son père et Luthor ainsi que de nombreuses remises en question sur son rôle sur notre planète (on peut alors associer le parcours de Superman à ce que refuse Sertillanges, c'est à dire se perdre dans les livres et leurs nombreuses idées) et, en opposition à cela, nous trouvons Power Girl qui saura très vite quelle est sa vocation, qui se tournera très vite du côté du « bien » et qui n'aura de cesse d'exercer son rôle de justicière (On peut donc y voir la méthode prônée par le philosophe qui est de trouver le bon guide et de le suivre).
A retenir : Thomiste, mesurée
1 oeuvre significative : Power Girl 1 - Un nouveau départ (Palmiotti Jimmy)

Alain / Extensiman : Il faut accepter d'user du déterminisme afin de faire des choix moraux.
Alain (1868)
Philosophes très connu et très étudié, Alain est encore reconnu aujourd'hui comme réellement digne d’intérêt. Il mettra au point un genre littéraire qui lui est propres, à savoir les « Propos », qui consiste en de courts articles, inspirés par l’actualité de son temps, au style concis et aux formules percutantes, et ce dans tous les domaines. Le but de sa pensée est avant tout d'apprendre à réfléchir et à penser rationnellement en évitant les préjugés. Il est souvent cité comme un « humaniste cartésien » dans sa capacité à éveiller les esprits et dans son caractère de passionné de la liberté. Pour lui, la capacité qu'à l'Homme de juger ce qu'il voit doit se faire à partir d'observations directe et non en se basant sur des systèmes théoriques. Il sera tout sa vie Athée et anticlérical mais ne sera pas hostile à la religion, qu'il admire pour son esprit universaliste. Cependant, il défendra son statut d'Athée en critiquant le côté irrationnel de la croyance religieuse. Ainsi, dans « Les Dieux », il affirme : « Le propre d'une religion est de n'être ni raisonnable ni croyable, c'est un remède de l'imagination pour des maux d'imagination » et pointera du doigts le manque d'humanisme des monothéistes en particulier. Dans cet esprit humaniste et athée, il tentera de redéfinir de manière précise la morale, basée sur des aspects innovants, et dira que la morale, c'est accéder à l'universalité et à ce qui est commun en droit à tous les esprits. Il s’opposera d'ailleurs fortement au fatalisme, jugeant cette théorie en désaccord avec le principe de morale (si tous est déjà « écrit », l'homme n'a aucun moyen d'être moral dans ses choix) mais considérera le déterminisme comme compatible avec son éthique (car la connaissance du déterminisme permet d'agir sur les choses, il contribue à l'exercice de notre liberté).
A retenir : Humaniste, éthique, moraliste
Extensiman (Elongated Man)
Ce qui caractérise Alain, c'est, tout d'abord, l'influence que notre existence a sur le monde (abordant son point de vue déterministe) et donc l'importance de faire des choix, mais surtout l'importance de faire des choix moraux. Il existe nombre de super-héros se retrouvant devant la nécessité de faire des choix moraux car ils savent que leurs choix vont fortement influencer la vie d'autrui, mais il en est un pour qui ces choix sont d'autant plus importants et c'est Extensiman. En effet, ce héros, alors pas très important, va se voir plusieurs fois projeté sur le devant de la scène par ses choix d'existences. Mais non content d'être l'un des points clés dans l'univers fictif de DC Comics, son existence marquera également l'histoire éditoriale du comics. Prenons quelques exemples significatifs : Extensiman sera l'un des rares super-héros DC à révéler son identité secrète au grand public, un choix donc très lourd de sens dans l'univers fictif de l'éditeur, il sera également l'un des premiers à se marier et vivre une vie de couple parfaitement stable, chose extrêmement rare dans les comics. Mais le point d'orgue arrive lorsque sa femme se fera assassinée, ce qui deviendra l'un des points clés de l'historique de publication de DC comics. De plus, cet événement et les actions qui en découleront seront d'une importance capitale pour la suite de l'univers ! Nous rejoignons alors parfaitement Alain lorsqu'il explique que chaque personne est importante et que nous nous devons tous de faire des choix moraux. Extensiman fera toute sa carrière des choix moraux, il portera des valeurs comme la vérité (il révèle son identité) ou l'amour (il se marie avec sa compagne), et les comics nous montre bel et bien que ce sont ces choix moraux qui dicteront nos existences, dans un aspect déterministe, mais également libéraliste.
A retenir : Ethique, moraliste
1 oeuvre significative : Justice league - Crise d'identité (Meltzer Brad)

Brunschvicg / Doctor Doom : Il faut prendre part au monde et le juger pour ce qu'il est sans rester passif face à lui.
