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Critiques
par Rémi I. - le 21/01/2021
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par Rémi I. - le 21/01/2021

8 séries terminées pour bien commencer l’année

Pas toujours facile de faire son choix parmi la multitude de sorties manga mensuelles. Voici donc quelques-unes des meilleures lectures de la fin l’année 2020.

Aussi difficile qu’elle fût, l’année 2020 est bel et bien derrière nous ! Pour fêter ça, on vous a sélectionné les 8 meilleures séries manga terminées lors du deuxième semestre de l’année… De quoi rattraper votre éventuel retard avant de profiter de cette année 2021 qui s’annonce déjà très riche en surprises et nouveautés !

Sommaire 📰

– Blizzard Axel de Nakaba Suzuki, nobi nobi !
– Bloom into you de Nio Nakatani, Kana
– Deep Scar de Rossella Sergi, H2T
– Elin – La Charmeuse de bêtes de Nahoko Uehashi & Itoe Takemoto, Pika
– La Fille du temple aux chats de Makoto Ojiro, Soleil
– Our colorful days de Gengoroh Tagame, Akata
– Riku-do – La rage aux poings de Toshimitsu Matsubara, Kazé
– Transparente de Jun Ogino, Kurokawa

Blizzard Axel de Nakaba Suzuki, nobi nobi !
6 tomes doubles – Traduction : Fédoua Lamodière

Formé à l’école du Shōnen Jump, Nakaba Suzuki est à présent un des mangakas phares des éditions Kodansha. Connu pour son shōnen d’aventure Seven deadly sins, il est aussi l’auteur de titres sportifs. Les éditions nobi nobi ! ont eu la bonne idée de sortir l’un de ses plus connus en volumes doubles. Dans ses 6 tomes, le mangaka mise à fond sur le nekketsu. Son héros va donner constamment le meilleur de lui-même pour devenir l’élite dans sa discipline : le patinage artistique ! Déjà qu’il est rare de lire des titres sportifs en France (qui ne rencontrent, encore aujourd’hui, que peu de succès), on ne s’attendait pas à lire une œuvre abordant un tel domaine. Et tout ce qu’on peut dire, c’est que c’est une grande réussite.

Très drôle, fringante, palpitante, cette série a de quoi captiver garçons et filles. Il ne faut s’attendre à rien de très novateur, mais à une plaisante et très propre exécution. Le dessin de l’auteur est déjà bien soigné, on en apprend plus sur cet univers méconnu et au premier abord hermétique. Une lecture rafraichissante, pas trop longue et bien grattée.

Bloom into you de Nio Nakatani, Kana
8 tomes – Traduction : Aline Kukor

Yû et Tôko sont dans le même lycée. Ce sont deux filles très différentes. La première, plutôt réservée, n’a jamais connu l’amour. La deuxième, élève modèle, rejette prétendant sur prétendant… Ce qu’elle cherche, elle le trouvera finalement en Yû. Car l’amour ne dicte pas ses lois. Seulement, Yû n’est pas prête du tout à accepter les avances de Tôko… Trop de questions se bousculent dans sa tête et elle préfère décliner au risque de la perdre. Une amitié naîtra, biaisée, car il n’est pas facile de vivre une telle relation asymétrique.

Mais Nio Nakatani est intelligente. Elle travaille son couple entre sentiments, réflexion, tranche de vie et romance lycéenne. Elle construit leur relation en toute subtilité, avec naturel et doute, passion et crainte. C’est exactement là que se situe toute la grande force de cette série : son réalisme et son accessibilité. Jamais rentre-dedans, elle déroule sous nos yeux un amour impossible, un amour naissant, une attirance… comme elle l’aurait fait avec n’importe quelle relation hétérosexuelle. Sans fantasme, leur rapport se construit avec douceur et pudeur. Une jolie lecture sur l’amour, tout simplement.

