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par La rédac' Bubble - le 4/08/2020
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par La rédac' Bubble - le 4/08/2020

Comics : les sorties de juin 2020 qu’il ne fallait pas rater

Les derniers coup de coeur, entre récits originaux et rééditions de grands classiques, entre pépites indés et blockbusters : les 6 titres à ajouter à votre liste d’envie ce mois-ci.

Que ce soit chez les big two, Marvel et DC Comics, on trouve encore beaucoup de chefs d’oeuvre qui ne sont pas encore traduits ou qui n’étaient plus édités. Avec The New Frontier et les intégrales X-Factor et Fables qui continuent, vous êtes sûr de faire le bon choix pour votre bibliothèque idéale. Mais sans oublier les productions indés, des titres à ne pas manquer qui s’aventurent, avec audace, hors des sentiers battus, même si ces auteurs ne vous sont peut-être pas inconnus : le scénariste de Ronin Island, Greg Pak est bien connu des fans de Hulk et des X-Men, Zander Cannon est l’un des dessinateurs de Top10 avec Alan Moore ou encore Bill Griffith, l’auteur de Tête d’épingle, est l’un des grands auteurs de la scène underground américaine. 

Un rendez-vous mensuel réalisé à plusieurs mains par Rémi I., Thierry Soulard & Thomas Mourier. Retrouvez toutes les sorties BD, comics et manga sans la rubrique “Notre oeil sur les sorties”. Et venez en discuter avec nous sur les réseaux : FacebookTwitterInstagram.

Sommaire 📰

Sorties de juin 

🔶 Ronin Island de Greg Pak & Giannis Milonogiannis, Kinaye
🔶 X-Factor 1987 de Louise Simonson & Walter Simonson, Panini Comics 

🔶 Fables Intégrale T9 de Mark Buckingham & Bill Willingham, Urban Comics
🔶 Tête d’épingle de Bill Griffith, Presque Lune

Séance de rattrapage 

🔷 The New Frontier de Darwyn Cooke, Urban Comics
🔷 Kaijumax T1 de Zander Cannon, Bliss  


Sorties de juin 

Ronin Island de Greg Pak & Giannis Milonogiannis, Kinaye

Ronin Island de Greg Pak & Giannis Milonogiannis, Kinaye

Hana et Kenichi habitent sur une île où vivent en harmonie des peuples de toutes origines depuis la fin du Grand Vent. À peine l’épreuve devant déterminer lequel des deux est le plus vaillant terminée, c’est le destin qui les mettra à l’épreuve afin qu’ils prouvent leurs véritables compétences de combattants.

Avec les deux premiers tomes (sur trois) de Ronin Island, Greg Pak et Giannis Milonogiannis réussissent à nous amener à la croisée du Japon médiéval et d’un récit de zombie… et bien plus encore ! Car si le récit va vite, est très rythmé et prenant grâce à cette façade aussitôt accrocheuse, les deux auteurs développent aussi un grand nombre d’enjeux, sujets et valeurs tels que l’exclusion, le respect, la vie en collectivité, la transmission, l’héritage, la place de la femme, la domination, l’entraide…

Les éditions Kinaye s’efforcent depuis un an et demi à publier des bandes dessinées américaines très loin des préjugés, à mille lieues des comics de super héros qui sont encore bien trop souvent la seule image que l’on a de la production américaine en librairie. Avec Ronin Island, ils tapent juste en proposant un récit différent, attrayant et aux messages forts.

Rémi I.


X-Factor T1 1986 & T2 1987 de Louise Simonson & Walter Simonson, Panini Comics 

X-Factor T1 1986 & T2 1987 de Louise Simonson & Walter Simonson, Panini Comics

Les X-Men ont longtemps été la franchise la plus rentable de l’écurie Marvel, et sous la plume de Chris Claremont les personnages ont connu diverses évolutions, certains sont morts, d’autres comme Wolverine ont eu droit à leur propre série. Claremont va lancer plusieurs séries spin-offs : les New Mutants ou Excalibur, en parallèle Bob Layton & Jackson Guice lancent X-Factor en 1986 avec l’envie de revenir aux X-Men originels. 

Une équipe composée d’ Angel, le Fauve, Cyclope, Iceberg et…  Jean Grey. Avec l’aide de Kurt Busiek & John Byrne, ils ressuscitent le personnage le distinguant du Phénix dans les pages de Fantastic Four dans une histoire devenue indissociable de la saga du Phénix Noir. Cette remise en avant du personnage associé aux tourments de son ancien amant Cyclope permet de créer une dynamique forte à la série. Une intrigue parallèle à l’idée de départ : devenus indésirables les mutants fondent une société d’intervention anti-mutants, une couverture qui leur permettra de sauver d’autres humains au facteur X sous couvert de les capturer & de les éliminer. 

