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Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 11/02/2016
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par Republ33k - le 11/02/2016

Jessica Jones : Alias, la critique

Ancienne super-héroïne devenue détective privée, Jessica Jones cherche un sens à sa vie troublée entre un paquet de clopes et un verre de whisky. Mais vous connaissez sans doute déjà son histoire, puisque le personnage a connu une belle exposition avec l'arrivée de la série télévisée éponyme sur Netflix, en novembre dernier. C'est dans son sillage que Panini Comics décide de publier les aventures de l'héroïne, sous la plume de Brian Michael Bendis, une période qui a considérablement inspiré Melissa Rosenberg et ses équipes pour le show.

Aussi, que ce dernier vous ait laissé sur votre faim, ou au contraire, sur l'envie d'en voir bien plus, cet album a déjà des allures d'indispensable. Pour 18 petits euros, vous pouvez en effet mettre la main sur plus de 350 pages d'enquêtes en tous genres, qui sont autant d'explorations de la psyché de ce torturé mais passionnant personnage.

Dans la lignée de ce qu'il nous avait offert sur Daredevil aux côtés d'un Alex Maleev impeccable - le quotient de spectacularité inhérent au héros aveugle en moins - Brian Michael Bendis nous livre ici un véritable petit bijou d'écriture, très bien construit et dialogué à la perfection. D'une maestria assez bluffante, le scénariste le plus proflifique de l'écurie Marvel est à des années lumières de son rythme de croisière actuel, et nous fait immédiatement tomber amoureux de son personnage principal.

L'auteur se balade, inquiet mais inspiré, dans la ténébreuse psychologie de son héroïne, plus humaine que super, qui lui sert à élaborer un vrai propos politique et social. On pense notamment à une enquête dans laquelle Jessica partira à la recherche d'un adolescente s'étant découvert des pouvoirs de mutant, métaphore évidente de son homosexualité. Au fil des pages, Bendis explore ainsi les troubles de notre société avec un personnage qui les subit plus que n'importe quel autre.

Jessica Jones, malgré ses capacités, est en effet loin de son glorieux passé d'héroïne, et le dessinateur Michael Gaydos la saisit parfaitement dans sa touchante fragilité. L'une des nombreuses qualités de ce titre est d'ailleurs d'interroger et de bousculer les codes de la narration séquentielle, dans des découpages aussi originaux que marquants.

Ils seront néanmoins à double-tranchant : les lecteurs les moins versés dans le genre du comic book risquent d'être déroutés par les jeux de Gaydos, qui reprend régulièrement les mêmes cases avec de très subtiles variations, par exemple. Dans le même ordre d'idée, on trouve au cœur de l'album, des passages beaucoup plus littéraires, qui prennent la forme d'un roman photo. Une originalité qui ne sera pas du goût du tous, mais qui sert tout de même le récit et son atmosphère de polar.

Dialogues mitraillette, discours sociaux pertinents et réflexions transversales sur le genre et ses codes graphiques sont au programme de ces aventures de Jessica Jones, qui sont sans doute parmi les meilleurs écrits du prolifique Brian Michael Bendis, ici superbement prolongé par le style de Michael Gaydos. Un must.

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