Léon Brunschvicg (1869)
Pour lui, l'acte de l'esprit s'exprime pleinement dans les vérités scientifiques comme la philosophie et la science. Il sera d'ailleurs l'un des très rares philosophes à marier l'esprit (la spiritualité) aux sciences (l'empirisme). Il proposera l'idée que c'est le « jugement » qui, dans la réflexion scientifique, constitue le cœur de la philosophie réflexive. C'est d'ailleurs ce jugement qui permet la construction de la conscience intellectuelle (il ne faut donc pas uniquement observé le monde de manière passive ou trop objective, car cela ne permet aucune construction intellectuelle, mais il faut prendre part au monde, le juger afin de se bâtir un esprit). Dans un tout autre domaine, Brunschvicg sera considéré comme un grand humaniste, rejoignant les thèses universalistes qu'il nommera « universalisme de la raison ». Il est intéressant de remarquer que, quel que soit le domaine, ce philosophe avait pour but de réunir science et spiritualité, raison et métaphysique , considérant sans doute que la connaissance venait de partout et non d'un seul « parti-pris » sur le monde qui nous entoure. A noter que Brunschvicg sera la cible principale du célèbre pamphlet « Les chiens de garde » écrit en 1932 par Paul Nizan, ce dernier reprochant au philosophe d'être un bourgeois indifférent aux réalités sociales.
A retenir : Scientifique, spiritualiste, humaniste, logique.
Fatalis (Doctor Doom)
Je suis tout à fait conscient que Fatalis n'est en aucun cas un super-héros ni même un « gentils » de l'univers Marvel. Mais deux choses permettent tout de même de le placer ici : la première est que ce personnage, au vu de sa biographie, n'a jamais été un super-vilain, il est simplement un homme de pouvoir ayant ses lubies, tel Magneto ou Le Comédien de Watchmen. La deuxième raison est qu'avec le temps, Marvel tend à redéfinir Fatalis comme un allié distant plutôt que comme un réel ennemi des héros. Et puis, si il y a bien un endroit où l'on peut tenter d'appréhender les notions du bien et du mal de manière innovante, c'est bien un texte sur la philosophie. Cela étant dit, pourquoi associé-je Fatalis à Brunschvicg ? Et bien tout simplement car Fatalis sera l'un des seuls êtres au monde à comprendre l'intérêt de marier Technologie (Science) et Magie (Spiritualité) comme l'avait compris le philosophe en son temps. De plus, nous pouvons attribuer au latvérien cette capacité de « jugement » que développait le philosophe dans ses écrits. Fatalis n'est pas un « objecteur » du monde qui l'entoure et de ses valeurs, mais bien un « interprète » et un « juge » de ce système de valeur, les « modifiant » selon son bon vouloir. Enfin, en dehors de toutes ses idées de vengeances et d'hostilité envers Red Richards, Fatalis reste un homme emplit de valeurs et de morale humanistes, tout du moins dans le fond, si ce n'est dans la forme. En témoigne sa politique pacifiste (bien que dictatoriale) lorsqu'il sera devenu le dirigeant du monde pour une courte période (On peut d'ailleurs y voir un parallèle avec la critique qui aura été faite à Brunschvicg d'être un bourgeois ne se souciant pas du sort du peuple) . En définitive, il est évident que Fatalis n'est pas un « philosophe » dans la tradition du terme, mais il est indéniable que, par ses prises de libertés quant à la pensée ambiante et sa capacité à marier spiritualité et esprit scientifique, cet homme s'inscrit parfaitement dans la recherche philosophique de Brunschvicg.
A retenir : Scientifique, spiritualiste, moraliste, logique.
1 oeuvre significative : Marvel Graphic Novel #27 - Emperor Doom
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Valéry / Elektra : Il faut penser ses actes dans leurs tenants et leur aboutissants avant de les mettre en œuvre.
Paul Valéry (1871)
Valéry fut un philosophe qui s’interrogea énormément sur l'avenir de la civilisation. Il mettra en exergue des thèmes majeurs comme les « droits de l'esprit » ou l'impact du progrès sur l'être humain. Il réalisera plusieurs textes (sur commande) qui parlent et analysent l'actualité de son époque et qui, tel ceux d'un Alain, font preuve d'une lucidité et d'une intelligence encore impressionnants aujourd'hui ! Il sera très hostile à la montée en puissance du Nationaliste allemand dans les années 30 et publiera plusieurs papiers sur le sujet. En dehors des faits d'actualité, son autres domaine de prédilection reste la philosophie de l'art et la poésie, et plus particulièrement l'esthétique. A une époque où les arts plastiques se développe à une vitesse folle et partent dans des sens multiples, Valery tentera de revenir à certaines « valeurs » qui lui semble importantes, étudiant pour cela les écrits de Léonard De Vinci. Parmi les grandes idées de Valéry sur le travail artistique, nous pouvons citer son envie de voir des artistes qui « pensent » leurs œuvres de A à Z, prenant en considération les tenants et les aboutissants, Valéry n'étant pas particulièrement réceptif aux arts « spontanés » ou « bruts » de l'époque. On peut tout à fait envisagé que ses écrits sur l’esthétique ont eu une influence importante sur le monde de l'art et il est intéressant de constater que plusieurs « avis » du philosophes seront, plus tard, très usés dans le monde de l'art contemporain. Cette approche « subjective » du monde et ses nombreuses réflexions sur l'image de manière générale feront de Valéry l'un des grands représentants du constructivisme.