Bob Layton & Jackson Guice laissent très vite la place aux époux Simonson, Louise au scénario et Walter au dessin qui vont donner certains des plus beaux épisodes des X-Men. L’intrigue de départ laisse place à un complot plus vaste, à la création de l’iconique Apocalypse ou de jeunes mutants aux pouvoirs moins offensifs comme Artie Maddicks ou Skids, le retour des Maraudeurs & Mister Sinister ou encore de Caliban qui prend un rôle de premier plan.  

Moins citée ou mise en avant que Chris Claremont son passage sur les différents titres X-Men marquera ces séries : En plus d’Apocalypse, Louise Simonson sera aussi à l’origine du personnage de Cable avec Rob Liefeld dans New Mutants ou encore du spin-off X-Terminators qui prend ses racines dans ces 2 intragles d’X-Factor. Une série d’intégrale qui va vous donner envie de tout relire !

Thomas Mourier


Fables (Intégrales), de Bill Willingham, dessiné par Lan Medina puis Mark Buckingham, chez Urban Comics

Fables (Intégrales), de Bill Willingham, dessiné par Lan Medina puis Mark Buckingham, chez Urban Comics

Depuis qu’ils ont été chassés du monde merveilleux par un mystérieux adversaire, les Fables se sont réfugiés à New York. Les Fables, ce sont Blanche-Neige, le Grand Méchant Loup, le Prince Charmant, Jack de Jack et le Haricot Magique… Et tenter de vivre incognito dans le monde des « communs » est pour eux un souci de tous les instants. D’autant plus que le mystérieux Adversaire les poursuit jusque dans ce nouveau monde… 

La série Fables (2003-2015), c’est la rencontre improbable mais diablement efficace des contes de fées de notre enfance, et des comics américains de notre adolescence. Le Grand Méchant Loup, l’un des héros récurrents, emprunte ainsi aussi bien à Wolverine qu’à Dick Tracy. L’histoire, elle, zigzague entre épisodes de type polar social et délires fantasy assumés dans le monde des Fables. Et ça marche !

Devenue un classique avant même son dernier épisode, paru en 2015, Fables est depuis 2018 rééditée en intégrale par Urban Comics. Le 9e tome (sur 10) de cette réédition vient de paraître. L’occasion de remplir sa bibliothèque avec un des meilleurs comics récents !

Thierry Soulard


Tête d’épingle de Bill Griffith, Presque Lune

Tête d'épingle de Bill Griffith, Presque Lune

Figure de l’underground américain connu pour “Zippy tête d’épingle”, Bill Griffith devait bien cette biographie à Schlitzie le microcéphale. C’est en effet suite à son visionnage de La Monstrueuse Parade (aussi connu sous son titre original Freaks) que Tod Browning le connut et lui emprunta son physique pour créer son héros Zippy.

Dans Tête d’épingle, il revient sur la vie de cet homme qui a passé la grande partie de sa vie sur scène en tant que phénomène de foire. Vendu par ses parents à un cirque dès son plus jeune âge, Schlitzie enchaîna les “side shows”, attractions supplémentaires accolées à celles plus classiques des cirques. Ces shows traversaient le pays et exhibaient des êtres extraordinaires aux facultés ou aux physiques insolites : homme-tronc, femme à barbe, homme singe, avaleurs de sabres, sœurs siamoises… chose totalement inconcevable aujourd’hui.

Avec un traitement graphique qui rappelle indubitablement le travail de Robert Crumb, l’auteur construit un récit linéaire dans lequel il trace la vie de Schlitzie avec une grande sympathie. De ses débuts, à sa reconnaissance acquise en passant par son internement psychiatrique et sa fin de vie. Cet ouvrage est aussi l’occasion d’évoquer l’histoire de ces troupes ambulantes et des individus qui les composent avec bienveillance.

En définitive, Bill Griffith livre un ouvrage unique en son genre, jamais condescendant, et qui rend un bel hommage à celui qui a consacré sa vie aux autres.

Rémi I.


Séance de rattrapage 

The New Frontier de Darwyn Cooke, Urban Comics 

The New Frontier de Darwyn Cooke, Urban Comics

On parle souvent de ce qui ne va pas en 2020 mais arrêtons-nous juste un moment sur la chance que l’on a cette année de voir la réédition intégrale de Parker chez Dargaud ET juste avant celle de The New Frontier, deux chefs d’oeuvre de Darwyn Cooke.

Ce comics imposant de 544 pages (avec les bonus) raconte les origines des grands héros de l’âge d’argent des comics mêlé à la grande histoire, entre Guerre Froide et conquête de l’espace. Un parti-pris habile qui va permettre à Darwyn Cooke de raconter les origines d’ Hal Jordan, J’onn J’onzz et Barry Allen. Ceux qui seront connus comme les héros Green Lantern, Martian Manhunter et The Flash nous font vivre cette Amérique des années 50,  entre la Guerre de Corée, celle du Viêt Nam ou encore la course à l’armement & le programme spatial ( le titre The New Frontier est inspiré de l’un des discours célèbres de Kennedy juste avant de devenir président des USA) L’ensemble à portée très politique, et la conversation entre Superman et Wonder Woman au sujet de l’ingérence américaine en Asie donne le ton dès le début.