Deep Scar de Rossella Sergi, H2T
4 tomes – Traduction : Mahmoud Larguem

L’Italienne Rossella Sergi aime le manga depuis sa plus tendre enfance. Ça se ressent, ça se voit. Avec Deep Scar, elle livre une romance adulte qui n’a rien à envier à ses consœurs japonaises. Cette histoire met en scène Sofia, 22 ans. Une étudiante débarquant en ville pour ses études. Loin de son cocon habituel, elle va s’ouvrir à la vie et tout ce qu’elle ne pouvait pas découvrir avant, puisque son copain et ses parents étaient tout le temps sur son dos. Elle arrive dans un appartement dans lequel sa colocatrice est à mille lieues de ses habitudes. Elle et ses connaissances poussent la jeune adulte dans ses retranchements. Interrogations, sentiments, doutes se bousculent dans sa tête.

Et si ce qu’elle avait vécu jusqu’à aujourd’hui n’était pas ce qu’elle voulait vraiment ? En la surprotégeant, ses connaissances lui veulent-elles du bien, se l’accaparer, ou cachent-ils quelque chose de plus profond ? C’est avec plein de bon sens, un ton et des questionnements adultes, de lourds secrets et une excellente maîtrise de la narration intimiste que l’autrice arrive à composer une histoire qui offre en définitive bien plus qu’attendu.

Elin – La Charmeuse de bêtes de Nahoko Uehashi & Itoe Takemoto, Pika
11 tomes – Traduction : Emmanuel Bonavita

Déjà évoqué en séance de rattrapage des pépites de 2019, on se devait de vous parler de la suite de cette série. Terminée comme elle a commencé, cette très jolie histoire est tout aussi réussie que passée inaperçue. Pourtant ce ne sont pas les qualités qui lui manquent. Déjà, graphiquement, Itoe Takemoto fournit un fabuleux travail qui exalte toute l’émotion et la perspective naturaliste du titre. Adapté d’une histoire de Nahoko Uehashi, le manga n’a de cesse d’être enveloppant. Son héroïne poursuit son parcours d’éleveuse malgré elle aux côtés des plus puissants de son monde. Fidèle à ses principes de bout en bout, elle parvient à entretenir un lien ténu entre l’homme et la nature, et plus particulièrement à déjouer le rapport de force et d’asservissement que fait subir le premier au second.

Intelligent dans son propos et son déroulé, bienveillant dans son message, merveilleux par son élégance graphique, altruiste et fort grâce à son héroïne, Elin – La Charmeuse de bêtes est de ces mangas qui mettent du baume au cœur tant il véhicule de belles valeurs. Une série doudou que l’on chouchoute et conseille à toutes les bonnes âmes.

La Fille du temple aux chats de Makoto Ojiro, Soleil
9 tomes – Traduction : Florent Gorges

Chion vit à la campagne, dans un temple familial. Gen, son cousin éloigné, la rejoint. Ils se sont connus dans leur plus tendre enfance, mais ils ont à présent bien grandi. Gen est lycéen, et Chion une jeune adulte pleine de charme. Cette série repose sur leur simple relation familiale, entre attirance (c’est l’âge), attention, tendresse et taquinerie. Construite comme une tranche de vie sans prétention, ce sont les simples plaisirs et la tranquillité du quotidien qui priment : recevoir des edamames, s’occuper de la maison, lézarder sous la chaleur accablante de l’été, pratiquer le kendo, se balader sans but, travailler de la terre, se baigner…

Les chats du titre ne sont qu’un prétexte, le temple aussi, mais les deux sont bien présents en décors et permettent l’installation d’un arrière-plan mignon et authentique. Chion, quant à elle, prend beaucoup de place et une grande partie des attraits de ce manga repose sur ses épaules. Parce qu’elle est jolie, parce que Makoto Ojiro est une autrice qui sait en jouer sans abuser, mais surtout parce qu’elle est avenante. Vivre à ses côtés est un bonheur dépaysant, sans cesse renouvelé.

