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par Elsa - le 22/05/2015
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par Elsa - le 22/05/2015

Mon étoile secrète, la critique

La jeune collection Urban China publie cette fois-ci un récit sur l'adolescence : Mon étoile secrète.

Grandir.

Xiaoxi a passé l'essentiel de sa scolarité dans son petit village natale, mais vient dans une grande ville, Wuhan, quand elle intègre son lycée. Elle qui était assurément la fille la plus populaire de son collège perd tous ses moyens dans cet nouvel univers.

Elle fait connaissance avec Yan Huan, la plus jolie fille de l'école, et Lin'an, un élève brillant, beau, à qui tout semble réussir. Comment arriver ne serait-ce qu'à la cheville d'êtres aussi lumineux ? Peu à peu, la confiance en elle de la jeune fille s'effrite, remplacée par une douloureuse mélancolie. Pourtant, elle décide de ne pas se laisser abattre, et tente d'avancer avec maladresse.

Mon étoile secrète est un one-shot plein de tendresse, qui reprend les codes du shojo, sans vraiment différer de ses homologues japonais, si ce n'est pas son traitement graphique tout en couleurs. 

Doutes et premiers émois.

Comme Wang He, la dessinatrice, nous l'explique dans le carnet graphique à la fin de l'ouvrage, chacune de ses planches est réalisée à l'aquarelle. Le dessin est très doux, un peu naïf, appuyé par une colorisation à la fois vive et très délicate, qui représente bien le passage de l'enfance à l'âge adulte, de l'innoncence joyeuse aux doutes, que traverse l'héroïne. Se concentrant sur des petits détails du décor, sur le ciel mais aussi sur le visage très expressif de Xiaoxi, le dessin donne vraiment la sensation d'une oeuvre intime, que l'on vit totalement aux côtés du personnage principal. On pourra cependant regretter que le récitatif (voix-off) soit placé sur des zones un peu floutées, sans plus de travail sur leur présentation, ce qui gâche un peu la beauté des planches.

L'histoire, c'est donc celle assez classique d'une jeune fille troublée par son passage à l'adolescence, surtout concernant des sentiments amoureux qu'elle doit réprimer. Pourtant, si on a l'habitude de trouver dans les shojos une héroïne remplie de qualités, Mon étoile secrète fait un choix plus subtile, presque déstabilisant. Xiaoxi est loin du cliché que l'on se forge à la lecture de ce genre de titre. Si elle est sensible, maladroite et gentille, elle est aussi orgueilleuse, parfois envieuse, et perd cruellement confiance en elle dès lors que quelqu'un est meilleur qu'elle, comme si ne pas être la meilleure en tout signifiait ne rien valoir. 

C'est un peu étrange à la lecture, l'empathie ne venant pas instinctivement pour cette héroïne, presque insupportable par moment tant elle a tendance à l'auto-apitoiement. Pourtant, cette jeune fille imaginée par Wang Qiaolin, la scénariste, pose un regard plus juste sur ce mélange de défauts et de qualités qui forment un être humain. Nombreuses sont les personnes qui se retrouvent comme paralysés parce qu'ils se comparent sans cesse, ne se donnant aucune valeur dès qu'ils trouvent meilleurs qu'eux, se gâchant bons moments et opportunités à cause de ces raisonnements négatifs. C'est aussi un regard plein de finesse sur cette période un peu frémissante de la vie, où chaque émotion est douloureuse, où l'on avance sans trop savoir ce que l'on veut ni où aller, et où on finit parfois par devenir spectateur de sa vie à force de trop l'analyser. 

Mon étoile secrète est un récit doux, une évocation délicate de l'adolescence, et des fragilités que provoquent cette période un peu floue. Les dessins à l'aquarelle répondent avec poésie à la sensibilité de l'héroïne.

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