Ici, les victimes ne sont pas des adultes sans scrupules ou névrosés mais de simples bambins. Âmes sensibles s’abstenir donc, car les pages de Something is Killing the Children sont, comme le nom l’indique, jonchées des restes d’enfants innocents charcutés. La grosse particularité de la série est son dessin, aux couleurs pâles et qui utilise peu la perspective. Ce dessin au pastel permet de rendre endurables des scènes qui, lorsqu’on y réfléchit, seraient à la limite du traumatisant. La pagination polychrome joue sur ces couleurs monotones, pour faire ressortir l’aspect dramatique ou menaçant de la situation. Un lavis apparaît par moments, lorsque les personnages ressassent des souvenirs douloureux.
Mais Something is Killing the Children ne se résume pas à cela. C’est un récit troublant à l’injustice révoltante, mais où les personnages n’ont pourtant rien d’héros exemplaires. De l’adolescent en perdition à la jeune femme mutique et brutale, on s’éloigne des sentiers communs. Cette dernière incarne un personnage principal inspirant, loin des montagnes de muscles viriles si plébiscitées.
Le manque de perspective trouble parfois les pages emplies de mouvements, produisant des combats flous et durs à suivre. Peut-être un parti pris des auteurs, qui cherchent à recréer ces moments où l’on est sous le choc, et où tout passe à 1000 à l’heure ?
Le dessin et la palette chromatique de de Something is Killing the Children forment un style bien particulier, qui peut être dur d’appréhension, mais finit par être cohérent avec l’univers. Les amateurs du genre apprécieront ce scénario sans concession, où une menace invisible et inconnue vient terroriser les personnages. Car avant d’éliminer ce tueur silencieux, il faudra l’identifier.
La réédition du premier tome de cette série fait suite à son succès, logique lorsqu’on connaît son aspect unique et novateur.
Something is Killing the Children de James TYNION IV & Werther Dell’Edera, Urban Comics
Traduction par Maxime Le Dain
Illustrations : © Urban link / James TYNION IV / Werther Dell’Edera