Les héros de l’âge d’or ont dû raccrocher les capes & les gants sous l’influence de Joseph McCarthy célèbre pour sa campagne anti-communiste. Certains continuent malgré l’interdiction, avec plus ou moins de succès pour échapper à cette nouvelle chasse aux sorcières. Si Batman résiste, Superman et Wonder Woman se sont mis au service du gouvernement et doutent d’avoir fait le bon choix. Un nouvel âge s’ouvre et on découvre les années de formation des futurs grands héros Green Lantern, Martian Manhunter et The Flash. Des trois le Martian Manhunter ou Limier martien en VF est le moins connu du public français et ce comics permet d’appréhender ce personnage emblématique et un peu oublié aujourd’hui et Cooke lui offre un rôle important dans cette nouvelle approche de l’univers DC. Pour Jordan, pas encore membre des Lanterns, ce sera le fantasme de l’espace qui va le pousser dans cette histoire bien plus que son absence de peur habituellement mise en avant. Et tous, d’Aquaman à Adam Strange en passant par l’originelle Suicide Squad ou les Losers de Kirby s’unissent derrière ce projet spatial pour affronter les menaces politiques de la guerre froide sans oublier une menace cosmique plus tangible. 

Grand styliste, Darwyn Cooke impose sa vision des personnages DC avec ces personnages très épurés. Une vision à l’aspect vintage qui capture l’essence graphique des héros pour en faire des versions iconiques difficiles à dater. Le trait est élégant et mis en valeur par un découpage fait de pleines pages, de grandes cases qui lui permet de créer de grandes illustrations dynamiques qui viennent ponctuer ce récit introspectif. Un travail mis en valeur par les couleurs de Dave Stewart, le coloriste émérite d’Hellboy, qui arrive à rendre cette atmosphère à la fois surannée et pourtant si énergique.

Un beau livre augmenté de pages de croquis préparatoires, de notes et de work in progress qui permettent de prolonger le plaisir après avoir lu cette histoire au long court. Un album indispensable pour les fans des grands héros DC, qui demande de connaître un peu les personnages en amont pour en apprécier toutes les subtilités mais qui est une pièce maîtresse de l’histoire des comics. 

Thomas Mourier


Kaijumax T1 de Zander Cannon, Bliss  

Kaijumax T1 de Zander Cannon, Bliss

Parmi les bonnes surprises dans ma P.A.L. (pile à lire) de lecture en retard, il y a ce pavé de 360 pages plein de monstres japonais rebelles, de Super Sentai géants déprimés, de robots tueurs spirituels & de guerre de gang en prison. Imaginez le monde plein de kaiju, ces monstres géants issus de mutations ou d’une incarnation de la nature, qui seraient sous étroite surveillance : qu’ils soient libres, en prison ou sous contrôle judiciaire. Montres aquatiques, électriques, mécaniques… tous ont affaire avec la justice et évoluent dans un monde où la présomption d’innocence n’existe pas pour eux. Un univers hommage à toute une partie de l’industrie du divertissement japonais par un artiste de comics qui questionne notre société, à travers des versions de Godzilla, Evangelion ou Pacific Rim en mode Prison Breaks, OZ ou The Wire

Avec un graphisme qui emprunte aussi bien au manga qu’au comics, Zander Cannon invente un univers audacieux. Remarqué & récompensé pour son travail sur Top10 avec Gene Ha sur un scénario d’Alan Moore (lire le coup de coeur ici), le dessinateur renouvelle son style et se lance dans ce projet de longue haleine.  Depuis 5 ans, il publie cette histoire sous forme de saisons, dont les 2 premières viennent d’être compilées ici avec plus d’une cinquantaine de pages de bonus : croquis & design des personnages, couvertures, critiques de films de kaijus… Les 2 prochaines saisons devraient sortir chez Bliss prochainement pour faire un T2 et les 2 dernières sont en cours de publication aux USA qui seront le T3 chez nous.

À la fois fun, décalé & coloré qui dévoile une histoire intrigante, profonde et sombre. Si nos héros ont l’air de gros Pokémons amusants, les intrigues dans cette prison font froid dans le dos. Corruption des gardiens, intimidations, guerres de gangs, violences morales ou physiques, tentatives d’évasion, trafic de drogues ou d’uranium, meurtres… les monstres ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Et toute l’intrigue de cette série aborde des thématiques dures avec toujours une pointe d’humour et ce trait décalé qui en font une lecture captivante, profonde & réjouissante.
Seule déception : ne pas encore avoir la suite ! 

Thomas Mourier

Bonus, vous pouvez lire le premier chapitre ici


Illustration principale © Darwyn Cooke / DC COMICS / Urban Comics 

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