A retenir : Poète, Esthéticien, philosophe de l'art, constructiviste
Elektra
L'approche constructiviste de valéry imposait un Héros dont l'un des principaux traits de caractère est l'interprétation du monde. Elektra n'est pas à proprement parler, quelqu'un qui change souvent sa vision sur le monde, mais elle fera bel et bien plusieurs interprétations successives de son rôle en tant que combattante et, en observant sa vie, nous constatant qu'elle sera l'une des héroïnes ayant le plus « changer de camp » au cours des dernières décennies. Ainsi, elle sera tout d'abord quelqu'un de plutôt vertueux puisqu'elle se liera avec Matt Murdock, mais sombrera dans la vengeance et la violence à la mort de son père. Elle intégrera alors La Main et se laissera corrompre par celle-ci. Encore pus tard, elle parviendra à s'émanciper de cette organisation criminelle et « retombera » amoureuse de Matt. Elle travaillera pour le Caïd mais ne pourra se résoudre à tuer Foggy, l'associé de Matt. La suite de son existence se poursuivra sur le même principe de successions d'actes positifs et négatifs. Elektra peut très bien être considérée dés lors comme une transposition « existentielle » de constructivisme, à savoir que pour le philosophe, il est impossible d'objectivé le monde, et pour l'héroïne, il est impossible d'objectivé son existence, la vie n'étant qu'une succession d'interprétations, de choix et « changements de camps ». Terminons cette association de bien bel manière en émettant l'hypothèse que les théories esthétique de Valéry peuvent assez aisément être comparées aux enseignements rigoureux de l'art Ninja que fera Elektra. En effet, nous y retrouverons la rigueur chère au philosophe en matière d'art, la planification, la recherche d'un but mais également la beauté et la poésie comme éléments clés de l'existence.
A retenir : constructiviste, interpretative
1 oeuvre significative : L'homme sans peur (Frank Miller)

Lavelle / Catwoman : Il faut « participer » à la construction du monde et au développement de l'humanité à sa manière.
Louis Lavelle (1883)
Bien que souvent considéré comme un spiritualiste de tradition, Lavelle sera pourtant reconnu plus tard comme un philosophe bien plus complexe, finalement assez éloigné des théories de Bergson, à qui ont l'aura souvent associé. Emprunte de métaphysique, sa philosophie défendait l'idée que l'être n'est pas le produit d'une synthèse de perceptions et d'idées ni d'un travail intellectuel (nous ne sommes pas parce que nous pensons et vivons) mais bien un « objet universel » qui engloberait Sujet et Objet sans distinction. Le sujet devient alors son acte et se place directement en rapport avec la totalité de l'univers. Comment, dés lors, se distincte-t-on de l'Être universel ? Lavelle explique que cela passe par la prise de liberté et la création de notre personne spirituelle. Selon Lavelle, afin de mieux « communier » avec Dieu, il faut d'abord le connaître et l'accepter. Paradoxalement, les non-croyant serait dés lors des êtres simplement « perdus » dans l'universel, et ce sont les croyants, par leur connaissance, par leur distanciation de Dieu, qui peuvent communier avec lui dans un acte de liberté et de construction spirituelle. Selon Lavelle, la construction de l'être (de sa personnalité et de son existence pourrait-on dire) passe obligatoirement par la communion avec l'universel. Ce principe intérieur, c’est l’acte de la conscience, l’opération par laquelle l’individu se donne l’être à lui-même : c’est par l’acte personnel que je me figure être à la fois uni et distinct de l’être pur. J’y suis relié par la participation, qui est un thème central de l’ontologie dialectique de Lavelle : participer, c’est prendre part à l’être par le biais de mon activité réflexive. L’acte de participation, en me posant moi-même comme être particulier, c’est-à-dire capable de réflexion, pose par conséquent le monde comme porteur de sens. C’est justement dans notre expérience quotidienne du monde, par l’analyse que nous en faisons, que la valeur nous est témoignée.
