Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par AlexLeCoq - le 27/06/2017
Partager :
par AlexLeCoq - le 27/06/2017

Janitor : Good as Gold, la critique

Découverts en France dans les pages du Doggbags 10, Bartosz Sztybor et Ivan Shavrin sont de retour chez Ankama avec leur premier ouvrage en solo chez l'éditeur français, Janitor : Good as Gold. Publié la semaine dernière dans la collection Art Design Comic-Books, ce one-shot est encore une nouvelle fois une transposition forte de l'ADN du Label 619, qui s'est toujours voulu très urbain, pour notre grand plaisir.



En effet, Janitor : Good as Gold prend place en plein cœur d'une cité américaine et raconte le quotidien d'une bande de jeunes dont le vie va être bouleversée. Comme aime le faire Run, et notamment dans le dernier numéro de Doggybags dans lequel il mélangeait street et vampire, nos deux artistes s'appuient sur un background très contemporain pour écrire une histoire finalement très fantastique, frisant l'horreur, avec une petite dose savante de fantasy. Nous suivons donc quatre héros - Dot, Mouth, Science et Prince - qui vont rapidement découvrir qu'une créature se balade dans leur quartier et s'amuse à étriper ses résidents. Évidemment, l'affaire va rapidement les toucher personnellement et ils vont être obligés de prendre les choses en main pour espérer résoudre tout ce bourbier.

Or, comme expliqué, Janitor : Good as Gold est un one-shot et ça se ressent tout au long de l'intrigue qui est menée tambour battant. Il faut dire que Bartosz Sztybor n'a que 96 pages pour conter son histoire, qui est par ailleurs véritablement efficace, notamment avec ses dialogues incisifs. Mais elle aurait presque méritée de s'étaler sur un dyptique. L'auteur polonais accélère en effet son intrigue de manière un peu drastique sur la seconde partie de l'ouvrage, qui enchaîne finalement révélations et conclusions à une rapidité telle qu'elle nous amènera à bloquer sur la derrière page quelques secondes, pour respirer un coup. La fin est par ailleurs un peu sèche et laisse finalement peu de place à l'interprétation, puisque tous les portes scénaristiques seront finalement refermées trop rapidement, claquées même, au gré de dialogues et de résolutions hâtives. Un point noir d'autant plus que le titre se lit vraiment bien et ouvre sur un univers "streetastique" assez attachant qui donne envie de revoir ce crew du hood sur d'autres enquêtes du type.

Mais ce Janitor : Good as Gold eb cache finalement beaucoup plus sous sa carapace et le monstre mis en scène n'est pas qu'une simple créature puisque son existence est sous jacente des problèmes sociaux que traversent les quartiers difficiles aux USA, problématique finalement similaire partout dans le monde. Le titre a effet la force de puiser dans les problèmes de notre société moderne liés à la pauvreté qui mène à la violence ou encore l'abandon total de certaines classes sociales dans des quartiers dit "à risques", ce sentiment d'isolement qui n'est finalement pas ressenti uniquement par les jeunes mais par toutes les strates de la société face au gouvernement, ici représenté par une police totalement invisible.

Tout le propos est mis en exergue par le style graphique incroyable et sans concession du titre, réalisé par le génial artiste russe, Ivan Shavrin, qui, en plus de son Doggybags, a aussi livré une couverture du spin-off de Mutafukaz, Puta Madre. Et son style est assez incroyable, calibré pour le Label 619, avec un trait extrêmement dynamique qui colle avec l'ambiance et le dynamisme de la narration de ce Janitor : Good as Gold. Un coup de crayon qui semble spécialement conçu pour donner vie au côté street du titre tout en respectant les caractéristiques d'une histoire fantastique, frisant l'horreur, avec quelques cases très graphiques et violentes. Mais l'artiste russe se fait aussi incroyablement plaisir au découpage et expérimente parfois trop, ce qui a tendance à rendre la lecture pafois indigeste. On vous rassure : ces erreurs se comptent sur les phalanges d'un doigt et sont clairement pardonnables face à la puissance graphique générale du titre à la croisée des mondes entre le comic-book et l'art de rue.



Janitor : Good as Gold est donc une excellente surprise pour Ankama et le Label 619 qui semble réussir à fédérer des artistes venus du reste du monde à l'ADN proche de la succursale de l'éditeur français. Des influences très street et une dimension fantastique, horreur et même fantasy à certains égards, qui donnent évidemment naissance un titre explosif, d'autant plus avec l'approche graphique du russe Ivan Shavrin. Proposé à 15€, ce titre sera donc une très bonne lecture à qui on pardonnera quelques erreurs graphique et d'écriture. On espère vivement que le duo aura bientôt la charge d'un projet plus conséquent chez Ankama.

Commentaires
Vous devez vous connecter pour poster un commentaire
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail