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Critiques
par Baptiste Gilbert - le 21/03/2023
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par Baptiste Gilbert - le 21/03/2023

Radiant Black T1 & 2, au delà des sentai

L’univers partagé “Massive Verse” débarque en France chez Delcourt avec la série qui l’a lancé : Radiant Black, de Kyle Higgins et Marcelo Costa. Un récit super-héroïque inspiré des sentai japonais, qui rend hommage au genre mais en casse rapidement les codes.

Publié à l’origine en 2021 aux USA par Image Comics, Radiant Black a posé les fondations du “Massive Verse”, un univers partagé de super-héros chapeauté par Kyle Higgins, au sein duquel on retrouve également les séries Radiant Red, Rogue Sun, The Dead Lucky et Inferno Girl Red, ainsi que des crossovers annuels nommés Supermassive (ces autres récits restant pour l‘instant inédits en France).

Kyle Higgins (scénario) et Marcelo Costa (dessin et couleur) sont à l’origine de la série qu’ils partagent avec les scénaristes Cherish Chen, Joe Clark et Meghan Camarena ; les dessinateurs Eduardo Ferigato, David Lafuente et French Carlomagno ; et les coloristes Natalia Marques, Miquel Muerto, Igor Monti et Mattia Iacono sur ces deux premiers tomes.

Un hommage aux sentai avec un joli twist

On suit l’histoire de Nathan, un trentenaire dont la vie stagne, en passe d’abandonner ses rêves lorsqu’il tombe par hasard sur une combinaison qui va lui offrir un pouvoir cosmique surpuissant. Alors qu’il tente d’apprivoiser ses nouvelles capacités avec son ami Marshall, il se rend compte qu’il n’est pas le seul à disposer de ce genre de pouvoir, et que les enjeux sont bien plus grands que prévu.

© Kyle Higgins / Marcelo Costa / Delcourt / Image Comics

L’œuvre rend hommage aux récits de sentai, un genre que Kyle Higgins et Marcelo Costa connaissent bien, ayant tous deux officié sur les séries de comics Power Rangers et Ultraman. Les auteurs se distinguent toutefois rapidement et cassent les codes de ce genre, en y apportant des thématiques différentes et en délaissant l’aspect manichéen qui revient régulièrement dans ces productions.

La figure du ou des élus, qui vont à la fois sauver la planète et résoudre leurs problèmes personnels grâce à leurs nouveaux pouvoirs, est malmenée. Le personnage principal, qu’on croit aux premiers abords être l’archétype de l’élu, se révèle vite peu optimal pour assumer son rôle. Ne vous attendez pas non plus à une fusion entre les héros pour former un robot géant,  autre classique des histoires de sentai : l’entente au sein du groupe est bancale et tout sauf cordiale. Enfin, le récit se démarque par son échelle, qui ajoute une dose de conflit interstellaire aux traditionnels affrontements terrestres.

Au fil du tome 2, l’œuvre change en effet complètement d’ampleur et décide d’aller à fond dans son aspect cosmique. On passe alors d’une histoire de sentai très terrestre à un récit impliquant des entités célestes surpuissantes. Jusqu’à un voyage dans les profondeurs de l’espace temps qui évoque la fin du 2001 l’odyssée de l’espace de Kubrick.

Des pouvoirs pour briser la monotonie

Visuellement, le style est de prime abord très (trop) classique et les couleurs un peu ternes, mais ce défaut initial est justifié par des scènes offrant par la suite une explosion de couleurs dans un style néon. C’est dans ce contraste travaillé entre des planches relativement ternes, et d’autres ou une déferlante de couleurs explose à la faveur des pouvoirs des protagonistes, que réside la véritable force visuelle de Radiant Black.

© Kyle Higgins / Marcelo Costa / Delcourt / Image Comics

Les personnages, eux, sont tous plus ou moins perdus dans leur existence, et c’est l’accès à leurs nouvelles capacités qui va leur permettre de trouver un second souffle et d’essayer de reprendre leur vie en main. Pour les lecteurs comme pour les personnages, ce sont donc ces pouvoirs qui viennent briser la monotonie (visuelle pour les premiers, du quotidien pour les seconds). Le tome 2, en allant à fond dans l’imagerie cosmique, augmente encore l’intérêt visuel de l’œuvre et rend hommage aux grands récits célestes à la Jack Kirby.

Seule exception, le chapitre 6 dessiné par David Lafuente, qui nous raconte l’origine d’un personnage secondaire avec un style plus marqué – y compris dans les scènes du quotidien – très appréciable.

Le récit est un peu inégal, avec des moments bien rythmés qui donnent envie de dévorer la suite, et d’autres où tout va un peu trop vite et où les interactions entre les personnages sonnent légèrement fausses. Globalement, on suit néanmoins cette histoire avec un grand plaisir, et les twists scénaristiques nous remettent dedans sans problème en cas d’essoufflement.

Radiant Black est une œuvre multifacette, qui sait évoluer de manière judicieuse à la fois scénaristiquement et graphiquement lorsque le récit menace de s’essouffler. Un hommage accrocheur qui réinterprète les histoires de sentai en en cassant les codes, et dont les thématiques et l’ampleur changent drastiquement au fil des chapitres.

Radiant Black de Kyle Higgins, Marcelo Costa & Co, Delcourt (2 volumes déjà dispo)


Illustrations : © Kyle Higgins / Marcelo Costa / Delcourt / Image Comics

© Kyle Higgins / Marcelo Costa / Delcourt / Image Comics
© Kyle Higgins / Marcelo Costa / Delcourt / Image Comics
© Kyle Higgins / Marcelo Costa / Delcourt / Image Comics
© Kyle Higgins / Marcelo Costa / Delcourt / Image Comics
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