A retenir : Spiritualiste, existentialiste, religieux, croyant
Catwoman
Dans une comparaison un peu complexe, j'ai choisi d'associer la spiritualité de Lavelle à la sociologie de Selina Kyle. Je m'explique : Lavelle nous expliquait qu'il n'était pas possible de se distinguer du reste du monde car notre esprit en faisait partie (ce qu'il appelait l'objet universel) et qu'il apparentait à Dieu. Il expliquait alors que c'est la connaissance, et donc la distanciation de Dieu qui permettait de mieux vivre avec lui. L'acceptation de l’universel plutôt que la confrontation pour une meilleure « cohabitation ». Si l'on décide alors de remplacer Dieu par Gotham et « l'objet universel » par sa criminalité, nous pouvons tisser un parallèle évident en la personne de Catwoman. Ainsi, pareil à la philosophie de Lavelle, Selina, sachant qu'elle fait « partie » intégrante de Gotham et qu'elle ne peut échapper à la criminalité de la ville, décide de l'accepter mais surtout de cheminer de sa propre façon à travers elle. Ainsi, elle n'est pas en lutte avec la criminalité (comme l'est Batman par exemple) mais bien en « cohabitation » avec elle. Comme le philosophe indiquait de cheminer dans l'existence en acceptant de « participer » à l'ensemble de ses aspects, Catwoman poursuit son existence en prenant en compte la criminalité et en « participant » au redressement de Gotham à sa façon (cette participation passe par des délits « mineurs » comme le vol mais également le fait d'aider les justiciers). Catwoman établit alors un « compromis » entre criminalité et morale que n'aurait pas reniée le philosophe. Car, comme le disait Lavelle, « participer », ce n'est pas lutter, mais prendre part au développement par une activité réflexive, et Selina prend part à l'amélioration de la Gotham en usant des armes de la ville.
A retenir : Existentialiste, "croyante".
1 ouvre significative : Batman Silence (Jeph Loeb)

Friedmann / Red Hulk : Il faut participer au développement du progrès mais en aucun cas en oublier son aspect humaniste.
Georges Friedmann (1902)
Bien que philosophe de formation, il est aujourd'hui reconnu comme l'un des grands sociologues de son époque. Il sera d'ailleurs souvent cité comme « sociologue du travail » tant ces travaux parlent des problèmes posés par le travail et les techniques. L'ensemble de ses travaux sur ce sujet seront directement issus de son observation du monde du travail outre-atlantique dans un premier temps, et du monde communiste dans un second temps. Un autre pan de sa réflexion porte sur la communication et la culture de masse. Il publie un ouvrage en 1936, à la suite de plusieurs voyages en Russie, où il tente de démontrer que le marxisme donne un sens plus humain et un nouveau départ au progrès technique. Il s'éloignera par la suite des idées communistes et sera exclu des milieux concernés. De manière générale, ce philosophe et sociologue aura porté une réflexion salvatrice sur le monde du travail et le progrès, arguant que la technologie et l'entrepreneuriat ne doivent en aucun cas délaisser l'aspect humaniste et identitaire du travailleur. Des idées qu'il serait bon de ressasser aujourd'hui ! Inspiré mais pas aveuglé par les idées communistes dans cette recherche d'humanisme dans le travail, Friedmann aura une phrase porteuse de sens et significative de sa pensée : « L'URSS est un exemple mais pas un modèle ».
A retenir : Sociologue, humaniste, marxiste
Red Hulk
Thunderbolt Ross est un général de l'armée qui a fait de son existence une course-poursuite contre Hulk (Banner). Un jour arrive où, dans des circonstances que je n'aborderai pas ici, il se transforme lui-même en Hulk dans un soucis de progrès et de puissance (nous retrouvons ici le premier parrallèle avec Friedmann). L'association entre le philosophe et la créature se trouve essentiellement dans l'aspect psychologique de Ross. En effet, Friedmann refusait le progrès au détriment de l'homme et il est intéressant de constater que Red Hulk trouve son intérêt, mais surtout sa puissance, dans la combinaison des deux. Ainsi, contrairement à un Bruce Banner très intelligent se laissant « envahir » par l'aspect émotionnel de sa personne, distinguant ainsi les deux aspects de l'esprit par une cloison imperméable et donc laissant « le progrès » et la recherche de « rendement » (ou puissance) bouffer littéralement l'aspect humain de sa personne, Ross parvient à déchaîner sa colère (sa puissance, son rendement) tout en conservant sa conscience et son intelligence, ce qui en fait un être « supérieur » en tout point à nombre d'autres héros de l'univers Marvel, preuve, s'il en faut, que c'est bien la combinaison de la « puissance » et de « l'homme » qui permettent le meilleur.
A retenir : Humaniste, "marxiste"
1 oeuvre significative : Hulk - Qui est le Hulk Rouge ? (Jeph Loeb)

Grandes questions à venir
Renouvier / Spider-Woman
Ribot / Mockingbird
Sertillanges / Power Girl
Alain / Extensiman
Brunschvicg / Doctor Doom
Valéry / Elektra
Lavelle / Catwoman
Friedmann / Red Hulk