Our colorful days de Gengoroh Tagame, Akata
3 tomes – Traduction : Bruno Pham

Avec ses deux dernières séries, Gengoroh Tagame a su le prouver, il est capable de parler d’homosexualité au large public. Contrairement au Mari de mon frère, dans lequel il mettait en scène le veuf d’un couple d’hommes adultes qui s’aimaient, Our colorful days se concentre sur les sentiments et le parcours d’un jeune garçon qui se découvre. L’avouant lui-même, il a écrit une histoire qu’il aurait lui-même aimé lire à l’adolescence, quand il se rendait compte qu’il n’était pas « normal » aux yeux des autres et qu’il n’était pas évident de l’assumer publiquement. Même si la société a depuis évolué, ce genre de titre paraît effectivement être important. Traitant d’un sujet qu’il connaît et qui lui parle, le mangaka sait choisir ses mots et montre pas à pas comment son jeune héros arrive à trouver sa voie. Un chemin individuel, certes, mais qui devrait aider les garçons dans la même position que lui.

Cette série douce est touchante de réalisme, d’humanité et de bons sentiments. L’homosexualité y est centrale, mais ses thématiques sont universelles. Une lecture très positive qui invite au respect de la différence, à la tolérance, à s’écouter et à s’accepter tel que l’on est.

Riku-do – La rage aux poings de Toshimitsu Matsubara, Kazé
23 tomes – Traduction : Arnaud Delage

En carence parentale, Riku est de ces enfants qui commencent mal dans la vie. Un jour sa vie bascule dans le même temps dans l’horreur et la liberté. Il retrouve son père pendu au milieu du salon. En réaction à la violence quotidienne qu’il subissait, le jeune garçon déverse toute sa haine accumulée et boxe son cadavre tel un punchingball. Côté maternel ce n’est pas brillant non plus. Droguée, sa mère est abusée au quotidien. À bout, le gamin tue son amant-dealer à coup de cendrier.

Riku-do – La rage aux poings porte bien son titre. Riku est un garçon détruit par la vie qui va suivre sa voie, son chemin (« dô » en japonais). Ce sera la boxe. C’est une question de survie. Sa seule raison de vivre. Visant haut, très haut, il ne se ménage pas. Il enchaîne entraînements et rencontres. Il se donne toujours à fond et déverse sa rage sur ses adversaires tous plus terrifiants les uns que les autres. Toshimitsu Matsubara suit son récit sans faire de compromis, quitte à être radical ou caricatural. Il fait vivre les pires rencontres à son héros qui se retrouve constamment acculé dans les cordes, à la limite de ses capacités. Mais c’est ça aussi qui fait la force de ce titre qui rappelle à sa manière des classiques comme Coq de combat et Ashita no Joe.

Transparente de Jun Ogino, Kurokawa
4 tomes – Traduction : Satoko Fujimoto & Nathalie Bougon

S’il y a bien eu une surprise totalement inattendue niveau manga en 2020, il s’agit bien de cette série. De ses premières couvertures fleuries accompagnées de l’héroïne en plan poitrine jusqu’à cette couverture désertique énigmatique. De son côté fantastique évaporé jusqu’à ses questionnements bien réalistes. De son rythme et sa narration contemplative, économe, à son ton bien particulier. De son cheminement inattendu à ses questionnements invitant constamment à la réflexion. En définitive, Transparente surprend, désarçonne. Interroge, beaucoup, sans pour autant vraiment donner de réponses. Cette série remue également. Par sa violence sourde et psychologique. Son acte fondateur et destructeur. Son héroïne à bout, perdue et courageuse.

Une lecture qui ne laissera pas indifférent et qui parviendra à interpeler sur de nombreux sujets comme la famille, l’enfance, les violences conjugales, l’amitié, la justice, la culpabilité, la rédemption… Un cheminement dramatique et intense à la recherche de soi, du sens de la vie, entre aveux, confiance et acceptation.

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