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par Elsa - le 8/07/2015
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par Elsa - le 8/07/2015

Petit canard blanc, la critique

Le label Urban China enrichit petit à petit son catalogue de titres différents mais choisis avec soin pour nous faire découvrir la culture chinoise, et le manhua.

"Je crois que ma vie en Chine était des plus ordinaires..."

Liu Na était une petite fille à la mort de Mao, dans les années 70. À travers son regard naïf, les bouleversements que connurent la Chine pendant cette période se jouaient dans les petits détails.

Ce sont eux qu'elle nous raconte à travers huit histoires courtes, bribes de souvenirs, à la fois anecdotiques et représentatifs d'une époque. Du jour même de la mort du dictateur aux rats qu'on lui demandait de tuer à l'école, des fêtes de famille aux légendes populaires.

Les histoires qui font l'Histoire.

Liu Na est partie vivre aux Etats-Unis à l'âge adulte, où elle a épousé Andrés Vera Martínez, illustrateur et auteur de bande dessinée. C'est lui qui met en images les mots de la scénariste, mêlant des influences graphiques chinoises, inspirées autant du manhua que des estampes, et d'autres plus américaines, tirées du comics. Le résultat est frais, intéressant, et permet aussi de sortir de cette impression d'histoire vraiment personnelle pour lui apporter une touche plus universelle, qui nous dresse le portrait de la Chine à une période charnière.

Le trait est très expressif, et évoque bien une époque où la vie était dure, même à travers le regard enjoué d'une enfant. La mise en scène est pleine d'inventivité, avec des cases incrustées dans de plus grandes illustrations, des inserts qui s'inspirent d'illustrations décoratives, ou de propagandes. La colorisation accentue l'atmosphère à la fois rustique, terreuse, et richement colorée.

Les récits ne nous apprennent que peu de choses de la grande Histoire, tant elle est floue aux yeux de la petite fille (qui pense avoir véritablement perdu un de ses grands-pères quand tout le monde pleure Mao), mais elles nous retranscrivent avec sincérité les petits détails qui ont profondément marqué et fait grandir Liu Na. Il y a notamment sa confrontation avec ses cousins, qui vivaient bien plus pauvrement qu'elle, qui lui ont fait réaliser qu'il existait des choses très difficiles au-delà de son cocon presque insouciant.

L'ensemble reste assez court, et donc forcément anecdotique, mais c'est un joli témoignage, parfois drôle parfois très touchant, sur ce qu'était être enfant pendant un entre-deux historique, où tout est un peu flou même si la situation évolue à toute vitesse.

Petit Canard Blanc, à la croisée du manhua et du comics, est un récit intime, une plongée dans de petits souvenirs chers au coeur de Liu Na parce qu'ils symbolisent ce qu'a été son enfance en Chine. Un titre riche en émotion, qui raconte beaucoup de choses entre ses lignes.

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