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par LiseF - le 3/02/2018
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par LiseF - le 3/02/2018

Kill or be Killed : payez votre loyer en meurtres

Découvrez la toute première critique de DoctorVin's, notre stagiaire qui nous rejoint pour deux mois ! Il n'a pas encore de compte alors il écrite sous le blaze de Lise, mais c'est bien lui la plume ! 

Seriez-vous prêt à tuer pour éviter d’être tué ?

Tel est le dilemme auquel va se retrouver confronté Dylan, l’antihéros de « Kill or be Killed », la dernière série d’Ed Brubaker et de Sean Phillips. Souhaitant mettre fin à ses jours, Dylan est sauvé par un démon. En échange, chaque mois, il devra lui payer un loyer. Le montant ? Un meurtre, mais pas le meurtre de n’importe qui : il faut que cela soit une personne mauvaise, un criminel. Publié aux US chez l’éditeur indépendant Image Comics depuis aout 2016, la série est enfin éditée en France par Delcourt

Au travers des choix que devra faire Dylan, Kill or Be Killed interroge notre rapport à la justice et à notre société. Malgré une narration parfois lourde, l’écriture est subtile et les dialogues sonnent juste. C’est donc rapidement que l’on rentre dans l’histoire, et que l’on s’attache aux personnages. Ces derniers sont d’ailleurs le coeur et la force du récit, tant Brubaker les construit avec soin au fur et à mesure qu’avance l’intrigue. Leurs interactions en sont d’autant plus intéressantes, et elles permettent d’ailleurs d’explorer plus de thèmes que ne le promettait le pitch. L’amour, l’amitié, le déterminisme, la famille sont autant de thématiques qui se dévoilent par petites touches et finissent par se retrouver au coeur de l’histoire et à la mener.

 Cette multiplicité des thèmes apporte aussi un mélange des genres, et l’auteur s’amuse avec les codes du thriller, du polar, du fantastique, du super-héros, de l’horreur et de la comédie romantique (voir du soap ?). Le polar reste tout de même le genre dominant (qu’attendre d’autre avec cette équipe créative ?), ne serait-ce que par cette narration sous forme de monologue intérieur, qui évoque n’importe quelle voix off sortie d’un film noir. Mais c’est aussi et surtout graphiquement que le style du polar s'impose. 

Comme d’habitude Sean Phillips excelle aux dessins avec des planches très détaillées. Il impose cette ambiance de polar tout au long du récit, notamment via son découpage très cinématographique, qui donne l’impression de regarder un film noir. Le texte s’échappe même parfois de la page, pour laisser pleinement la place aux planches de Phillips. Il ne faut pas non plus oublier les couleurs d’Elizabeth Breitweiser qui participent grandement à l’ambiance (plutôt aux ambiances) et se mettent au service du récit. 

Un bilan plutôt très positif pour le premier tome de la série (comprenant les quatre premiers singles VO). On sent que les auteurs en ont encore sous le pied, que la série va prendre de l’ampleur et aller encore plus loin dans ses thématiques (le cliffhanger final promet beaucoup de chose). C’est en tout cas une série à suivre, ne serait ce que pour voir l’évolution de Dylan, et jusqu’où va le mener ce pacte qu’il a fait avec le démon (ou peut-être était-ce avec lui-même?). 

Fort d’une équipe créative en parfaite synergie, Kill or be Killed est une oeuvre dense et riche qui nous offre une plongée au coeur de la psychologie humaine, et plus particulièrement notre rapport à nous-même et aux autres.

Quelle personne ai-je envie de devenir ? Vais je choisir de tuer ou d’être tué ?

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